L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
Au printemps 1968, le parti communiste tchécoslovaque expérimente le « socialisme à visage humain ». La censure est interdite, les frontières s'ouvrent vers l'Ouest, les biens de consommation font leur apparition... Un vent de liberté souffle sur le pays.
Cet été là, Alexander et Anna montent dans leur Skoda Felicia, un cabriolet flambant neuf, pour rejoindre leur fille Petra à Bratislava où elle vient de terminer de brillantes études de médecine. Tereza, fille d'un cheminot rescapé des camps de concentration et d'une éditrice à la Pravda qui ont longtemps accueilli des réfugiés hongrois de 1956, séjourne dans un kibboutz en Israël pour renouer avec sa culture juive. Jozef, pasteur défroqué pour avoir refusé de dénoncer des paroissiens auprès du Parti, fait ses premières armes à la radio.
Dans la nuit du 20 au 21 août, tandis que les tanks soviétiques envahissent la ville, le destin de ces trois personnages et de leurs familles va basculer. Pendant quelques heures, la frontière avec l'Autriche reste ouverte, Vienne est à une heure de train. Chacun devra alors faire un choix : partir ou rester ? Fuir la violence ou résister à l'oppresseur ?
Sous les pavés, la plage
1968 - si cette année nous évoque des pavés et des affrontements - elle résonne, dans ce pays alors nomme Tchécoslovaquie, avec un écho dramatique.
Alors que les dirigeants communistes commençaient une politique d’ouverture nationale, les chars de plusieurs « républiques sœurs » entrèrent dans la ville.
Le grand frère russe ne voyant pas d’un bon œil les velléités d’émancipation.
Cette intervention mit un coup d’arrêt à l’ouverture qui se dessinait.
S’engage alors des instants cruciaux et surtout une décision capitale à prendre pour les tchécoslovaques : risquer de rester chez soi, d’affronter les conséquences de cette occupation russe ou prendre le risque de tout perdre en partant à l’étranger.
C’est à ce choix que seront confrontés plusieurs membres d’une même famille.
Ce roman m’a tout d’abord beaucoup déconcerté par le style : une succession de courts chapitres, où le narrateur invective directement le lecteur. J’avais l’impression de rester à l’écart de ce récit.
Et puis, petit à petit le pages ont défilé. J’avais envie de savoir ce qu’il allait arriver aux personnages du roman.
L’auteur ne se concentre pas tant sur les événements internes à la Tchécoslovaquie, qui restent survolés, que sur le destin des migrants.
Comment se reconstruire une vie quand il faut tout reprendre à zéro, comment trouver la paix quand on a le sentiment d’avoir abandonné les siens.
Un roman qui pourra dérouter certains lecteurs mais qui a su, au final, me séduire surtout qu’il résonne avec l’actualité.
1968 ? Pour beaucoup d’entre nous cela éveille mai 1968 en France.
Combien savent ce qu’il s’est déroulé cette année-là en Tchécoslovaquie ?
Viliam Klimáček nous relate, au travers de l’histoire de Tereza, de Petra, de Jozef, de Sani, d’Anna, d’Erika, de leurs familles et de leurs amis, la vie à l'époque en Tchécoslovaquie. Il nous retrace l'entrée des chars russes dans ce qui deviendra de nombreuses années plus tard la République Tchèque et la Slovaquie.
Les destins de ses personnages se croisent et se recroisent et nous en apprennent beaucoup sur ce pays, sur l’atmosphère qui y régnait, sur les rapports entre ses habitants et finalement sur la façon dont il était gouverné, avant et après l’invasion russe.
Il y a ceux qui fuient pour survivre et ceux qui dénoncent pour survivre, ceux qui ont de l’argent et ceux qui en ont peu, ceux qui résistent et ceux qui collaborent, comme dans beaucoup de guerre ou de dictature.
Et souvent tous ces profils se retrouvent au sein d’une même famille… C’est le cas ici … Tous ont en eux un important patriotisme qui rend d’autant plus difficile leurs fuites à l’étranger.
L’herbe est-elle plus verte ailleurs ? Que ce soit en Israël, à Vienne ou au Canada, les protagonistes ne trouvent pas le repos, toujours à la recherche d’un eldorado inaccessible, d’un chez soi à reconstruire, d’une intégration difficile tant elle s’entremêle avec un besoin d’identité slovaque fort.…
Au travers l’histoire vraie de ses héros si attachants, Viliam Klimáček nous donne un cours d’histoire et de survie. Le livre est extrêmement bien écrit, impossible de le fermer. Très vite, nous nous attachons à ses personnages, ces gens ordinaires aux destins extraordinaires. Il a pris le parti de regrouper leurs parcours en un seul volume mais une saga aurait largement eu sa place et aurait été très appréciée.
Je ne connaissais pas ce pan de l’histoire et, sous la forme d’un roman, l’auteur a gagné le pari de m’y intéresser. La prochaine étape pour moi va être d’en savoir un peu plus et surtout de lire les prochains ouvrages traduits de Viliam Klimáček.
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