Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Baho !

Couverture du livre « Baho ! » de Roland Rugero aux éditions Vents D'ailleurs
Résumé:

Dans une vie d'entre deux guerres, un village au travail voit ses peurs et ses rancoeurs révélées par un fait-divers anecdotique et presque drôle : un muet pris d'une envie soudaine de déféquer (était-ce l'eau saumâtre du matin ?) demande à une jeune fille par des gestes explicites les latrines... Voir plus

Dans une vie d'entre deux guerres, un village au travail voit ses peurs et ses rancoeurs révélées par un fait-divers anecdotique et presque drôle : un muet pris d'une envie soudaine de déféquer (était-ce l'eau saumâtre du matin ?) demande à une jeune fille par des gestes explicites les latrines les plus proches. Seulement, dans un monde où la violence a formé les âmes simples, les gestes les plus anodins peuvent être interprétés comme des agressions réelles. Cette jeune fille, se croyant ainsi l'objet d'une tentative de viol, hurle, crie, alerte. Le pauvre hère comprenant la méprise croit que courir le sauvera. Pourtant, cela devient un véritable aveu de culpabilité et le conduit inexorablement au gibet où la vindicte populaire pourra montrer l'étendue de ses peurs. Petit à petit, à travers les passés traumatisés des acteurs de cette histoire, on assiste aux interrogations de tout un peuple sur ce que sont la justice et la difficulté d'être ensemble.
À force d'évoquer l'inavouable, celui-ci s'est produit !

Donner votre avis

Avis (1)

  • Roland Rugero part d'un besoin naturel pour construire son histoire. Il raconte aussi le parcours de chacun de ses héros avant d'arriver à cette situation ubuesque. Il démonte joliment les mécanismes de la montée de la violence, du déchaînement de haine et de l'auto-justice. Le coupable désigné,...
    Voir plus

    Roland Rugero part d'un besoin naturel pour construire son histoire. Il raconte aussi le parcours de chacun de ses héros avant d'arriver à cette situation ubuesque. Il démonte joliment les mécanismes de la montée de la violence, du déchaînement de haine et de l'auto-justice. Le coupable désigné, innocent est faible, handicapé, ne peut se défendre, de toute façon la foule ne lui en laisse pas le temps. Par le biais de cette histoire l'auteur parle de l'intégration des handicapés, de la difficulté de vivre tous ensemble. Nyamuragi, "Né incomplet, il se contentait de vivre son atrophie. Pour lui seul, sans en faire une tragédie ni une affaire de vengeance sur le destin. Il ne faut pas craindre ce qui est. Sa mère lui disait : "Ibuye riserutse ntirimena isuka", "Le caillou qui émerge de la terre ne peut briser la houe". Dès que le cultivateur voit un caillou poindre du sol qu'il sonde de sa houe, il s'arrête, prend la peine de le ramasser, le jette loin et s'enfonce plus calmement dans son labeur." (p.69)
    Ce petit roman (109 pages) oscille entre fable, poésie, roman de la tolérance et de l'intolérance. L'écriture varie elle aussi entre poésie et style plus linéaire, entre roman classique et tradition. Parfois, on peut se perdre pendant quelques paragraphes, mais on reprend pied très aisément. Les premières phrases sont très belles, représentatives de certaines digressions de Roland Rugero tout au long du livre :
    "Les cieux sont nus en ce mois de novembre.
    Honteux, ils essaient de tirer quelques nuages pour se couvrir sous l'impitoyable soleil qui met au jour, de manière résolue, délibérée et éclairée, leur nudité.
    Nus, bleus. Bleu de l'eau, couleur du Tanganyka, cette plaine ondoyante de l'Ouest. Des fontaines qui parsemaient les vallées autour de Kanya, l'eau y était il y a peu claire et limpide, abondante : mais elle manque. Un novembre sec." (p.7)
    Parfois de telles interventions de l'auteur sont déroutantes, mais elles donnent au récit ce que j'ai appelé de la poésie, une dose d'irréalité dans la plus belle tradition des histoires africaines.
    Roland Rugero est burundais et ce joli roman est publié par une petite maison d'édition, Vents d'ailleurs spécialisée dans les cultures d'ailleurs, dans sa collection Fragments. une maison d'édition que j'ai découverte il y a quelques mois avec le superbe livre de Gary Victor Le sang et la mer. Très beaux livres, très beau travail qui ne vous laissera pas insensible.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)

Donnez votre avis sur ce livre

Pour donner votre avis vous devez vous identifier, ou vous inscrire si vous n'avez pas encore de compte.