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Voici le roman le plus singulier de Dany Laferrière : un roman dessiné. Et écrit à la main ; comme tous les précédents, mais dans cet Autoportrait de Paris avec chat son écriture est reproduite en même temps que ses dessins, dans ce volume de grand format et de grande ambition. Et c'est guidés par la main du plus charmeur des académiciens français, ses lettres et ses couleurs, que nous pénétrons dans un Paris à son image, un Paris qui, d'une certaine façon, n'est autre que lui-même.
Plutôt que « À nous deux Paris ! », voici « Nous deux à Paris ! ». Le narrateur, un grand rêveur, arrive dans la ville la plus réaliste du monde. Il en fait la découverte et nous avec lui, remontant ses rues et le temps à la rencontre de ceux qui ont fait sa gloire. Paris, ses monuments de pierre et d'intelligence, l'arc de Triomphe aussi bien que Balzac, ses cafés aussi bien que ses créateurs de mode, le Flore aussi bien que Gabrielle Chanel. Paris se nourrit aussi des étrangers qui cessent d'en être dès qu'ils l'aiment et contribuent à faire ce qu'il est. Et voici donc Hemingway, et voici donc Noureev, et voici donc Apollinaire... Et puis il y a Chanana. Qui est cette mystérieuse chatte en manteau rose qui arrive chez le narrateur à minuit ?
Lire un roman sous sa forme manuscrite et illustré de dessins du niveau d’un élève moyen de CE2, c’est le pari assez gonflé que nous lance l’immortel Haïtien Dany Laferrière, formidable écrivain francophone. Mais l’expérience est fascinante à plus d’un titre. Ce roman n’est pas un véritable roman graphique mais plutôt un journal, dont nous n’avons pas eu d’exemple aussi passionnant peut-être depuis le Caro Diario de Nani Moretti au cinéma.
Laferrière et son chat nous promènent effectivement dans Paris (d’où le titre) mais pas que. Nous parcourons le monde de page en page et croisons avec le même enthousiasme André Malraux que la Grand-Mère de l’auteur. On lit à l’endroit, à l’envers, on bute sur des ratures, mais jamais l’intérêt ne faiblit. De Montreal à Petite Goave Lafferière nous entraîne dans son parcours nostalgique et force est de constater le plaisir que cet album nous procure.
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