Des idées de lecture pour ce début d'année !
Les sources : un problème récurrent en littérature, et récemment encore, sous une de ses formes les plus déplaisantes, les accusations de plagiat.
Cet ouvrage se situe dans une perspective exactement inverse, non pas d'un écrivain qui s'asservit à des textes antérieurs, mais d'un auteur qui vole des images, des mots, des séquences, des idées - car il vole et un Apollinaire par exemple en appelle à Hermès - pour revivifier autrement ce qu'il a pris ou le faire basculer, le réorganiser et non pour simplement suppléer à ses carences ou à ses paresses.
Son idéal, jamais atteint, c'est encore de nos jours celui de Jean-Jacques Schuhl qui déclare dans Le Monde du 15 janvier 20I0 : " J'aime voler, introduire en secret des phrases, des passages que je prends à d'autres auteurs et que l'on ne voit pas ou difficilement (...) Flaubert aurait aimé faire un livre entier ainsi, c'est aussi mon cas ". C'est ce qu'on appelait autrefois écrire un centon. Qu'on ne juge pas le procédé artificiel, quand le roman de Schuhl s'intitule Entrée des fantômes.
De même, Apollinaire introduit dans ses oeuvres des fantômes issus de toute la culture, de la poésie à la philosophie et aux gnoses passées. Il en garde une nostalgie à coloration mystique, il les mêle à sa propre mémoire et à ses fantasmes - ce qu'il appelle des philtres de phantase - où rôdent l'amour cicatriciel, la jalousie et le triolisme auxquels s'ajoute un rêve brisé de divinité féminine et d'immortalité personnelle qu'il ne pourra plus attendre que de l'écriture.
Quelques remarques de psychanalyse complètent le tableau d'une résilience réussie.
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Des idées de lecture pour ce début d'année !
Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
A gagner : la BD jeunesse adaptée du classique de Mary Shelley !
Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."