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Corto Maltese est un des grands personnages du XXème siècle et représente l'art de la bande dessinée définie par son créateur, Hugo Pratt. L'auteur italien voyait cela comme de la littérature dessinée, un moyen de raconter en mots et en images, en paroles et en silence le monde. Corto Maltese, aventurier et pirate, solitaire sentimental, est habité par un état d'esprit du XIXème siècle. Il est courageux, spirituel, loin des considérations matérialistes et porte en lui un spleen, une mélancolie qui l'anime à traverser le monde. Ce monde qu'il parcourt est marqué par la guerre, le conflit, le désir. Corto cherche lui une forme d'apaisement tout en voulant vibrer. Dans cette nouvelle aventure, un duo, MArtin Quenehen et Bastien Vivès, s'emparent du héros. Le poids sentimental porté par Corto surgit avec force. C'est l'axe principal de cette histoire. Corto est embarqué dans des aventures mais surtout dans les bras de Semira. Dans un noir et blanc léger dont les nuances siéent très bien à la mélancolie du personnage, les auteurs regardent cet homme être profondément troublé, touché, attendri par cette femme, cette combattante, cette reine, cet espoir. Le mot amoureux ne peut pas vraiment exister car il plomberait Corto. Les mots du réel ne peuvent le contenir. Cette force du personnage est là, bien présente et le héros se confronte aux réalités violentes des armées, de tous ces hommes qui veulent dominer, soumettre. Dans un récit bousculé, la tragédie est présente. Le duo d'auteurs parvient à s'approcher de cet être, pas tout à fait adulte, pas du tout adolescent. Corto Maltese est autre chose, il veut voir plus loin, survit au temps présent comme il a survécu à son créateur. Dans une fin ésotérique très émouvante, les auteurs rendent hommage à la particularité de Corto, il est éternel et en quête perpétuel d’un endroit où il pourrait fermer les yeux en toute quiétude.
2002, Corto Maltese est à Venise avec Semira. Une guerre se prépare en Irak et les trafiquants se sont donnés rendez-vous dans la ville. Corto, avec Semira et ses amis bosniaques vont jouer les pirates et s'emparer d'une très grosse somme d'argent.
Mais tout ne se passera pas comme prévu et Corto va devoir improviser, fuit et partir à la recherche d'hommes qui l'on trahi.
C'est la troisième aventure de Corto Maltese scénarisée par Martin Guenehen et dessinée par Bastien Vivès, la première que je lis. N'étant ni fan absolu ni même féru de Corto Maltese, je ne crierai pas au scandale quant à sa transposition quasiment un siècle après l'époque dans laquelle le faisait évoluer son créateur Hugo Pratt. C'est pour moi un album qui permet de mettre en scène un Corto contemporain, un homme encore jeune qui vit dans son époque, une manière assez habile de continuer à faire vivre un héros emblématique de la BD. Un hommage à son créateur et une adaptation plaisante. Le format, celui d'un roman graphique, est bien choisi, et sur un scénario tortueux et sinueux à souhait -comme l'étaient ceux d'Hugo Pratt dans lesquels, parfois, je me perdais-, Bastien Vivès dessine un Corto jeune, parfois juste esquissé notamment dans les jeux d'ombres des scènes de nuit. Des pages de cases muettes, peu de dialogue, Corto est avare de mots, sauf d'adages parfois à doubles sens. Dans cette aventure Corto est amoureux de Semira et l'amour, le trafic, l'argent et la piraterie ne font pas bon ménage.
J'ai pris plaisir à suivre cette aventure, certes assez éloignée de celles de Hugo Pratt ou de Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero qui ont pris sa suite dans une logique davantage calquée sur l'original. C'est aussi une manière d'élargir le public susceptible de connaître Corto Maltese, plus moderne. Et ce n'est pas une mauvaise idée, ceux qui découvriront Corto Maltese avec les albums de Guenehen et Vivès auront peut-être envie de puiser aux sources.
Chronique précédemment parue sur le blog www.sambabd.net
Quand même ! Quel talent ce Bastien Vivès ! Je sais qu’il ne fait pas toujours l’unanimité chez tous les bédéphiles, et je peux même comprendre pourquoi, mais tout de même, quel talent ! Je ne sais pas vous, mais moi, dès qu’une de ses BDs me tombe entre les mains, je la dévore. La facilité qu’il semble avoir à dessiner me scotche à chaque fois. Et il en fait une nouvelle fois la preuve avec Dernier weekend de janvier.
Accessoirement, cette BD en particulier est un peu un bonbon pour les amateurs de BD que nous sommes. En effet, l’action se déroule durant un festival de BD. Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit du plus grand : Le Festival International de BD d’Angoulême. Résultat, tous ceux d’entre nous qui ont eu la joie de se retrouver un jour à faire la queue pour une dédicace dans un festival de BD, quel qu’il soit, se retrouvent clairement en terrain familier. Et puis c’est vraiment sympa d’avoir une sorte d’accès privilégié à ce qui se passe en arrière plan de ces grands festivals : la logistique, les RDV importants avec éditeurs et autres galeristes, les repas entre auteurs, les fêtes, et même l’espèce que blague récurente sur la non présence de « son » scénariste pour cause de lumbago… Bref, il y a un petit côté « cocon » vraiment très sympa.
Et puis le scénario en lui même est une fois de plus très « Vivesque » puisqu’il s’agit d’une rencontre que rien ne prédestinait vraiment et qui pourtant apparaît de plus en plus évidente au fil des pages. Et ça, Bastien Vivès est capable de nous le transmettre mieux que quiconque à travers ses innombrables cases muettes. Enfin, muettes de phylactères, oui, mais certainement pas d’expressions, bien au contraire. Les regards, les attitudes, la gestuelle, les cadrages… Tout concourt à exprimer ce que veut faire passer l’auteur… Et ce, comme je le disais plus haut, avec ce qui semble être une extrême facilité.
Bref, vous l’aurez conmpris, j’ai beaucoup aimé cette BD et je vous la recommande grave !
Pas si évident de se faire un avis.
J'ai aimé l'histoire, l'approche, la narration, cette rencontre. Sans forcément beaucoup d'échanges, mais suffisamment pour qu'un lien se crée entre les deux personnages.
Mais .. Bien entendu il y a un gout d'inachevé au-delà de celui du chlore. C'est voulu, forcément.
Plus qu'une fin ouverte, c'est un moment de vie et parfois il n'a pas d'explication … on n'a que le moment qui a été vécu et c'est tout.
Vous avez compris ce qui se dit sous l'eau ? Moi non pas du tout. Et ça, c'est quand même très frustrant non ? Ça joue avec nos nerfs :)
Ai-je aimé ? J'ai apprécié en tous cas, il y a de l'idée .. Même si bien sûr, j'aurai aimé avoir une vraie fin, une explication ..
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