Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
A la fin des années 20, Orwell tombe brusquement dans la misère. À Paris puis à Londres, il découvre le quotidien des petits ouvriers et des laissés-pour-compte, tenaillés par la faim et rongés par l'alcool. Sans voyeurisme ni complaisance, il dresse un portrait vivant de ces habitués du mont-de-piété où l'espoir et l'infortune se livrent un duel épique.
Un documentaire picaresque, d'une précision photographique, sur une Europe qui vivait encore à l'heure de Dickens, à des années-lumière de l'État-providence et de nos lois sociales. On en mesure tout le prix, à la lecture de cet admirable reportage.
Jean-Baptiste Michel, L'Express traduit de l'anglais par Michel Pétris
Pour reprendre quelques adjectifs dans les précédents avis, c'est intéressant d'un point de vue historique et sociologique, caustique et amer dans le discours. C'était il y a 100 ans, au moment où naissait mon père. Le monde a beaucoup changé depuis, la misère a reculé dans nos 2 pays mais elle est toujours présente et prompte à regagner du terrain comme nous pouvons le constater ces derniers mois. La nature humaine, elle, ne change pas fondamentalement et Orwell a une sorte de délicatesse dans les portraits qu'il brosse de toutes ces personnes croisées ou côtoyées. C'est à la fois désespérant et rassurant.
Un livre que je m'étais promis de lire depuis longtemps, à la lumière de 1984 et surtout de la La ferme des animaux ; on ne peut s'empêcher d'y chercher des clés, des graines en devenir dans ces "aventures".
Dans les années 30, George Orwell, encore inconnu, séjourne à Paris dans un quartier défavorisé qu’il nomme « le Coq d’or ». Dans un hôtel miteux, il loue une petite chambre remplie de cafards pour la modique somme de 35 francs. Il survit en donnant quelques cours d’anglais. Un jour, il se fait voler son modeste pécule et se retrouve ainsi à essayer de survivre avec juste 6 francs par jour. Il réduit drastiquement son train de vie, ne donne plus son linge à laver, ne va plus au restaurant et doit se contenter d’un peu de pain, de vin et de margarine. Il commence à s’ennuyer ferme. Puis l’été arrivant, il perd ses élèves et ainsi ses tout derniers revenus. Il ne lui reste plus qu’à proposer toute sa garde-robe au Mont-de-Piété. Il s’attend à recevoir au moins 300 francs, on ne lui en donne que 70. Il finit par trouver une place de plongeur dans les cuisines crasseuses d’un hôtel. Il doit y trimer dans la chaleur et la saleté six jours sur sept et jusqu’à 17 heures par jour. Le samedi, il ne lui reste plus qu’à aller se saouler jusqu’à deux heures du matin… Quand il rentre à Londres, sa situation empire encore. Il devient carrément clochard…
« Dans la dèche à Paris et à Londres » est un témoignage émouvant sur un épisode peu connu de la vie du célèbre auteur de « 1984 », doublé d’une étude comparative de la pauvreté dans les deux capitales. La vie y est aussi terrible pour les SDF de chaque côté du Channel avec des difficultés supplémentaires du côté britannique. Si un clochard peut dormir sur des cartons au-dessus d’une bouche de métro ou ailleurs à Paris, c’est impossible à Londres où la police veille à ce que personne ne dorme dehors, même assis sur un banc. La mendicité y est aussi interdite et passible d’emprisonnement. On ne peut rester qu’une seule nuit dans des asiles crasseux, bondés et mal chauffés. Seule compensation, le thé et les deux tartines de pain des instituts religieux genre Armée du Salut en échange d’une assistance aux offices. Un des chapitres va même plus loin dans l’étude sociologique des « tramps » (vagabonds, traine-savates) anglais dans laquelle Orwell cherche à tordre le cou à toutes sortes d’idées reçues. Non, on ne devient pas clochard par esprit nomade ou par alcoolisme. Non, les SDF anglais ne peuvent pas être des ivrognes, car ils n’ont même pas les moyens de se payer la moindre pinte de bière. Et s’ils trainent lamentablement dans les villes et sur les routes, c’est qu’ils y sont obligés par la règle idiote d’une seule nuit en asile. Orwell propose des solutions très proches de celles des « Compagnons d’Emmaüs » du célèbre Abbé Pierre pour réhabiliter par le travail ces hommes privés de tout. Intéressant et toujours d’actualité à presque un siècle de distance.
Journal de voyage au sein d’une misère indécrottable qui reste d’actualité.
Malgré ses pointes de causticité, le texte est amer.
« Voilà le monde qui vous attend si vous vous trouvez un jour sans le sou. »
Au début des années 30, George Orwell se retrouve financièrement démuni et c’est ainsi qu’il va observer et analyser la misère des bas-fonds parisiens alors qu’il venait trouver du travail dans la capitale française parmi une foule de migrants de toutes nationalités.
Il témoigne du mal logement, des vendeurs de sommeil, des chambres puantes sans commodités infestées de punaises souvent partagées par plusieurs locataires. Tous ces gens affamés acceptent des basses besognes sans horaires et sous payées offertes par des profiteurs qui s’engraissent sur la pauvreté.
Ainsi l’auteur va trouver un job de plongeur et raconter l’exploitation humaine dans les cases les plus basses de la hiérarchie hôtelière où il pataugera dans une saleté innommable avec les rats et les cafards en quantité infestant frigos et placards pleins de nourriture avariée. Le tableau qu’il dresse de ce grand hôtel restaurant est édifiant.
Au-delà de brosser le portrait des personnages rencontrés dans le sous-sol social, la plume filme l’état d’esprit d’une société française xénophobe, ouvertement antisémite et agressive à l’endroit des miséreux.
Orwell réhabilite chaque personne rencontrée en racontant leur parcours de vie et ce qui les a conduits à être ce qu’ils sont devenus et qui souvent faute de perspectives heureuses sombrent dans l’alcool.
Sans espoir de jouir d’une vie convenable, harassé par 20 heures de travail par jour qui lui ôte la force de penser juste pour gagner de quoi se payer une miche de pain et un lit crasseux, ne supportant plus l’insulte, le mépris et l’asservissement, Orwell quittera Paris pour se rendre à Londres où il se fondra pendant une bonne quinzaine de jours dans le monde des chemineaux, c’est-à-dire les SDF.
Dormir dehors et la mendicité sont interdits en Angleterre sous peine d’emprisonnement. Les centres d’hébergement obligatoires sont tenus par le dictat d’associations imposant de sévères disciplines souvent religieuses dont parmi elles, la célèbre Armée du Salut.
A l’encre noire, les personnages rencontrés sont brossés comme de pauvres hères tombés dans la précarité sans pouvoir s’en relever. La perte de revenus mène à la réduction de toutes dépenses autres qu’incompressibles mais malgré le coiffeur, le cordonnier ou le teinturier rayés de la liste, se nourrir et dormir a un coût et fait fondre tout pécule comme neige au soleil.
Orwell détaille chaque heure, chaque rencontre, chaque conversation avec un argot dédié au monde des laissés pour compte qui peuplent la rue, chaque torture pour trouver un sou que ce soit en laissant son manteau au clou au Mont de Piété (‘Chez ma tante’ existe toujours et de nos jours, ne désemplit pas…), soit par un petit boulot d’artiste de rue, de petites escroqueries, de mendicité ou de tire-laine.
La faim empêche de penser à tout autre chose que de remplir un estomac vide pour juste une survie et une fois cette douleur soulagée revient l’espoir d’une existence meilleure souvent en vain.
La sexualité se réduit à néant car les femmes se refusent à ces hommes errants, sales et sans le sou et les abus des forts sur les faibles sont monnaie courante dans les foyers d’hébergement.
En fin de livre, Orwell propose des solutions pour aider, soulager cette misère voire redonner une dignité à ces gens abandonnés.
« Jamais plus je ne considérerai les chemineaux comme des vauriens et des poivrots, jamais plus je ne m’attendrai à ce qu’un mendiant me témoigne sa gratitude lorsque je lui aurai glissé une pièce, jamais plus je ne m’étonnerai que les chômeurs manquent d’énergie. Jamais plus je ne verserai la moindre obole à l’Armée du Salut, ni ne mettrai mes habits en gage, ni ne refuserai un prospectus qu’on me tend, ni ne m’attablerai en salivant par avance dans un grand restaurant. Ceci pour commencer. »
Pour continuer, l’ami de Londres a tenu promesse et lui a trouvé du travail ce qui permettra à Georges Orwell de retrouver la force d’écrire.
Cette expérience personnelle nourrira forcément le reste de son œuvre dont ‘1984’ ou ‘La ferme des animaux’ qui sont des chefs d’œuvre indémodables tout comme ce livre qui reste malheureusement en grande partie d’actualité.
Un livre très intéressant, surtout au niveau historique, mais ceci est avant tout un témoignage de l'auteur dans sa période de vache maigre. On le suit dans la première partie, à chercher du travail dans les restaurants qui exploitent leurs employés en ce qu'on pourrait appeler une nouvelle forme d'esclavage. Puis, à Londres parmi les trimardeurs, à vivoter entre différents asiles pour vagabonds suivit de quelques réflexions sur le sujet dans le but d'améliorer les choses. ça nous change de tous ses écrivains issus de la bourgeoisie qui ne connaissant rien à la pauvreté et qui se permettent de mépriser cette classe sociale et qui se disent de gauche, c'est un livre qui inspire le respect parce que chargé d'humilité en ce qui concerne George Orwell.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...