« Pour remplir les estomacs, ils sont prêts à tout. J'ai un locataire, monsieur Ponroy, cheminot de son état, qui falsifie grossièrement ses cartes d'alimentation afin d'obtenir la meilleure part pour sa fille, Rosine. Mademoiselle Michon, que j'héberge aussi, a des doigts de fée. Elle confectionne des habits neufs avec de vieux vêtements rapiécés et exige toujours d'être payée en nourriture avant la fin du rafistolage. Je soupçonne son voisin de palier, Laurent Jeanneton, un jeune ouvrier qui a toujours faim, de manger les chats du quartier car ils ont tous disparu ! Madame Dorin a son mari prisonnier en Allemagne et un grand fils à nourrir. Je l'ai surprise à fouiller les poubelles ! » Dans un style vivant et coloré, Jean-Pierre Muller traduit ce quotidien de privations et de débrouille sur fond de dénonciations. Au coeur de l'Indre occupée, le lecteur aura vraiment l'impression de partager cette histoire douloureuse et sensible qui, grâce à un peuple courageux et obstiné, prendra une autre voie, celle de la liberté retrouvée.
Cette chronique rend hommage notamment à Georges Pirot, responsable du secteur FTP qui exploitait une ferme aux Jodons sur la commune de Jeu-les-Bois, et à Gaston Langlois, responsable de secteur de l'AS, un enfant de La Châtre, épicier au P'tit Mur. S'ils ont été des éveilleurs de consciences exemplaires, ils n'ont pas été les seuls. C'est pourquoi le récit de Jean-Pierre Muller évoque l'ensemble d'une population résistante et volontairement déterminée à se libérer du joug nazi.
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