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Avec l'idée du retour des personnages, Balzac a l'intuition soudaine de l'unité de composition. L'oeuvre qu'il est en train d'écrire trouve ainsi sa cohérence, annoncée par un titre à vocation unitaire, La Comédie humaine. La Bible est en cela son modèle. Il lui emprunte techniques narratives, structures, rhétorique et accorde la même importance qu'elle aux mots, aux lettres, aux chiffres. Son ambition immodérée va être d'écrire un livre total, une oeuvre-monde, où se devinent les figures des patriarches, l'émouvante beauté des vierges, la poésie du Cantique des cantiques et des visions d'Apocalypse. Peut-être même a-t-il divisé son oeuvre en ensembles homologues des livres bibliques, faisant du Colonel Chabert son Job, ou d'Illusions perdues son Ecclésiaste. Par absorption, transformation, dilatation, relativisation, parodie, la Bible devient donc matière balzacienne et le roman, palimpseste biblique. De plus, le romancier incite ses lecteurs à une véritable exégèse. On est saisi de vertige chaque fois qu'on entreprend de décrypter le sens littéral des intrigues pour atteindre les multiples significations qui leur sont données par le symbole, le mythe, la métaphore, l'allégorie, la morale. Cet essai se veut une herméneutique du romanesque, destinée à dépasser le sens apparent de La Comédie humaine, aussi riche soit-il, pour en révéler le sens ésotérique et mystique, condition nécessaire du sublime balzacien.
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