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La narratrice, Dominique, travaille avec succès dans une agence de publicité. Son mari, François, approche comme elle de la soixantaine. Cadre dans un groupe pharmaceutique en cours de restructuration, il est miné par la perspective d'un possible licenciement à quelques années de la retraite. Un message arrive un jour sur la boîte électronique de François, provenant d'un ancien ami de lycée qui tente de renouer le contact grâce au site internet « camarades-de-classe.com ». Dominique répond à l'insu de son mari et sollicite les confidences...
Dans la correspondance électronique qui naît s'affrontent des visions contradictoires d'un même passé. Ces anciens gosses d'Aubervilliers, qui fréquentaient la même classe en 1964, ont connu des trajectoires diverses, marquées par Mai 68 et par la culture communiste. L'un est devenu chanteur de charme, l'autre est demeuré stalinien, un autre a tourné escroc au grand coeur, d'autres sont chimiste, universitaire exilé, détective privé, SDF, ou bien mort.
Mais la photo de classe autour de laquelle s'organisent ces retrouvailles virtuelles recèle une énigme d'un autre ordre...
En revisitant la banlieue rouge dans la période encore triomphante du parti communiste, Didier Daeninckx nous raconte, avec précision et humanité, l'histoire d'une génération marquée par les bouleversements des années soixante et soixante-dix.
Avec Camarades de classe, je retrouve Didier Daeninckx (Itinéraire d’un salaud ordinaire, La mort n’oublie personne, Le banquet des affamés, L’école des colonies, Passage d’enfer) dans un registre qui me surprend, au début.
J’ai l’impression de m’être laissé entraîner dans la lecture d’une histoire assez banale de copains tentant de se retrouver quarante-trois ans après.
C’est une photo prise lors de la visite d’une usine Arthur Martin, à Reims, qui déclenche la recherche de ceux qui figurent sur ce cliché. Ces garçons faisaient partie d’une classe de troisième du Collège Gabriel-Péri d’Aubervilliers.
Dominique qui vit en couple avec François, raconte et mène l’histoire. Si elle travaille dans une agence de communication très dynamique, lui se sent menacé à son poste de cadre dans un laboratoire de recherche.
Par hasard, Dominique tombe sur un message adressé à François. C’est Denis Ternien, un ancien copain qui le sollicite pour être le parrain de sa fille. Par l’intermédiaire du site www.camarades-de-classe.com, les contacts se nouent et Dominique n’hésite pas à se faire passer pour François.
Si les souvenirs remontent, c’est grâce aux messages, de véritables lettres électroniques qui émaillent le récit, qui retracent toutes ces années marquées par Mai 68 et m’évoquent beaucoup de choses car j’ai, à un an près, le même âge que ceux qui s’expriment.
Petit à petit, les membres du groupe se manifestent, alimentent des ragots, rectifient des contre-vérités, donnent des nouvelles et surtout rafraîchissent la mémoire de ceux qui ont oublié.
Didier Daeninckx qui a publié ce roman en 2008, livre que j’ai récupéré suite à un « désherbage » de ma médiathèque, me captive de plus en plus car les événements jalonnant la vie de chacun racontent toute une époque.
Certes, il y a la musique, les yé-yé, le rock mais il y a surtout la vie politique dans ces communes de ce qu’on appelait la ceinture rouge de Paris. Ces jeunes ruent dans les brancards, refusent l’orthodoxie du Parti Communiste et certaines anecdotes sont éloquentes.
La vie de l’un ou de l’autre permet de croiser des personnes célèbres car leurs vies sont surtout parisiennes. Pourtant, c’est celle d’un professeur, Miguel Rodriguez, racontée par Pascal Zavatero qui est la plus émouvante et la plus terrible aussi. Ahmed Ayaoui, lui, dans un long texte, rappelle le sort des familles algériennes dont le père avait porté l’uniforme français.
Dominique mène bien sa barque mais un certain Armhur Tarpin, un pseudo, joue le trouble-fête et provoque quelques réactions virulentes. Tous ces souvenirs bons ou mauvais, ce que chacun est devenu, et surtout les événements marquants font de Camarades de classe une lecture vite addictive. En effet, j’étais impatient de lire un nouveau courrier, une nouvelle réaction ou une importante mise au point.
Pour finir, Didier Daeninckx, avec maîtrise et sens du récit, réserve un double coup de théâtre final qui bonifie encore un peu plus ma lecture.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/12/didier-daeninckx-camarades-de-classe.html
c bien mé y s pace pa gran chose
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