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En novembre 1964 à Paris, la Confédération française des travailleurs chrétiens, au prix d'une scission douloureuse, abandonnait ses références confessionnelles pour donner le jour à la Confédération française démocratique du travail. La jeune CFDT se réclamait alors du « mouvement ouvrier », affirmait combattre « toutes les formes de capitalisme et de totalitarisme », tout en revendiquant encore l'héritage de l'« humanisme chrétien ». En juin 2014 à Marseille, cette dernière mention disparaît des statuts, tandis que l'anticapitalisme fait place à la revendication du « dialogue social », « moyen essentiel du développement économique et social ». Entre ces deux dates, la CFDT, qui s'est imposée comme un acteur majeur, parfois déroutant, du jeu social et politique en France, semble n'avoir jamais cessé d'interroger et de remanier son identité, du « socialisme autogestionnaire » au « réformisme assumé ».Revenant sur ce demi-siècle autour de quelques thèmes essentiels (le rapport au religieux, au politique, aux autres acteurs du mouvement social, au contrat et au conflit, l'autogestion, le libéralisme...) et de quelques moments-clés (la déconfessionnalisation, les « années 68 », la crise économique, le recentrage...), Frank Georgi pose en historien la question des ruptures et des continuités identitaires d'un syndicalisme confronté aux bouleversements du monde. À travers les métamorphoses d'une organisation syndicale singulière, c'est tout un pan de notre histoire récente que ces « regards » nous invitent à revisiter.
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