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La foudre tombe dès les premières lignes. A l'âge de 11 ans, Laurent Dugué perd sa mère, brutalement, dans un accident de la vie, au cours d'un séjour de vacances. Ce drame casse sa vie en deux . Avant, un petit garçon malin grandit dans le cadre pittoresque de la charcuterie de ses parents, qui a été son terrain de jeux, et dans les rues du Bagnolet de la fin des années soixante, dont elle est un haut lieu. Il sait chiffrer son bonheur en unités. Au fil de maints épisodes décrits avec saveur, il se structure autour d'une passion pour la pêche, transmise par son père, et pour le football, dont les impressions fortes le conduisent du café enfumé de son club, le CA Montreuil aux grands stades de la couronne parisienne. Il ancre en lui la valeur de l'amitié. Après, c'est la lutte, la lutte pour vivre sa fin d'enfance et son adolescence sans mère, pour échapper à la lente faillite de la boutique familiale, victime du déclin du commerce de proximité dans un Bagnolet qui se transforme, la lutte pour échapper à l'échec scolaire qui se dessine dans les conditions difficiles du CES local. Finalement il sera chirurgien. Ce cadre, tous ces épisodes, les nombreux personnages qui les animent, sont racontés dans un style qui n'appartient qu'à lui, mêlant humour fulgurant, ironie, et une pudeur qui masquent sa tendresse ou sa douleur.
Jaune pétillant, « 8 rue Raoul Berton » est réjouissant. Carte postale au fronton des souvenirs. Laurent Dugué serpente les ruelles, vertiges des années, se rappelle de chaque mouvement, forme, image, vague, claquant contre les rochers immortels. Sa vie déroulée, toute de velours, pelote de laine frénétique et légère dévalant les pentes des réminiscences. Pas de pathos, d’ombres grises, les faits et les accords, les gestes pavloviens, sa famille est là. Le retour sur l’enfance, la sienne, célébration, retrouvailles allouées, enchantent les lignes aériennes. L’auteur captive son auditoire. Plongez dans « 8 rue Raoul Berton » ! Le bain est salvateur, ressource et diapason. L’hommage mémoriel et l’ardeur d’un passé inoubliable, tissu générationnel, vent des rappels. Comme on l’aime cette charcuterie, antre familial, idiosyncrasie écarquillée. « Mes parents étaient charcutiers, 8 rue Raoul Berton à Bagnolet, Seine-Saint-Denis. Mon père était devenu charcutier parce que son père l’était. En fait, côté paternel, tout le monde (oncle, tante, cousin, cousine) était charcutier. » La simplicité, l’humilité, la glorification du travail, une charcuterie et le reste du monde devient manège, raison, ardeur et tendresse. L’époque des années 1970 rayonne. « Bien sûr on avait la télé, mais depuis la tentative de descente en rappel pour imiter Zorro, l’objet paraissait insuffisant pour neutraliser un enfant turbulent, il pouvait même être dangereux. Loulou, il a besoin de se défouler. » Néanmoins, cet enfant qui palpite dans les pages a perdu trop tôt bien trop tôt sa maman, noyée, chute dans l’eau dans le lieu de villégiature. Rimes de pêches, de rires, de projets, d’insouciance et de lâcher-prise avec le labeur. Petit bout grandissant entre l’ombre et la lumière avec son père et sa grande sœur. Kaléidoscope de colonies de vacances, repas familiaux, bruits de chaises et de verres. Haut les cœurs ! Cet enfant qui brille de mille feux et qui fait vibrer le renom littéraire, est éduqué dans ce juste et dans la loyauté, dans les valeurs les plus élevées. Il apprend la vie en expériences, néanmoins son père reste son ombre. « 8 rue Raoul Berton » est un récit de vie empreint de douceur maternelle. On ressent la présence de sa maman dans chaque page. Filigrane d’une transmission réussie. Ecrire la vie des siens et rester figé, front contre la vitre, à mille mille des images d’Epinal. « 8 rue Raoul Berton » est un sablier retourné à l’orée des jours. Le rappel en étoiles d’une enfance cahier du jour, dévoilée en hymne de reconnaissance pour ses parents. On rit, on pleure, l’humour est un crayon de couleur. Ce récit est un tournesol en plein champ tourné vers le soleil, vivifiant et essentiel. A lire en plein été. Publié par L’Echappée Belle Edition, « 8 rue Raoul Berton » est en lice pour le Prix Hors Concours 2020 et c’est une grande chance.
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