L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
Ce n'est pas un livre d'Histoire, c'est une chronique. La couleur du temps y est plus importante que la marche de l'Histoire.
Les années 50, nous dit l'auteur, n'ont pas bonne presse et sont un peu les sacrifiées de l'histoire du XXe siècle. La France est en effet sortie comme hébétée de la tragédie qu'elle a vécue. On lui a dit qu'elle était victorieuse, elle ne le croit qu'à moitié. En revanche, elle constate que les temps sont durs, les restrictions toujours là, et la reconstruction lente.
En politique, l'européen Jean Monnet, le sage Pinay, le clairvoyant Mendès-France, n'empêchent pas la IVe République de manquer de tonus et de décevoir les uns et les autres. L'inéluctable décolonisation, avec le drame indochinois et la tragédie algérienne, est vécue comme une troisième et dernière défaite, après 1870 et 1940.
Paris n'est plus la " Ville lumière ". Cela n'empêche pas Philippe d'Hugues d'allumer, tout au long des pages de ce livre brillant, les petites lampes du souvenir. Les grands faits divers, les pièces de théâtre, les chansons qui retiennent la sensibilité nouvelle, les exploits sportifs, les débuts de la télévision, tout cela traverse le fleuve tranquille du temps. Mais c'est encore avec le cinéma, son domaine de prédilection, fidèle miroir d'une société qui se cherche et qui abonde en créations nouvelles, que l'auteur nous fait le mieux comprendre les particularités de cette époque qu'il tente de faire échapper à l'oubli.
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