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« Assemblage est un livre hors du commun. Natasha Brown manie le langage comme une arme et frappe, encore et encore, avec une élégance dévastatrice. » The Times Découvrir l'âge adulte en pleine crise économique. Rester serviable dans un monde brutal et hostile. Sortir, étudier à Oxbridge, débuter une carrière. Faire tout ce qu'il faut, comme il faut. Acheter un appartement. Acheter des oeuvres d'art. Acheter du bonheur. Et surtout, baisser les yeux. Rester discrète. Continuer comme si de rien n'était.La narratrice d'Assemblage est une femme britannique noire. Elle se prépare à assister à une somptueuse garden-party dans la propriété familiale de son petit ami, située au coeur de la campagne anglaise. C'est l'occasion pour elle d'examiner toutes les facettes de sa personnalité qu'elle a soigneusement assemblées pour passer inaperçue. Mais alors que les minutes défilent et que son avenir semble se dessiner malgré elle, une question la saisit : est-il encore temps de tout recommencer ?
Le premier roman de Natasha Brown a été une véritable déflagration dans le paysage littéraire britannique. « Virtuose » (the Guardian), « tranchant comme un diamant » (The Observer), Assemblage raconte le destin d'une jeune femme et son combat intime pour la liberté.
Traduit de l'anglais par Jakuta Alikavazovic
Sur la lancée de ses études de mathématiques à Cambridge, Natasha Brown a fait carrière dans la finance, avant, la quarantaine approchant, de prendre un congé pour écrire ce livre. On y découvre son manifeste alter ego : une narratrice noire d’origine modeste, elle aussi diplômée de la prestigieuse université britannique, hissée à la force du poignet au rang d’analyste financière gagnant grassement sa vie à la City et de petite amie d’un héritier blanc de la haute bourgeoisie anglaise. Mais voilà que l’annonce d’un cancer agit comme un détonateur dans cette vie jusqu’ici toute entière menée par l’obsession de l’intégration et de la réussite sociale. Elle qui, à force « de labeur et d’huile de coude » et dans un « dépassement sans fin », n’a eu de cesse de se fondre dans les mœurs et les codes de la société britannique, ouvre soudain les yeux : « Je suis tout ce qu’on m’a dit de devenir. Ça ne suffit pas. »
Et, tandis que taisant ses soucis de santé, elle se rend à la garden-party guindée organisée par la famille de son petit ami, celle que l’on présente avec condescendance comme « la nouvelle bonne amie de notre benjamin » se prend intérieurement, dans une colère froide mêlée d’angoisse et de lassitude, à ausculter les fêlures cachées sous son sourire, toutes ces fissures qui rendent si fragile l’assemblage qu’elle est devenue pour se faire accepter – « Sois la meilleure. Travaille plus, travaille mieux. Dépasse toutes les attentes. Mais aussi, sois invisible, imperceptible. Ne mets personne mal à l’aise. Ne gêne personne. N’existe qu’au négatif, dans l’espace alentour. Ne t’insère pas dans le courant de l’Histoire. Ne te fais pas remarquer. Deviens de l’air » – et qui, en fin de compte, n’a jamais servi qu’à la rendre « plus tolérable », irrémédiablement en butte à un racisme diffus et pernicieux la faisant se sentir illégitime et étrangère, comme si elle n’était pas britannique à part entière.
Au travail, elle est d’abord synonyme de diversité, de cette diversité bien comme il faut qui assied la « crédibilité progressiste » de son entourage et dont elle doit contribuer à la promotion par des conférences dans les écoles tout en supportant les réflexions : « C’est tellement plus facile pour vous les Noirs et les Latinos. » Ravies d’un tel alibi, les bonnes consciences se félicitent d’y voir la grandeur si magnanime de l’Angleterre, surtout que – pour une Noire ? – elle « parle si bien ! » Dans le même temps, la rue lui crache du « putain de n***sse » et le personnel d’Heathrow la renvoie d’office au check-in classe éco. Alors, soudain fatiguée, elle résume ainsi sa situation : « Née ici, de parents nés ici, jamais vécu ailleurs – pourtant, jamais d’ici. »
Entre observation clinique et introspection fiévreuse, la narration abrupte et morcelée s’assemble autour de cette femme noire que son quasi anonymat – d’elle, on ne connaîtra rien de personnel, même pas un prénom – transforme en figure emblématique pour dénoncer l’indécrottable hypocrisie d’une société britannique terriblement fermée malgré les beaux discours : « Toujours, cette pression, pile à cet endroit. Assimilez-vous, assimilez-vous… Dissolvez-vous dans le melting-pot. Puis coulez-vous dans le moule. Pliez vos os jusqu’à ce qu’ils craquent, se fendent, jusqu’à ce que ça rentre. Forcez-vous à épouser leur forme. (…) Et toujours, en ligne de basse, sous le vocabulaire insistant de la tolérance et de la convivialité – disparaissez ! Fondez-vous dans la soupe multiculturelle de Londres. »
La lucidité dure et désabusée de ce texte douche tout espoir du revers de ses phrases implacables : ce sont désormais d’invisibles – mais tout aussi infranchissables – parois de verre que, de façon insidieuse et très politiquement correcte, le racisme use aujourd’hui en Angleterre. Un livre qui fait mal, tant il paraît désespéré.
Assemblage est un bon titre pour ce texte-récit. Des paragraphes vont nous raconter la vie, le quotidien professionnel, personnel d'une jeune femme anglaise d’origine jamaïcaine, issue d’une famille modeste. Après de brillantes études dans une université réputée, elle obtient un poste dans la finance et travaille à la City. Elle vit dans un bel appartement et a un petit ami issu de l’aristocratie britannique. Ce tableau idyllique est remis en question lorsque, invitée à une garden party dans sa richissime belle-famille qu’elle rencontre pour la première fois, elle s’interroge sur sa réussite sociale et sur ce que cela dissimule.
Ce texte parle très bien de déterminisme social, peut on changer de classe sociale si simplement. Bien sûr, notre narratrice a réussi professionnellement, elle vient d'avoir un poste prestigieux dans la banque d'affaire (même si elle subit des commentaires sexistes et racistes, une promotion car femme et faisant partie d'une minorité), personnellement. elle vient d'acquérir un bel appartement dans un beau quartier et est fiancé avec un anglais de souche aristocratique (mais est ce une simple touche d'exotisme dans sa future belle famille).
L'air de rien, sans pathos, l'auteure nous parle de la société anglaise, de l'histoire des colonies et de l'empire anglais (Née en Angleterre, pourquoi doit elle refaire ses papiers pour justifier la nationalité de ses parents), de la place des femmes dans de hauts postes de responsabilité (grâce au quota ??!!). Par petites touches, ce texte nous questionne sur le rapport entre les êtres, sur l'histoire des colonies des empires et de cette histoire déniée, non racontée.
C'est aussi un beau portrait d'une femme, qui doit au quotidien se battre, prouver ses valeurs, subir des réflexions racistes, sexistes? Des comportements du quotidien qui font mal (pourquoi ne pourrait elle pas être en classe business plutôt que diriger vers la classe éco, les réflexions d'un jardinier de ses beaux parents alors qu'elle souhaite se balader tranquillement..)
Un texte bref mais efficace.
#Assemblage #NetGalleyFrance
Belle illustration de ce que le racisme, la misogynie et le mépris de classe produisent sur les corps et les esprits ; "Assemblage" se passe en Angleterre progressiste (tu parles !) mais ça pourrait être ailleurs, sous n’importe quel ciel où la peau noire n’est pas supposée accéder à la réussite sociale blanche.
Avec Annie Ernaux et Edouard Louis, la littérature française s’interroge crûment sur les transfuges de classe et ce que signifie l’ascension sociale, Natasha Brown fait de même en Angleterre, de façon moins frontale mais aussi mordante.
Un roman dérangeant et salutaire qui fait s’interroger sur ce que nous projetons sur les autres, sur ce qu’ils projettent sur nous, sur nos biais, nos représentations...
Pas mal du tout le thème, une amie me l'a recommander ,vraiment le thème est pas mal ,un choix affaire pour une prochaine lecture super
La narratrice de Assemblage est une femme anglaise d’origine jamaïcaine, issue d’une famille modeste. Après de brillantes études dans une université réputée, elle obtient un poste dans la finance et travaille à la City. Elle vit dans un bel appartement et a un petit ami issu de l’aristocratie britannique. Ce tableau idyllique est remis en question lorsque, invitée à une garden party dans sa richissime belle-famille qu’elle rencontre pour la première fois, elle s’interroge sur sa réussite sociale et sur ce que cela dissimule.
Confrontée au racisme et au sexisme insidieux d’une classe sociale « supérieure » qui à mots doux refuse de l’accepter, la jeune femme a pourtant tout fait pour se couler dans le moule de l’aristocratie britannique, mais rien finalement ne sera jamais suffisant pour intégrer ce rang et avancer sereinement dans la vie. Face à cette belle-famille qui ne l’acceptera jamais telle qu’elle est, elle se pose des questions, se demande si le bonheur doit ressembler à cela : à faire semblant, à assembler des facettes d’une personnalité qui finalement ne lui correspond pas pour plaire aux autres.
J’ai été attirée par le thème de ce roman, tel qu’il était présenté dans divers articles lus à son sujet : les difficultés d’insertion sociale d’une jeune femme noire dans la société actuelle. Malheureusement, je ne pense pas avoir compris ce roman à sa juste valeur, car j’ai lu de belles chroniques à son sujet sur Babélio mais malheureusement moi je suis passée à côté. Ce roman est très court (160 pages), raison pour laquelle je suis allée jusqu’au bout. Il s’agit d’une sucession de souvenirs débridés, d’expériences rapportées sans fil conducteurs, d’émotions ressenties au fil de la vie de la narratrice, qui lui ont fait prendre conscience de sa différence et de l’impossibilité dans la société actuelle de la surmonter. Certains faits sont troublants assurément et le lecteur prend conscience qu’évoluer dans une société blanche alors que l’on est noir n’est pas aisé. Mais le style trop froid, trop impersonnel, m’a empêché de ressentir de l’empathie vis à vis de la narratrice. Il m’a manqué de la cohésion dans le récit pour m’en imprégner pleinement. Je n’ai pas compris certaines choses notamment liées à ses problèmes de santé que d’autres ont su percevoir. Je suis restée très terre à terre vis à vis du récit, sans imaginer qu’il pouvait parfois y avoir un double sens à ses propos. Dommage, je n’ai pas su m’adapter à ce roman mais qui sait peut-être que vous l’apprécierez !
Je remercie les Editions Grasset via NetGalley pour ce partenariat.
A l’instar ici de notre héroïne une femme noire britannique, on est spectateur de sa vie, de ses émotions, de ses pensées. Elle se dédouble et ensemble on flotte autour d’elle. Elle fait semblant, elle fait ce qu’on attend d’elle. On la voit s’enfoncer dans son mal être, parfois sans comprendre car elle a tout, c’est une reine de la finance qui a de l’argent, est promue, a un amoureux à qui on dit qu’elle est belle, elle a des amies, des œuvres d’art… alors quoi ? Puis, vient l’Assemblage de toutes ces fois où, ces phrases dites en l’air mais qui blessent, ces regards, ces attitudes, cette sensation que, quoi qu’elle fasse, qu’elle dise, qu’elle montre, elle ne sera jamais légitime. Sa peau sombre reflète ses sombres pensées. Un mal de vivre qui s’insinue, le cancer ronge son corps mais ce sont les préjugés raciaux qui ronge son être. Sa vie et comme un Jenga, ce jeu d’adresse où il faut monter la tour la plus haute mais dont la chute plus que prévisible n’en est pas moins terrible.
Une lecture singulière, une plongée dans l’intime, une belle découverte.
Elle est trentenaire, travaille à la City de Londres, est propriétaire d’un bel appartement et son petit ami vient de l’inviter à l’anniversaire de mariage de ses parents. Tout lui sourit en somme.
Sauf qu’elle est d’ici mais que tous la voudraient d’ailleurs, elle et sa peau noire qui dénote dans les hautes sphères de la finance. Elle à qui ses collègues osent faire ces réflexions qu’il faudrait garder pour soi s’ils avaient un tant soit peu d’attention pour l’autre. L’avantage d’être une femme, le soucis d’équilibre qui favorise les représentant des minorités, tous ce qui fait qu’on se permet de lui dénier ses aptitudes, sa capacité, ses compétences pour être qui elle est et où elle est.
Aujourd’hui elle sort de chez le docteur et ce cancer du sein l’interroge. Et si c’était la solution de fuir ce monde qui ne veut pas d’elle, qui aimerait la renvoyer vers cette Afrique qu’elle n’a jamais connue.
Alors elle assemble les éléments d’une vie, les mots, les situations, les relations, les frustrations, les silences, se taire et accepter, baisser les yeux et se faire discrète, tout ce qui fait son quotidien et que les autres ne voient pas, ne subissent pas, ne comprennent pas. Le tout est porté par une écriture singulière qui dénote dans cette rentrée littéraire.
Cet Assemblage de mots et de sentiments, de situations et de frustrations, de pensées et de souhaits est là pour crier la différence, la peau noire, le rejet par les autres, la difficulté à être admis, même si l’on a parfaitement accompli son intégration dans une société dans laquelle on aspire à se fondre.
Un roman sans doute un peu trop court pour réussir à m’attacher à son personnage et pour susciter l’empathie. Mais qui éveille notre conscience à la perception au plus profond de soi de la diversité. Car être blanc ou noir change vraiment la donne lorsque l’on évolue dans une société traditionnelle blanche.
https://domiclire.wordpress.com/2023/01/31/assemblage-natasha-brown/
Assemblage est un roman qui porte plutôt bien son titre, et j'aime assez quand le ton est donné d'entrée de jeu.
La narratrice, une jeune femme britannique noire, vient d'obtenir une promotion, peut-être pour respecter les quotas, et d'être invitée à une garden-party organisée par les parents de son aristocrate de petit ami.
Ces deux événements et un troisième concomitants vont la pousser à s'interroger sur sa réussite, sa carrière, sa place dans la société.
Assemblage se compose donc des pensées et réflexions de la narratrice.
Certains passages absolument percutants nous plongent dans la psyché de la jeune femme, dans ce sentiment ancré que sa couleur de peau gouvernera toujours sa vie.
Le style haché, parfois saccadé, reflète son état d'esprit, entre doute, interrogations et décisions irrévocables.
Et puis, il y a d'autres pages, où le propos plus diffus m'a échappé ; il y a aussi ces ellipses alors que j'aurais aimé en savoir plus.
Toutefois, l'ensemble est très intéressant et j'ai hâte de voir ce que l'avenir et Natasha Brown nous réservent.
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