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Sept lettres, pas une de plus, échangées par la philosophe Simone Weil et le poète Joë Bousquet entre avril et mai 1942. Elles font suite à une rencontre que l'urgence du départ attendu par Simone Weil vouait à rester sans lendemain. À la veille de cette rencontre provoquée par Jean Ballard, directeur des Cahiers du Sud, ils ne se connaissaient pas personnellement, si ce n'est par quelques-uns de leurs écrits respectifs. Chacun attendant beaucoup de l'autre, leur « conversation nocturne » fut dense et riche. Ils firent l'un sur l'autre une impression profonde.
Intellectuellement, beaucoup les opposait : l'une avait fait le choix, remontant à Platon, du réel contre le rêve ; pour l'autre, au contraire, la quête du réel passait par le rêve. Ce fut pourtant le poète qui amena la philosophe à l'aveu des états mystiques qu'elle connaissait. Délivrée en quelque sorte de son secret, Simone Weil put alors laisser libre cours au flot tumultueux et magnifique de ses grands textes mystiques qui, tous, précédèrent son départ pour les États-Unis. Ainsi, sans cette rencontre et les lettres qui suivirent, notre connaissance de Simone Weil et de son oeuvre demeurerait incomplète.
L'intensité de l'amitié qui se noua entre ces deux êtres laissa pourtant intacte la singularité de chacun. C'est ce que sut résumer Joë Bousquet en une phrase lapidaire: « Ses pensées étaient les miennes mais elle se reposait dans les pensées qui m'ôtaient le repos. » Simone Weil (1909-1943) Brillante élève d'Alain, elle intègre l'ENS en 1928, partage bientôt les luttes syndicales et travaille une année en usine. Le domaine religieux exerce sur elle une emprise de plus en plus puissante ; elle se découvre mystique en 1938. Simone Weil mourut en exil à Londres à 34 ans laissant une oeuvre philosophique majeure.
Joë Bousquet (1897-1950) Engagé volontaire à 17 ans, médaillé militaire et sous-lieutenant à 18, touché à la colonne vertébrale à 21, désormais paralysé à vie des membres inférieurs, J. Bousquet ne vécut pas en reclus. Écrivant sans relâche, avec ses amis carcassonnais Estève, Nelli et Alquié, il créa en 1928 la revue Chantiers, fusionnée en 1930 avec les Cahiers du Sud. J. Paulhan, J. Cassou, P. Éluard, et de nombreux peintres furent ses amis et correspondants.
Édition établie, préfacée et annotée par Florence de Lussy, conservatrice générale honoraire à la BnF, et Michel Narcy, directeur de recherche émérite au CNRS.
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