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Un jour, un ancien petit ami passe la porte de la boutique de Susanna, c'est Nicholas Slopen. Vingt ans ont passé, elle a du mal à le reconnaître. Lorsqu'il quitte les lieux, Susanna, curieuse, tape son nom dans Google. Surprise: Nicholas Slopen est mort l'année passée, laissant derrière lui une femme et deux enfants.
Il revient. Et il fait alors à Susanna le récit d'une extraordinaire aventure, celle qui lui permet de continuer à exister dans un autre corps.
Nicholas est un chercheur, il a été engagé quelques années auparavant pour authentifier des lettres de Samuel Johnson pour le compte d'un collectionneur. Nicholas, consciencieux, a creusé, jusqu'à trouver un faussaire, un savant russe, incroyable imitateur. Fasciné par le fraudeur autant que par le sujet, Nicholas s'est embourbé trop loin dans les enjeux de l'affaire, des recherches scientifiques menées en secret sur les clés de l'identité et la possibilité de dupliquer les êtres humains à travers l'écrit.
Architecture du doute et des fausses pistes, le roman de Marcel Theroux n'oublie jamais son héros, les émotions pertubatrices, profondes et puissantes qu'il éprouve, et le mystère de son existence ne l'empêche pas de nous emporter avec lui dans un tourbillon littéraire et dramatique, où les livres permettent de communiquer avec les morts, et peut-être de les rendre éternels ?
Des expériences dans l’Union Soviétique des années 50 peuvent-elles perdurer à notre époque ? « Mais, tout au long de sa vie, Fedorov ne se départit jamais du noyau de sa doctrine – le besoin pour l’humanité d’imaginer une méthode de résurrection universelle. C’est une obsession à laquelle il revient encore et encore dans ses essais, s’y référant partout avec la même formule russe : Obshchee delo – l’Œuvre commune. » (p. 200). Comment expliquer l’impensable, comment faire comprendre ça à ceux du XXIe siècle ? « Il leur fallait une preuve irréfutable : une preuve que l’Œuvre commune était une affaire florissante, une preuve que la procédure de Malevine était viable, une preuve de la conspiration criminelle qui l’entourait, une preuve que Hunter Gould et Sinan Malevine faisaient partie de son organisation et de ses bénéficiaires. » (p. 255).
Lorsqu’on commence Corps variables, on ne sait pas que c’est un roman de science-fiction : il commence comme un roman « normal » et avec le mystère de la mort/vie de Nicholas Slopen, le lecteur apprend peu à peu le fin mot de l’histoire. Le docteur est-il vraiment mort ? Fou ? Dit-il la vérité ? Le récit, très littéraire, est feutré, riche, brillant, presque poétique. Il y a de nombreuses références littéraires, scientifiques et historiques. Un roman qui donne à réfléchir à la notion de corps et d’âme et à ce qui fait un humain. J’avais adoré Au nord du monde et il faudra que je me procure Jeu de pistes car Marcel Theroux est un auteur que je vais suivre.
https://pativore.wordpress.com/2015/06/15/corps-variables-de-marcel-theroux/
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