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Absent Présent est composé d'une suite de courts poèmes dédiés à l'exploration du sentiment de perte, et à la mémoire d'un être disparu.
Ce recueil présente, ou plutôt suggère, le chemi-nement d'une quête de sens autour de l'abîme que provoque l'absence irrévocable.
La parole s'exprime ici comme dans un espace-temps métaphorique, elle est comme écrite sur un puzzle dont les pièces cherchent à faire briller le renouveau du Présent, mais aussi à témoigner de la part de douleur que laisse l'Absent, celle qui un jour ou l'autre nous frappe tous.
Damien Paisant signe son premier recueil de poésie. Un petit recueil publié aux éditions Abordo, à la couverture simple et épurée, de couleur grise comme les cendres de l'absent.
Juste une illustration digne d'un cours de dessin technique, représentant un papier plié à la manière de l'origami, un peu comme l'éclosion d'une fleur, peut-être l'éclosion d'un après où l'absence marque le présent ou la renaissance progressive et douloureuse de la personne en deuil.
Un titre clair, précis qui nous apporte déjà le fil conducteur du recueil. Puis, en ouvrant le livre et faisant défiler sous nos yeux les pages, on découvre de petits poèmes courts tels de multiples tableautins.
"Je connais l'étrange
Variété du noir
Qui a nom lumière"
de Eugène Guillevic, Sphère, 1977
Damien Paisant ne laisse pas l'absence, le deuil, ternir ses mots. Bien au contraire, chaque tableautin est ciselé comme des diamants nous portant vers une émotion palpable et la beauté. Chacun des mots de l'auteur semble avoir un relief de vie. Son recueil est maîtrisé de A à Z, de la couverture à chacun de ses mots ; il est structuré pour mieux nous faire avancer et ainsi que le lecteur ne se perde pas au fil des pages et puisse se retrouver par des similitudes conscientes du passé ou une réflexion sur les possibles d'un futur ou encore des certitudes à venir.
L'insensibilité ici n'a pas sa place. Le lecteur est pris à partie dans l'engrenage de mots comme s'ils étaient les siens. Les termes en italique aperçus tout au long du recueil ne font que renforcer le fait que le lecteur est bien plus qu'un spectateur des mots de l'auteur. Il y a un trio, une sorte de dialogue installé entre l'auteur ou narrateur-poète, le lecteur et l'absent. Ainsi, nous voguons à la lecture entre la deuxième personne du singulier "tu" et la première personne du pluriel "nous"
" tu ne reviens pas
mais nous te devinons
quelque part
dans notre mémoire"
Damien Paisant semble vouloir offrir bien plus que des mots dans son recueil, au-delà, un cœur, des émotions, une blessure et l'âme d'un poète au talent découvert, éclos comme la fleur qui s'ouvre sur la couverture. Peu à peu, nous cheminons avec lui dans cette absence douloureuse où la réflexion, les doutes puis l'espoir se mettent en place. Il nous démontre que la mort d'un proche, peut-être même d'un père ou d'une mère, nous amène à notre propre mort dans un enrichissement particulier. On revit ensuite après la période du deuil mais, différent et grandi.
L'importance des origines, de nos racines, se marque par l'absence prenante et dévastatrice qui pourtant doit mener à un nouvel être.
"Lentement je me dépouille de toute nostalgie"
"Je me rêve
demain
en saule de Babylone"
"La chute réclame
mon corps inerte
pour le ranimer"
Entre tristesse et rébellion, il faut du temps pour revenir. Damien Paisant l'évoque à sa manière et montre le relief d'un après dans toute sa quintessence. Il est difficile d'accepter la mort. On espère un retour qui n'est qu'une illusion et il faut se sortir de cette dernière.
"Je suis pauvre
et mendie ton retour"
Mais cette illusion est une manière de se consoler, de se raccrocher à un but malgré son impossibilité. L'esprit se torture, il en faudrait si peu pour sombrer définitivement. Le temps pourtant fait son œuvre si on sait le laisser faire, le laisser agir.
Damien Paisant signe ainsi ici de sa main de poète une sorte de guide face au deuil, peut-être d'ailleurs partage-t-il avec le lecteur une part de son expérience personnelle, ce qui touche par le côté universel de la mort.
Un recueil d'une grande beauté, profond et touchant, réussi, pour une première œuvre de l'auteur.
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