À travers le cas des travailleurs immigrés venus d'Algérie, il s'agit de retracer l'histoire, à ce jour peu documentée, de la condition (post)coloniale en terrain usinier dans la France des Trente Glorieuses. À partir d'une enquête sur l'emblématique usine Renault de Billancourt, l'ouvrage démontre comment ces migrants coloniaux en viennent à incarner les figures du travailleur immigré et de l'ouvrier subalterne, destiné à le rester. Il révèle comment le recours à une main-d'1/2uvre coloniale est la condition nécessaire d'une expansion industrielle à moindre coût dans les entreprises nationalisées. Par la mise en regard des politiques de main-d'1/2uvre et des carrières de ces subalternes, l'enquête éclaire les logiques imbriquées de l'exploitation capitaliste et de la domination raciale et dévoile les effets du racisme (post)colonial sur les trajectoires de cette fraction subalterne du groupe ouvrier. À partir de ce cas exemplaire, elle constitue une contribution originale à une sociohistoire du capitalisme industriel d'État, au prisme des subalternes et des résistances que ces derniers lui opposent. En étudiant comment ces subalternes politisent leur condition, depuis les mobilisations anticoloniales des années 1950 et la guerre d'indépendance algérienne, jusqu'aux grèves d'OS des années 1968, le livre participe à une généalogie de la condition de subalterne et des mobilisations antidiscriminatoires dans la société française d'aujourd'hui.
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