Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
Le destin du plus ancien bidonville de Casablanca alors que les autorités au pouvoir veulent déplacer, recaser disent-ils, ses habitants à des kilomètres du centre-ville. L'avenir d'un couple amoureux, celui d'un jeune architecte et de sa femme historienne alors que les enjeux politiques de cette affaire viennent les opposer profondément, détruire leurs convictions face à la pieuvre de l'urbanisme, la violence de la mondialisation, l'attrait du carriérisme. Et plus encore la représentation du masculin initiée par la famille dans les pays du sud.
May et Chérif un couple de retour à Casablanca, nous suivrons cette relation mais aussi le journal de grossesse de May, la transmission avec sa fille, de l'égalité homme-femme. Les traditions ancré par le patriarcat.
Nous allons aussi découvrir les enjeux socio-économique et politique de Casablanca, le projet d'évolution du bidonville, la précarité et la misère des invisibles qui y vivent.
Ce livre n'est pas qu'un texte romanesque c'est une vision sur le Maroc culturelle, économique, politique, historique et géographique. Pour ceux qui ne connaissent pas ce pays il n'est pas évident de se situer.
La ville de Casablanca constitut un personnage comme May, Chérif ....
Une lecture agréable qui est plus une analyse sociologique et féministe.
Un couple de marocains installés à Paris décide de retourner vivre au Pays pour la naissance de leur second enfant.
Casablanca Circus est la redécouverte originale et surprenante d’un Maroc quitté il y a longtemps.
J’ai beaucoup apprécié le regard de ces marocains d’origine sur le lieu de leur naissance et leur façon d’appréhender les changements que le pays a subis.
Issus de la classe aisée, s’ils ne vivent pas les problèmes de l’intérieur, ils les constatent autour d’eux, dans leurs familles et parmi leurs proches.
Le style de l’autrice est assez complexe et j’ai eu du mal à me concentrer sur le récit lui-même. Les phrases très longues peuvent faire une page entière et traiter à la fois de considérations politiques, de références historiques, de remarques biologiques et d’éléments religieux.
De plus, la double narration, avec une alternance de récit et de journal, casse le rythme de la lecture. J’aurais trouvé plus fluide un récit unique, sans ces réflexions à la première personne.
Mais sur le fond, il est particulièrement inquiétant de voir qu’en France comme au Maroc, les islamistes se sont engouffrés dans les préoccupations de la jeunesse et sont devenus des dangers pour eux comme pour l’avenir de leur pays.
Avec ce roman, Yasmina Chami soulève une réflexion engagée et réaliste et, plus que le récit lui-même, c’est ce constat qui m’a interpellée et m’a paru essentiel.
Casablanca Circus de Yasmine Chami, Actes Sud, 2023.
Roman lu grâce à une masse critique privilégiée de Babelio.
Un roman court mais très dense, que j’ai mis un certain temps à lire, faisant des pauses…
Un retour au pays natal : Chérif et May vivent heureux à Paris mais sont, tous deux, originaire de Casablanca. Ils avaient décidé que l’arrivée de leur second enfant dicterait la date de leur réinstallation dans leur ville d’origine…
La déliquescence d’un couple sur lequel vont rejaillir des opinions divergentes sur le devenir du plus ancien bidonville de Casablanca. Chérif est l’un des architectes de la cité où seront recasés les habitants, à la périphérie de la vie, loin de l’océan ; May est historienne et elle prépare un livre sur la mémoire des habitants du quartier concerné… Leurs visions sont diamétralement opposées.
Dans le titre, le mot latin désignant l’endroit où avaient lieu, dans la Rome antique, les courses de chars et les jeux, les combats de gladiateurs… Il s’agit bien ici d’une bataille sur fond d’urbanisme.
La narration est sur deux niveaux : le récit omniscient des évènements et le carnet tenu par May, sorte de journal de grossesse où elle se confie à sa fille à naître.
C’est bien écrit, structuré en parties significatives : « Revenir », « Casablanca mon amour », « Ce que nous avons perdu »…
Chérif et May se transforment et s’opposent, peu à peu mais inexorablement, au fur et à mesure qu’ils s’impliquent dans leurs tâches respectives. Le plan d’urbanisation devient une chose monstrueuse qui les engloutit et les sépare. Le retour au pays, d’abord désiré, se révèle la cristallisation des toutes leurs différences, d’origines sociales, de points de vue, d’aspirations… Le désir de réussite de Chérif achoppe sur les idéaux de May.
En filigrane, d’autres destins de femmes, autant de personnages secondaires ciselés, en marge de l’intrigue et pourtant très présents…
La biographie de l’autrice démontre sa connaissance des évolutions de la société marocaine liées à l'urbanisation et des enjeux qui en découlent.
Un roman complexe, qui m’a un peu perdue en route…
Vos avis m’intéressent !
Cherif et May sont casablancais mais se sont rencontrés à Paris. A la naissance de leur deuxième enfant, ils décident de revenir dans la ville de leur enfance. Entre temps ils sont devenus respectivement architecte et historienne. Ce qui les a rapprochés à Paris, leur statut d’étudiant étranger, des valeurs humanistes, va être mis à mal dans cette ville si particulière « Ta ville est une ogresse, elle avale ses enfants, des habitants de la colline à ceux du bidonville, elle impose ses lois […]. »
Ils sont tous les deux idéalistes, mais la différence de leurs origines va les rattraper. May est issue de la bourgeoisie quand Cherif vient d’un milieu plus modeste. Il veut mettre sa famille à l’abri, lui offrir la vie qu’il pense qu’elle doit avoir, quand May se contente de ce qu’ils ont.
C’est à l’occasion d’un projet d’architecture visant à reloger décemment les habitants d’un bidonville de Casablanca que les dissensions vont apparaître dans le couple.
Cherif, May et Casablanca : le trio est en place pour permettre à l’autrice de nous présenter cette ville sous divers aspects : sociologique, géographique, politique ou encore historique. Car si l’idée de reloger les habitants du karyane dans des logements décents est fondamentalement louable, c’est sans compter les intérêts privés des promoteurs et politiques, la méconnaissance du mode vie de ces habitants qui les éloignera de leur activité et les isolera encore un peu plus.
Tandis que Cherif se débat pour obtenir des aménagements permettant de relier ce nouvel ensemble immobilier au centre de Casablanca, May a décidé de recueillir les témoignages des habitants de ce bidonville. Autour d’un thé, dans une cabane faite de tôles et de cartons, elle nous offre des tranches de vie, où l’injustice, les inégalités, la pauvreté sont légions. Il s’agit pour elle de conserver un témoignage de ces vies cassées, broyées avant qu’elles ne s’éparpillent en périphérie de la ville. Ces récits sont bouleversants ou révoltants, mais tous sont emprunts d’une humanité incroyable. Rachid, qui connaît Zarathoustra presque par cœur, parle du bidonville et de ses habitants en ces mots « le karyane, c’est bien plus que ce que tu vois. C’est une force, c’est un lieu plein de la force de ceux à qui on a fait croire qu’ils ne sont rien parce qu’ils n’ont rien, et qui découvrent dans la lutte pour la vie qu’ils sont la vie elle-même. »
Cette force, cette fierté même, l’autrice par la voix de May nous la restitue à travers une écriture emprunte d’humilité, de poésie et de combativité. Car au-delà du destin de ces populations pauvres que chaque gouvernement voudrait voir reléguées en périphérie de leur belle métropole, Yasmine Chami endosse sa tenue de féministe. Les femmes sont omniprésentes : celles de la famille, certes à l’abri du besoin mais pas pour autant protégées du comportement de leur mari, celles du karyane, bannies, oubliées quand elles ne sont pas invisibles aux yeux de l’administration.
Pour tout cela un grand merci !
May et Chérif nés au Maroc, ont étudié à Paris. Histoire pour l’une, architecture pour l’autre, tous deux décident de retourner dans leur ville d’origine lorsque May tombe enceinte de leur deuxième enfant ; Casablanca verra donc naître Selma, leur petite fille tant attendue et à laquelle May qui tient un journal de grossesse, écrit chaque jour. En arrivant au Maroc, Nessim un lointain cousin propose à Chérif de travailler sur le projet de réhabilitation d’un bidonville qui défigure la ville. Une chance pour Chérif et son ami Pierre qui voit en ce projet une opportunité de faire connaitre le cabinet d’architecture qu’ils comptent installer. May n’est pas du même avis ! Où vont aller les habitants du karyane d’El Bahriyine ? May est allée à leur rencontre et a découvert la vie des bidonvillais que ce projet de recasement ne leur convient pas. Chacun d’eux a organisé sa vie dans le bidonville et survit grâce à des petits boulots (pêcheur, chiffonnier, couturière, la solidarité y est importante, la promiscuité de la ville et de l’océan aussi. May s’attache à plusieurs d’entre eux, essaie de détourner Chérif de ce projet qu’elle réprouve.
Un roman qui aborde plusieurs thèmes en mêlant l’individuel et le collectif : le retour dans un pays d’origine, les différences culturelles, les rapports homme/femme, les désaccords profonds dans le couple, le délitement de l’amour, mais aussi la métamorphose des villes qui se tournent vers l’extérieur, comment un projet politique qui a l’air bienfaisant, reloger des habitants de bidonville dans des logements neufs et équipés, peut se révéler néfaste pour ces individus déjà fragiles. En intercalant les pages du journal de grossesse, l’autrice permet au lecteur d’entrer dans l’intimité de May et ajoute de la sensibilité au texte. Une lecture très intéressante mais qui se mérite car l’écriture n’est pas aisée avec des phrases complexes et longues (parfois une demi-page).
Ils avaient décidé ensemble que le retour au pays coïnciderait avec l’arrivée de leur deuxième enfant.
Casablanca, May et Chérif l’avaient quittée aussitôt leur bac en poche.
A leur retour ils découvrent que les choses ont bien changées où peut-être est-ce leur regard qui a changé.
Unis par des valeurs humanistes, May et Cherif vont s'opposer à propos d'un plan d'urbanisme. Architecte, Cherif est amené à travailler sur un projet d'habitat social qui implique la destruction d'un bidonville et le relogement de ses habitants dans un quartier excentré. May ne peut accepter l'idée que son époux participe à l'exclusion de cette population déjà fragilisée. Exclusion qui libérera un terrain, situé au bord de l'océan, très convoité des promoteurs. Comment conserver ses idéaux face aux injonctions familiales et sociétales ?
C'est l'épreuve du feu pour nos deux protagonistes pris dans les vicissitudes de la ville : inégalités, corruption, hypocrisie des élus.
J’ai été dérangée dans la première partie du roman par la longueur de certaines phrases, ce qui a ralenti ma lecture.
Peu à peu le style s’allège et devient même agréable.
J’ai apprécié la description de la ville, les conditions de vies des habitants qu’ils soient issus des beaux quartiers ou des bidonvilles.
Même si je suis loin du coup de cœur, « Casablanca Circus » reste un bon moment de lecture qui m’a permis de découvrir la plume de Yasmine Chami.
Merci à Babelio et aux Editions Acte Sud pour ce voyage au Maroc.
Lorsque j'ai abordé ce roman, je ne connaissais pas l’auteure, Yasmine Chami et n’avais rien lu d’elle, mais j’adore les éditions Actes Sud et leurs parutions. Je ressors ravie de la lecture de "Casablanca Circus" et pourtant, ce n’était pas gagné.
Ce n’était pas gagné parce que, malgré la très jolie couverture aux couleurs chatoyantes, ma plongée dans les premières pages m’a quelque peu fait peur. Par-dessus tout, j’aime les écritures simples, les phrases courtes, les rythmes vifs. Nous en étions loin. Mais l’auteure est une magicienne qui a réussi, très vite, à me prendre dans la musique de ses mots, des mots magiques et magnifiques. J’ai eu l’impression qu’ils me berçaient et je me suis laissée aller.
J’ai par ailleurs beaucoup aimé la structure du texte avec un récit cadencé par le journal intime de May tenu au gré de l’avancement de sa grossesse. Car, voilà, May et Chérif, un jeune couple né à Casablanca et venu en France – à Paris – une fois leur bac en poche – a décidé de retourner vivre dans son pays d’origine à l’arrivée de leur second enfant. Chérif est architecte et May, historienne et après Ilias, leur petit garçon, ils attendent, on le sait très vite, une petite fille. Et c’est à elle que parle May dans ses carnets.
Ce roman est foisonnant qui mêle beaucoup de thèmes : le couple et ses rapports, la place des femmes au Maroc, et celle des hommes "… il (Chérif) a besoin de réussir professionnellement comme un homme doit le faire chez nous, être un chef de famille, c’est une des clefs de son équilibre et donc du tien", les difficultés rencontrées dans un monde perdu de vue et les différences entre l’orient et l’occident. La voix de May est émouvante qui se bat pour défendre les habitants du karyane d’El Bahriyine, menacés de "recasement", certes dans des logements décents, mais loin de leurs habitudes, de leur travail, de l’océan, de leur vie, quoi.
Un roman qui nous décrit Casablanca ente beauté et pauvreté, une voix à la fois douce et forte qui nous dit son amour pour le Maroc et la France, un récit qui mêle politique et finances, une histoire d’amour malmenée.
Bref ! un roman magnifique, magnifiquement écrit.
https://memo-emoi.fr
May et Chérif ont le projet de quitter Paris et de s’installer au Maroc. Chérif est architecte et May historienne. Un grand projet de réhabilitation du bidonville de Casablanca enthousiasme Chérif tandis que May remet en question l’aspect historique et social de ce bouleversement pour ceux qui vivent dans ce quartier.
Dans le récit s’intercale le journal de grossesse de May, où elle confie à sa fille en devenir ses sentiments sur la société où elle grandira, nous offrant ainsi de belles pages sur la place de la femme dans cette société patriarcale et traditionaliste.
Si l’aspect politique et social est très intéressant, le romanesque est un peu mis de côté. Le texte n’est pas facile à lire, car il contient de nombreuses données culturelles, géographiques et historiques difficile d’accès si l’on est pas spécialiste.
Il n’en reste pas moins que ce roman offre une perspective intéressante sur la difficile conquête d’un statut d’égalité homme-femme dans notre monde actuel, et sur le poids des traditions et de l’éducation.
Merci à Babelio et à Actes sud
200 pages Actes sud 23 août 2023
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