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Roman basé sur un fait divers réel, malheureusement récurrent aux États-Unis. Ensuite l'auteur bâtit son histoire et modèle son personnage principal d'une manière bluffante qui nous tient de bout en bout sans jamais nous lâcher. Nous sommes dans la tête de Joan Travers, c'est elle qui s'exprime. On est aussi étonné qu'elle lorsqu'elle est arrêtée pour la fusillade, puis lorsqu'elle est interrogée et qu'elle nie toute participation. Lorsque les preuves s'accumulent on prend un peu de recul, et c'est à ce moment là que l'auteur débute la jeunesse de Joan. Née en 1965, elle devra se construire entre des parents qui "ont toujours campé aux antipodes. (...) Mon père était aussi taciturne que maman était volubile. Il était aussi ombrageux et cassant qu'elle pouvait être douce et avenante." (p. 29). Plutôt hippies mais avec une petite volonté bien enfouie -qui ne demande qu'une occasion pour sortir- de s'élever dans la société. Lorsque cette occasion se présente, ils viennent s'installer à Boston et feront désormais partie de la bourgeoisie locale. Keith, le frère de Joan naît. Surdoué, il la dépasse très vite et Joan est oubliée. Toute son enfance sera marquée par la volonté d'être un garçon, elle comprend vite qu'elle ne pourra pas être aimée seulement parce qu'elle est une fille. "Keith et moi n'appartenions pas à la même caste. Le couperet était tombé. Pour mon plus grand désespoir, mon père avait la même vision sexiste et rigide que maman." (p.78/79) Elle subira son adolescence plus qu'elle ne la vivra, pour preuve cette simple phrase qui résume bien tout cela : "En 1983, nous atterrîmes mollement en terminale." (p.71) Et je vous laisse découvrir la suite tout aussi morose.
John N. Turner maîtrise totalement son sujet et sous sa plume Joan se révèle. Un portrait dense et fort de cette femme et de son parcours qui la mènera jusqu'à ce geste incroyable. Le roman se lit sans s'arrêter, aucun temps mort et même si le rythme n'est pas trépidant, on est totalement happé par cette histoire et cette femme qui se dévoile. Plus j'avançais dans ma lecture et plus je me disais -parfois à voix haute, il m'arrive de me parler tout seul, mais bon lorsque vous saurez que je parle aussi aux distributeurs automatiques, aux pompes à essence à carte... bon en fait, souvent, je ne fais que répondre à leurs bonjour, au revoir et merci... euh, parfois je peux leur demander si leur journée à été bonne...-, pouf pouf, je disais donc que plus j'avançais, plus je me disais que ce livre était bien écrit et finement traduit, élégance du style, français impeccable. Je suis donc retourné aux premières pages chercher le nom du traducteur ou de la traductrice. Et là, surprise, John N. Turner est Français ! Selon l'éditeur, il est un scientifique de renommée internationale, fin connaisseur des États-Unis, qui écrit là son deuxième roman. RRrr, j'en ai marre de ces gens qui sont bons partout, ça va finir par me donner des complexes.
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