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Le rêve, même le plus banal, est porteur d'une certaine incitation à sa mise en récit. On ne le connaît d'ailleurs qu'après coup, au moment où l'on tente de l'organiser en une narration, plus ou moins cohérente, ne serait-ce que pour soi-même ou pour des auditeurs proches, afin d'en fixer la mémoire. Dans Les portes du rêve (1973), Géza Róheim va jusqu'à faire l'hypothèse que "la gigantesque structure imaginaire [des mythes et des contes] que nous avons édifiée au cours de siècles prend effectivement naissance dans nos rêves, ou plus précisément quand un être humain éprouve le besoin de raconter son rêve à un autre, c'est-à-dire dans une situation psychanalytique préhistorique". Les études ici rassemblées s'attachent aux formes littéraires orales socialement codifiées de l'activité onirique, depuis les plus familières, relations de rêves partagées le matin, jusqu'aux plus institutionnelles, comme son utilisation dans les pratiques chamaniques, dans la création mythique, ou encore dans le jeu du pouvoir social, sans oublier l'usage du rêve et du cauchemar à titre de motif narratif. La matière onirique constitue une porte d'accès privilégiée à l'étude des relations entre société et individu.
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