Femme de tête, révoltée permanente, Danielle Mitterrand a rapidement rompu avec la tradition de réserve des premières dames de France. N'a-t-elle pas eu un aïeul mort aux galères parce qu'il était protestant et qu'il ne voulait pas abjurer sa foi ? De même, Olympe de Gouze, sa cousine, est morte sur l'échafaud en disant : « Si les femmes peuvent monter les marches de l'échafaud, elles peuvent monter les marches de l'Assemblée. » On ne fait pas des chiens avec des chats ! Danielle Mitterrand, qui a désormais plus de quatre-vingts ans, continue d'être une rebelle, à la tête de l'association France-Libertés, ONG engagée sur tous les combats humanitaires de la planète : soutien aux Indiens du Chiapas, combats pour la cause kurde, campagne pour l'accès à l'eau de tous les citoyens du monde. C'est ce qui mène sa vie : aller vers ceux qui n'ont pas le droit à la parole, qui n'ont le droit à rien. Née de parents instituteurs radical-socialiste - son père était aussi franc-maçon -, elle a été élevée comme tous les enfants à cette époque dans le culte de la Patrie et de l'héroïsme. Très jeune, à l'école, obligée d'aller dans les établissements religieux, elle y a connu la petitesse, la cruauté et l'injustice. À quinze ans, elle rejoint dans le maquis la Résistance, où elle s'occupe à sauver les blessés, tandis que son père est révoqué de l'Éducation nationale parce qu'il a refusé de livrer les noms des élèves juifs de son collège. Chez eux, elle rencontre une héroïne de la Résistance qui s'est pendue plus tard de peur de parler, Bertie Albrecht. Elle rencontre aussi un très beau jeune homme brun, un rien danseur argentin. Il l'aime d'emblée. Elle se laissera séduire. Ils se marient, entre-temps il a repris son vrai nom : François Mitterrand. Ils seront mariés à vie quelles que soient les tempêtes essuyées. Danielle Mitterrand a toujours continué à faire sa Résistance à elle et à soutenir les oubliés, les laissés-pour-compte, les rejetés. Elle a bien compliqué la vie de ces messieurs de la diplomatie. Ce n'est pas grave ! D'autant que, elle l'a dit récemment, « il arrivait que le Président ne soit pas d'accord avec moi, mais François, le plus souvent, l'était ». Vivante et sensible, la biographie sans tabou d'une grande dame de l'histoire, marquée par la causticité et l'iconoclasme de Françoise Xenakis, romancière et journaliste.
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