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Certains auront du mal à l’imaginer mais le Bernin a été pendant très longtemps un artiste amoindri par une critique éreintante. Ce sculpteur du XVIIe siècle, ce chantre de la Contre-Réforme, celui qui rendit le marbre aussi souple et sensuel que la chair, n’a pas eu l’heur de plaire aux esthètes, aux amateurs d’art et autres collectionneurs. En 2005, les éditions londoniennes Phaidon, ayant entamé une politique de réédition, ressortirent « Bernin. Le sculpteur du baroque romain » de Rudolf Wittkower (1901-1971), spécialiste de l’art et de l’architecture renaissante et baroque. Issu de l’Institut de Warburg où il enseigna, de 1934 à 1956, il a publié cette première monographie à une époque où Gian Lorenzo Bernini ne passionnait pas les foules. Cette étude envisage et reproduit intégralement l’œuvre sculpté dans l’ordre chronologique, soutenue par de splendides photographies en noir et blanc (ici, celles de Pino Guidolotti dont le talent est à souligner). Ainsi suivons-nous l’artiste des premiers groupes mythologiques pour le cardinal Scipion Borghèse jusqu’à sa traversée du désert, en passant par son chef-d’œuvre : la chapelle Cornaro consacrée à Sainte-Thérèse d’Avila (et à un bel ange au sourire mutin). L’innovation est un cahier de photographies couleur, enrichissant ainsi la publication, mais ce supplément ne parvient pas à cacher que l’original datait de 1955, et que l’ensemble dégage une impression de vieillot (surtout la maquette). Certains vous le diront : depuis, la fortune critique de l’artiste s’est considérablement accrue, et les ouvrages de référence, plus complets, plus scientifiques, plus attrayants, sont disponibles sur le marché. Il n’en reste pas moins que ce texte est intellectuellement incontournable, car il est fondateur des études de l’œuvre sculpté du Bernin.
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