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Dans la foulée des attentats du 11 septembre, les Etats-Unis sont à nouveau plongés dans une vague du terrorisme. Des lettres contaminées, contenant de l’Anthrax, des spores de la maladie du charbon, sont adressées anonymement à certains médias et quelques hommes politiques. Darrin Speman, obscur agent à la vie sociale limitée, fait partie de la Task Force mise en place pour combattre cet ennemi invisible. Il ne se doute pas qu’il va plonger dans une enquête de 7 ans et qu’il va devoir mobiliser des forces et des moyens considérables. La bataille se livre sur son sol. Mais très vite, la machine s’emballe. Il faut un coupable, à tout prix, et peu importe les moyens mis en œuvre pour y parvenir puisque c’est bien sur le sol américain qu’a été produit cette arme redoutable. L’ennemi est intérieur.
Amérithrax retrace avec une incroyable précision, cette attaque bioterroriste – Inspirée de faits réels – qui débouche sur une des enquêtes des plus complexes. Loin des thrillers violents à la mode, John N. Turner, pseudo américanisant d’un bactériologiste de profession, signe son premier roman et plonge dans le monde du noir.
Fort de ses compétences, usant d’une narration et du présent, fait rare de nos jours, il décortique avec une analyse méthodique, scientifique tout le travail entrepris par cette Task Force. A travers une chronologie strictement respectée, il arrive à captiver le lecteur sans tomber dans ce qui serait un documentaire de 500 pages couvrant de longues années. Nous suivons l’enquête au jour le jour. Il n’y a rien d’ennuyeux. Au contraire. C’est terrifiant. Le côté réel, fait froid dans le dos. Si le ton peut sembler de temps à autre analytique, les nombreuses explications scientifiques ne sont en rien rédhibitoires. Elles donnent du corps à l’ouvrage, nous rendent un poil plus intelligent. Si je n’avais aucune vision de ce monde de labos, je ne m’étais en aucun cas intéressé au circuit d’un courrier postal. Il démonte la machine des Gmens, leur force, leur patience et leurs travers et l’impact politique de ce genre d’enquête.
Qui plus est, John nous arrive à nous transmettre, que bien que de plus en plus digital, notre monde fait d’immédiateté doit réapprendre la durée – au moins le temps nécessaire à cette chasse à l’homme. Le rythme et le suspens accompagne le lecteur tout au long d’ Amérithrax. Une fois encore ce roman est crédible, direct et conforme à notre réalité de ce début de siècle.
Roman basé sur un fait divers réel, malheureusement récurrent aux États-Unis. Ensuite l'auteur bâtit son histoire et modèle son personnage principal d'une manière bluffante qui nous tient de bout en bout sans jamais nous lâcher. Nous sommes dans la tête de Joan Travers, c'est elle qui s'exprime. On est aussi étonné qu'elle lorsqu'elle est arrêtée pour la fusillade, puis lorsqu'elle est interrogée et qu'elle nie toute participation. Lorsque les preuves s'accumulent on prend un peu de recul, et c'est à ce moment là que l'auteur débute la jeunesse de Joan. Née en 1965, elle devra se construire entre des parents qui "ont toujours campé aux antipodes. (...) Mon père était aussi taciturne que maman était volubile. Il était aussi ombrageux et cassant qu'elle pouvait être douce et avenante." (p. 29). Plutôt hippies mais avec une petite volonté bien enfouie -qui ne demande qu'une occasion pour sortir- de s'élever dans la société. Lorsque cette occasion se présente, ils viennent s'installer à Boston et feront désormais partie de la bourgeoisie locale. Keith, le frère de Joan naît. Surdoué, il la dépasse très vite et Joan est oubliée. Toute son enfance sera marquée par la volonté d'être un garçon, elle comprend vite qu'elle ne pourra pas être aimée seulement parce qu'elle est une fille. "Keith et moi n'appartenions pas à la même caste. Le couperet était tombé. Pour mon plus grand désespoir, mon père avait la même vision sexiste et rigide que maman." (p.78/79) Elle subira son adolescence plus qu'elle ne la vivra, pour preuve cette simple phrase qui résume bien tout cela : "En 1983, nous atterrîmes mollement en terminale." (p.71) Et je vous laisse découvrir la suite tout aussi morose.
John N. Turner maîtrise totalement son sujet et sous sa plume Joan se révèle. Un portrait dense et fort de cette femme et de son parcours qui la mènera jusqu'à ce geste incroyable. Le roman se lit sans s'arrêter, aucun temps mort et même si le rythme n'est pas trépidant, on est totalement happé par cette histoire et cette femme qui se dévoile. Plus j'avançais dans ma lecture et plus je me disais -parfois à voix haute, il m'arrive de me parler tout seul, mais bon lorsque vous saurez que je parle aussi aux distributeurs automatiques, aux pompes à essence à carte... bon en fait, souvent, je ne fais que répondre à leurs bonjour, au revoir et merci... euh, parfois je peux leur demander si leur journée à été bonne...-, pouf pouf, je disais donc que plus j'avançais, plus je me disais que ce livre était bien écrit et finement traduit, élégance du style, français impeccable. Je suis donc retourné aux premières pages chercher le nom du traducteur ou de la traductrice. Et là, surprise, John N. Turner est Français ! Selon l'éditeur, il est un scientifique de renommée internationale, fin connaisseur des États-Unis, qui écrit là son deuxième roman. RRrr, j'en ai marre de ces gens qui sont bons partout, ça va finir par me donner des complexes.
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