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Le musée Condé conserve un fonds graphique unique au monde, 366 portraits dessinés par les deux plus grands portraitistes de la Renaissance française, Jean et François Clouet. Parmi eux figurent de délicates feuilles consacrées à des modèles féminins, célèbres dames de la Renaissance (comme Renée de France, Éléonore de Habsbourg ou Diane de Poitiers) ou belles inconnues.
Les portraits aux deux ou trois crayons de Jean (le père) et François (le fils) Clouet ont immortalisé la fastueuse cour des Valois. Travaillant dans la tradition flamande, ces artistes ont également été, dans une moindre mesure, sensibles au portrait italien connu par l'intermédiaire de Léonard de Vinci. Si leurs portraits sont réservés, à l'origine, à la famille royale, et notamment aux filles du roi, leur usage s'étendit progressivement aux courtisans, aux dames ou demoiselles d'honneur de la reine et aux femmes qui l'entouraient.
Éléments indispensables d'une civilisation de cour, les nobles dames prétendaient en effet à une représentation officielle, au même titre que leurs époux. Il s'agissait de fixer leur noblesse et d'inscrire, par leur introduction dans le cénacle des personnages portraiturés, leur appartenance à une société curiale qui fixait alors ses règles. Les portraits dessinés des Clouet participèrent de l'affirmation du statut et du rang des femmes, au sein d'un univers où leur place grandissait.
La collection de portraits dessinés du musée Condé provient en grande partie d'un fonds constitué par une grande dame de la Renaissance, Catherine de Médicis. La reine, férue des crayons des Clouet, a en effet créé l'une des premières collections d'arts graphiques connues. Entourée d'une cour féminine brillante, elle aimait paraître en compagnie de ses dames qui faisaient sa fierté. Souveraine dans le domaine de la représentation féminine, elle récompensait la fidélité de celles-ci en commandant leur portrait, véritable marque d'amitié. Ces dessins, dus à François Clouet, ne reflétaient plus uniquement la beauté ou la piété de leur modèle, mais aussi leur rang, leur esprit, grâce à des visages plus individualisés et des regards plus aiguisés. Les somptueuses mises des comparses de la reine, reproduites dans tous leurs détails, prirent une ampleur inégalée jusqu'ici.
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