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Agatha

Couverture du livre « Agatha » de Marguerite Duras aux éditions Minuit
  • Date de parution :
  • Editeur : Minuit
  • EAN : 9782707305244
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

« Il semblerait que le sentiment ne soit pas représentable, ni dans son apparence, ni dans sa conséquence du désir. L'inceste de même mais au plus haut degré est ce qui ne peut pas être représenté ni dans son apparence ni dans sa conséquence du désir, ni dans son principe, ni dans son savoir, ni... Voir plus

« Il semblerait que le sentiment ne soit pas représentable, ni dans son apparence, ni dans sa conséquence du désir. L'inceste de même mais au plus haut degré est ce qui ne peut pas être représenté ni dans son apparence ni dans sa conséquence du désir, ni dans son principe, ni dans son savoir, ni dans sa connaissance. L'inceste est invisible. Il est d'ordre organique, universel. Il est hors de la folie, il repose au fond des temps. Il semble être partout, dans l'instance la plus paisible de l'enfance, dans la colère la plus foudroyante des Dieux. Mais il n'est nulle part véritable exprimé, il est toujours enfermement sans issue, bonheur sans mesure, inaccompli, ineffable, indéfini, indéfiniment à venir. » Marguerite Duras * Agatha, film de Marguerite Duras (1981), interprété par Bulle Ogier et Yann Andrea.

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Avis (1)

  • Marguerite DURAS écrit elle-même la 4e de couverture comme suit : "L'inceste ne peut être vu du dehors. Il n'a pas d'apparence particulière. Il ne se voit en rien. Il en est de lui comme de la nature. Il grandit avec elle, meurt sans jamais être venu au jour, reste dans les ténèbres du fond de...
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    Marguerite DURAS écrit elle-même la 4e de couverture comme suit : "L'inceste ne peut être vu du dehors. Il n'a pas d'apparence particulière. Il ne se voit en rien. Il en est de lui comme de la nature. Il grandit avec elle, meurt sans jamais être venu au jour, reste dans les ténèbres du fond de la mer, dans l'obscurité des sables des fonds des temps. De toutes les manières ou les formes de l'amour et du désir, il se joue. De toutes les sexualités diffuses, parallèles, occasionnelles, mortelles, il se joue de même. De son incendie il ne reste rien, aucune scorie, aucune consommation, après lui la terre est lisse, le passage est ouvert. [...]

    Agatha est un court récit sous forme de dialogues avec didascalies entre la soeur et le frère. Agatha est à la fois le prénom de la soeur et à la fois le lieu de la Villa = être un être et être un lieu que le frère visite en plein jour, lors des "siestes d'Agatha", lors de l'été d'Agatha" qui a sept ans et lui probablement 10 ans. Cela va durer tous les étés jusqu'à la découverte par la mère qui savait déjà finalement. Comme dans "les yeux bleux, cheveux noirs", la mère va couvrir et même "recouvrir" selon le terme de Duras ce qu'elle sait de l'inceste de ses enfants (p.27, p. 32, p. 65-66). L'adulte est de connivence mais il se tait, il ne permet pas la verbalisation, il maintient le huis clos même si Duras conclut son livre par l'amour voué à leur mère qui donne sa bénédiction à cet "amour".

    Dans "La passion suspendue", Duras explique à la journaliste qui l'interroge sur le sujet du livre Agatha : "Le dernier stade de la passion, oui (l'inceste). J'ai longtemps nié l'idée d'une passion que, sous la haine, j'aurais éprouvé pour mon frère. C'est la façon dont il me regardait qui m'a convaincue du contraire. Je ne voulais jamais danser avec lui, quand on nous a offert un tourne-disque : le contact avec son corps m'horrifiait, tout en m'attirant. Ce n'est qu'avec l'Amant que j 'ai pu me libérer de cette haine" (p.26). L'enfant est complètement perdu face au désir malsain de l'autre, il n'a personne avec qui le verbalisé, il n'a personne pour le protéger et finalement Duras se trompe : son frère avait une "passion" pour elle, pas elle mais elle ne savait que faire de cette impériosité qui, spontanément la repoussait/la dégoûtait.

    L'enfant, désormais adulte, est perdu dans cet amour, il n'a aucun repère, il est enfermé la-dedans, le tout cautionné l'air de rien par le parent. C'est un livre qui éclaire l'inceste d'une manière fine même si ce n'est pas son propos. C'est un texte très beau et pourtant, humainement affreux quand on réfléchit à ce qu'il sous-tend.

    Il éclaire aussi la récurrence des yeux bleus, du regard, des paupières fermées ou non, du désir : "le corps est enfermé tout entier sous les paupières" (p.52).

    Dans "La passion suspendue", Duras explique à la journaliste s'être inspirée de "L'homme sans qualité" de Musil.

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