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Dans la région du Minas Gerais, l'opulent patriarche Oswaldo Wallace dirige ses mines avec autorité. Ses deux fils, Severino et Ramires, n'ont qu'un an d'écart, mais tout les oppose : le premier, engagé à gauche, deviendra journaliste puis écrivain, tandis que le second soutient les militaires qui vont exercer un pouvoir autoritaire pendant les « années de plomb » - « chumbo », en portugais. S'inspirant de son histoire familiale, Matthias Lehmann réalise avec ce roman graphique une grande saga, où personnages et destins se croisent et se recroisent. À travers ses pages aux compositions inventives, qui empruntent à la caricature comme à la publicité ou au graphisme brésilien, l'auteur mêle aux histoires intimes la grande Histoire d'un pays fascinant.
S'inspirant librement de sa propre famille, l'auteur nous offre à découvrir l'histoire moderne du Brésil, sur près de 70 ans.
"Chumbo" ne se lit pas d'une traite et demande de la réflexion. Pour autant, il est une lecture fluide et extrêmement riche, là où l'on pourrait se perdre dans la myriade de personnages, le dessin est à ce point maîtrisé que jamais nous ne sommes perdu•es. Les personnages vieillissent au fil des chapitres en gardant leurs traits distinctifs.
Matthias Lehmann réussit le pari dantesque de nous dépeindre les grands (et nombreux) bouleversements historiques du Brésil, du siècle dernier, sans être une BD documentaire et en nous gardant en haleine. Au travers des portraits des 5 frères et soeurs et parents de la famille Wallace, un grand panel de la société est représenté, les choix et les répercussions de chacun•e auront une incidence sur la suite. Si le récit fait la place belle à l'aîné des frères : Severino, les personnages secondaires sont tout aussi importants.
Chacun embrassant des métiers et des bords politiques différents, Severino s'intéressant aux idées de gauche et à la révolution sera arrêté et torturé, là où son frère se réjouira des opportunités qu'offrent le régime totalitaire.
Les femmes qui jalonnent ce récit jouent, aussi, des rôles primordiaux et ne sont pas en reste pour participer à l'écriture de l'Histoire.
J'ai trouvé cet ouvrage extrêmement maîtrisé et bien que le propos soit très dense, il en demeure très clair, on ne perd jamais le fil et on s'enfonce avec effroi dans les horreurs des années "Chumbo". Le dessin en noir et blanc est d'un grand réalisme, il recréé avec force les différents paysages et ambiances des époques traversées. Un style hachuré ultra détaillé, précis, élégant qui s'inspire de la BD underground américaine.
"Chumbo" mérite amplement que l'on prenne le temps de s'y attarder pour (re)découvrir l'histoire du Brésil.
Le trait de Lehmann est beau et évocateur. Son scénario est rythmé et truffé d'humour et de personnages bien définis. La mise en scène est enlevée. Un seul regret, que l'auteur ait choisi ce sujet. La saga familiale sur fond de chronique historique du Brésil, j'ai trouvé ça souvent austère. J'ai eu du mal à m'attacher aux personnages et à ce qu'ils allaient tous devenir...
Belo Horizonte, 1937, la famille Wallace est en route. Oswaldo Wallace, Maria Augusta, sa femme, ses fils Severino et Ramires et la petite dernière Adelia se rendent dans les montagnes. Wallace y est propriétaire de mines et la révolte gronde, les salaires n'ont pas été payés depuis 3 mois.
Ainsi commence l'énorme fresque racontée par Matthias Lehmann. Une fresque familiale, l'auteur s'étant largement inspiré de sa famille brésilienne pour bâtir une autofiction. Mais aussi une fresque politique tant elle traverse l'histoire du Brésil, contant les renversements militaires, la peur communiste, les espoirs et les déchirements, pendant près de 70 ans.
Cette saga se déguste lentement, il faut se l'approprier. Dans un graphisme en noir et blanc, fin, vivant, fourmillant, hachuré, accompagné de dessins inspirés de la presse et de la publicité de l'époque, le lecteur tente d'apprivoiser l'évolution de personnages torturés dans un pays brûlant.
Dans "Chumbo", Matthias Lehmann parvient sur 368 pages à lier la grande histoire du Brésil avec celles, intimes, de personnages (les 2 frères surtout !) que l'on prend plaisir à suivre. Un tour de force intense et déstabilisant !
Années 1930, Belo Horizonte, Oswaldo Wallace est un riche propriétaire. Rude avec ses employés, avec ses enfants Severino et Ramires et avec son épouse. Imbu, graveleux, il n'est apprécié que grâce à son argent. Il lutte violemment contre les grévistes dans son entreprise, ceux qui demandent juste depuis trois mois à être payés. C'est le cas de Luis Rebendoleng qui peine à faire survivre sa famille.
A travers ces deux familles au passé et à l'avenir très différents, Matthias Lehmann fait vivre soixante-dix ans du Brésil. Régime autoritaire jusqu'en 45, puis démocratie avant un coup d'état et l'instauration d'une dictature entre 1964 et 1985 et enfin retour de la démocratie (le roman graphique s'arrête en 2003.
Severino et Ramires, les fils d'Oswaldo, sont très différents, le premier réservé qui deviendra journaliste puis écrivain et le second extraverti, qui prendra fait et cause pour le pouvoir dictatorial, joueur, violent, dragueur très lourd, il ressemble à son père. Les deux frères sont les principaux personnages de cette histoire qui croiseront les enfants Rebendoleng et notamment Iara qui impressionne Severino et émoustille Ramires.
Roman graphique choral assez conséquent qu'il vaut mieux ne pas trop lâcher pour ne pas se perdre dans les personnages assez nombreux. J'avoue avoir été séduit par le dessin en noir et blanc, assez libre dans son découpage : petites ou grandes cases, voire pas de cases du tout, des reproductions de journaux, des doubles-pages, des pages muettes (dont celle que je mettrai ci-dessous qui, en quelques coups de crayon montre comment une ville change).
Pas mal d'ellipses -d'où parfois cette peine pendant une ou deux pages à retrouver le fil- qui permettent de balayer l'histoire du pays. Le livre de Matthias Lehmann est très instructif, pour qui, comme moi, ne maîtrise pas du tout l'histoire du Brésil et qui suis allé vérifier ou compléter certaines informations. J'ai une petite tendresse pour Severino le garçon sensible et réservé et pour Iara, la femme qui ne s'en laisse pas compter, ce qui, à l'époque était très compliqué pour une femme souvent reléguée aux tâches domestiques et à élever les enfants. Ils illuminent et humanisent le récit. Un ouvrage qui a dû nécessiter un travail incroyable. Très bien documentée, c'est une fiction qui permet de découvrir un pays "complexe et fascinant" (4ème de couverture), de mieux comprendre la société brésilienne.
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