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Je ne suis pas né en Aveyron, je n'y ai aucune attache familiale, on ne pourra donc pas m'accuser de chauvinisme si j'écris qu'il est mon département préféré.Pour quelles raisons ?On ne devrait pas avoir besoin de motiver une préférence. C'est du domaine de l'affectif. Mais je vais quand même essayer d'expliquer mon coup de coeur.D'abord, je ne connais pas de département qui offre une telle diversité de paysages. Il est vaste, certes. C'est l'un des plus grands de France (8735 km2). Mais sur 200 km, du nord au sud, 150 km d'est en ouest, il parvient à surprendre sans cesse le voyageur.Cela tient à sa position géographique, entre deux régions à forte identité, l'Auvergne et le Languedoc. Il y a encore de l'Auvergne, au nord, dans le Carladès et les burons de l'Aubrac. Et puis, lorsqu'on descend vers les rives du Lot, l'influence du Midi est de plus en plus sensible.Tout en gardant son caractère accidenté, le paysage se fait plus souriant. Causses sauvages et vallées animées, lacs paisibles et gorges tourmentées alternent ainsi, d'un bout à l'autre du territoire, dans une succession de contrastes époustouflants.J'aime aussi l'Aveyron à cause de ses villages. Et Dieu sait que j'en ai visités, au cours de mes années d'émissions « Bonjour, Monsieur le Maire » ! Aucun autre département ne possède autant de villages classés parmi « les plus beaux de France ». Ils s'échelonnent essentiellement le long des trois rivières qui entaillent ce flanc du Massif Central : le Lot, l'Aveyron et le Tarn. Mais ils ne sont pas seulement beaux. Ils ont gardé une âme, maintenu un art de vivre.Et cela, on le doit aux Aveyronnais, qui sont des gens hors du commun...Ce sont eux, finalement, que je préfère avant tout. Les Parisiens les assimilent généralement aux Auvergnats, parce que leurs ancêtres sont arrivés ensemble dans la capitale, au 19e siècle, pour créer les fameux cafés-bois-charbon, mais l'Aveyronnais a une personnalité propre, forgée par l'histoire. Son département est le seul qui recouvre exactement les limites d'une ancienne province, le Rouergue. Il en résulte un sentiment identitaire très puissant et un attachement au pays qu'on ne retrouve, à ce degré (et à ma connaissance), que chez les Bretons du Finistère.J'admire leur courage, leur esprit d'initiative. Ils ont été les premiers à lancer le camping à la ferme, dans les années 60, et les agriculteurs sont nombreux à poursuivre, sous d'autres formes, cette tradition d'hospitalité. J'ai souvent bénéficié de la qualité de leur accueil.J'espère que beaucoup d'autres, en suivant les itinéraires proposés par ce guide, vivront les mêmes moments de bonheur et partageront, à la fin du voyage, mon affection pour ce magnifique département.
Pierre Bonte
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