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William March

William March
William March (1893-1954), de son vrai nom William Edward Campbell, est né en Alabama. Le 5 juin 1917 s'ouvre la conscription américaine qui marque l'entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale. William, alors âgé de vingt-trois ans, s'engage - comme des millions d'Américains c... Voir plus
William March (1893-1954), de son vrai nom William Edward Campbell, est né en Alabama. Le 5 juin 1917 s'ouvre la conscription américaine qui marque l'entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale. William, alors âgé de vingt-trois ans, s'engage - comme des millions d'Américains ce jour-là. La Compagnie F de l'US Marine Corps, à laquelle il est affecté, aborde les côtes françaises à la fin du mois de février 1918 et traverse la France pour rejoindre la ligne de front à quelques kilomètres de Verdun, où la guerre s'est enlisée dans les tranchées. Le 6 juin 1918 a lieu la première grande offensive à laquelle participent les troupes américaines : la tristement célèbre bataille du bois de Belleau, qui détient le record du nombre de soldats américains tués en une seule bataille. Blessé, William Campbell est évacué vers l'arrière. Soixante pour cent des effectifs de sa compagnie connaissent le même sort ou sont tués au cours de ces combats. À son retour au front, il participe aux batailles de Soissons, Saint-Mihiel, Blanc Mont jusqu'à ce que l'armistice entraîne sa compagnie dans la marche vers le Rhin. Promu rapidement au grade de caporal, puis de sergent, il reçoit la croix de guerre, la Distinguished Service Cross et la Navy Cross. De tous les auteurs américains qui écriront sur la Première Guerre mondiale, William March est le plus décoré et celui qui eut la plus longue expérience du conflit. Il revient aux États-Unis avec la réputation d'être un combattant qui restait en toutes circonstances étranger à la peur. Il laisse pourtant planer une grande part de mystère sur cette expérience. Dans une de ses lettres, il écrit à sa famille qu'il restera marqué de manière indélébile par ce qu'il avait vécu. À son retour de France, et bien que tous les rapports médicaux le déclarent en parfaite santé, il annonce à ses proches qu'il n'a que peu de temps à vivre, les gaz allemands lui ayant causé des dommages pulmonaires irrémédiables. L'auteur de Compagnie K se défendit toujours d'avoir écrit un texte autobiographique, refusant de correspondre avec ses anciens compagnons d'armes qui s'adressèrent à lui après la publication de son roman. On sait pourtant que plusieurs fragments du livre sont inspirés de ce qu'il a vécu. C'est le cas de cet épisode qui est l'un des plus traumatisants que William March ait connus sur le front : un jour que les combats l'avaient isolé du reste de sa troupe, il se trouva soudain face à un jeune soldat allemand blond qui ouvrait sur lui de grands yeux bleus effrayés, et il planta instinctivement sa baïonnette dans la gorge du jeune homme, le tuant sur le coup. Le fantôme de ce soldat allemand le poursuivit pendant de longues années. La culpabilité liée à cette mort est probablement l'une des raisons de son ambivalence par rapport aux récompenses qu'il reçut pour ses faits d'armes. Si William March revint de la guerre décoré, il ne porta jamais ces décorations en public et ses médailles furent conservées dans une boîte à cigares sur l'une des étagères de son bureau. Un de ses amis raconte même qu'à son retour aux États-Unis, alors qu'il devait recevoir la très prestigieuse médaille d'honneur du Congrès, la plus haute distinction militaire aux États-Unis, il aurait tout simplement refusé de remplir les formulaires nécessaires. William Campbell commence à écrire dans le courant des années 1920, mais il attend 1928 pour proposer des nouvelles aux journaux sous trois pseudonymes différents. Le premier de ses textes à avoir était accepté se trouvait être signé du pseudonyme "William March" - c'est donc ce nom de plume que l'auteur conservera toute sa carrière durant. La rédaction de Compagnie K fut une œuvre de grande ampleur, que l'auteur débute dès le milieu des années 1920. À l'été 1932, il apporte les dernières modifications à son manuscrit ; c'est en janvier 1933 que Compagnie K voit le jour, remportant aussitôt un réel succès critique et public. Après Compagnie K, William March publie encore neuf livres, puisant notamment son inspiration dans son enfance et sa jeunesse dans le Sud. Un seul d'entre eux, The Bad Seed, fut traduit en français et publié en 1967 par la Série Noire sous le titre Graine de potence. Mais en dépit de son succès littéraire, March souffre de troubles psychologiques ; il vit de plus en plus en reclus et sa santé se détériore peu à peu. Il meurt dans son sommeil à son domicile de La Nouvelle-Orléans le 15 mai 1954, d'une crise cardiaque. Quand son corps est découvert le lendemain, sa machine à écrire contient une feuille de papier avec le premier paragraphe d'un nouveau roman intitulé Poor Pilgrim, Poor Stranger. Il ne pourra pas apprécier l'énorme succès critique et commercial de The Bad Seed, qui sera finaliste du prestigieux National Book Award, adapté au théâtre à Broadway et à Londres et au cinéma par Hollywood. Néanmoins, le succès de Compagnie K n'échappa pas à son auteur qui eut le temps et le bonheur de voir son œuvre devenir un classique. William March était, selon l'écrivain et critique Alistair Cooke, "le génie méconnu de notre temps".

Avis sur cet auteur (3)

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    Couverture du livre « Compagnie K » de William March aux éditions Gallmeister

    Manika sur Compagnie K de William March

    Un livre qui fait écho au roman "A l'ouest rien de nouveau" avec des témoignages et des réflexions sur cette guerre vue par des soldats américains.

    Des passages difficiles, violents, qui racontent cette guerre mais aussi des anecdotes qui m'ont fait sourire. Des réflexions justes sur...
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    Un livre qui fait écho au roman "A l'ouest rien de nouveau" avec des témoignages et des réflexions sur cette guerre vue par des soldats américains.

    Des passages difficiles, violents, qui racontent cette guerre mais aussi des anecdotes qui m'ont fait sourire. Des réflexions justes sur l'horreur des batailles ou la bêtises des hommes. Un livre que l'on peut picorer car il se présente sous forme de lettres de quelques pages, ce qui permet d'en "digérer" les passages.

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    Couverture du livre « Compagnie K » de William March aux éditions Gallmeister

    Thierry COUSTEIX sur Compagnie K de William March

    «Le bruit des hommes qui rient, hurlent, jouent ou prient…le bruit même de la guerre.»

    La compagnie K de l’US Marines Corps débarque en France en décembre 1917.
    William March (1893-1954) raconte la Grande Guerre telle que l’ont vécue les soldats américains.
    «Compagnie K» publié en 1933 est...
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    «Le bruit des hommes qui rient, hurlent, jouent ou prient…le bruit même de la guerre.»

    La compagnie K de l’US Marines Corps débarque en France en décembre 1917.
    William March (1893-1954) raconte la Grande Guerre telle que l’ont vécue les soldats américains.
    «Compagnie K» publié en 1933 est son premier roman.
    Les très belles, très recommandables, voire indispensables éditions Gallmeister nous offre, dans sa collection Americana, pour la première fois en français, la traduction de ce roman saisissant.

    Cher lecteur avide de commémoration, si vous ne savez pas quoi lire pour le centenaire de la guerre de 14-18, vous pouvez déjà réserver ce livre inoubliable.
    A empiler sur «Le feu» d’Henri Barbusse, «La main coupée» de Blaise Cendrars, «14« de Jean Echenoz et «Au revoir là-haut» de Pierre Lemaitre.

    La littérature ne démontre pas, elle montre.
    Essentielle et vitale littérature !

    «Au début, ce livre devait rapporter l’histoire de ma compagnie, mais ce n’est plus ce que je veux maintenant. Je veux que ce soit une histoire de toutes les compagnies, de toutes les armées. Si ses personnages et sa couleur sont américains, c’est uniquement parce que c’est le théâtre américain que je connais. Avec des noms différents et des décors différents, les hommes que j’ai évoqués pourraient tout aussi bien être français, allemands, anglais, ou russes d’ailleurs.»

    Ce livre pourrait être LE livre de toutes les guerres : Vietnam, deuxième guerre mondiale, celles d’hier, d’aujourd’hui…de demain !

    Et c’est là la grande force de ce roman de William March.

    De l’embarquement pour la France au retour au pays, en passant par les tranchées de la mort, March nous crie à la figure, de mille et vives voix, la guerre.
    Soldat, sergent, caporal ou lieutenant, venus des lacs de l’Alabama ou de la campagne de Virginie, ces hommes vont mourir et survivre, rire et pleurer, trembler et tuer devant nos yeux.
    Des lâches et des courageux, des intrépides et des peureux, des déserteurs et des mutins…des hommes quoi.

    Après deux semaines de traversée entassés dans un navire voilà nos «boys» américains débarqués sur notre sol prêts à en découdre contre des «teutons» aussi inconnus que le pays où ils viennent combattre.

    Bienvenue dans les tranchées : vermine, rats, froid, boue, faim…et fin pour beaucoup !

    Puis les assauts, les «nids» de mitrailleuses, les pluies d’obus et les combats au corps à corps à la baïonnette.

    Terrible !

    Comme la rencontre avec cet allemand blessé, agonisant, qui fouille dans sa veste pour sortir de sa poche…la photographie de sa fille.
    «Le barbu a levé la main pour fouiller à l’intérieur de sa veste. J’ai cru qu’il allait nous jeter une grenade et je lui ai vidé mon pistolet dans le corps.»

    Insupportable !

    Comme ce soldat américian qui refuse de partir à l’assaut et qui sera froidement exécuté d’une balle par son supérieur.
    «-Sors de là ! il a crié encore.
    -Je vais pas plus loin, j’ai dit. J’en peux plus.»

    Révoltant !

    Comme ce courrier adressé aux parents d’hommes tombés au combat.
    «…il avait compris que toutes ces choses auxquelles vous, sa mère, lui aviez appris à croire sous les mots d’honneur, courage et patriotisme, n’étaient que des mensonges…»

    Hilarant !

    Comme cette scène où tout un bataillon de soldats américains se retrouvent nus comme des vers dans un champ près de Belleville pendant que leurs vêtements cuisent dans une étuve.
    C’est l’épouillage.
    «Au bout d’un moment, le champ s’est retrouvé entouré de spectateurs, surtout des femmes, qui s’étaient assises dans l’herbe pour regarder…»

    Emouvant !

    Comme ce soldat américain qui clame : «J’apprendrai à lire ! Quand la guerre sera finie, j’apprendrai à lire !…»

    Horrifiant !

    Comme ces descriptions de blessures.
    «Sa mâchoire avait été en partie emportée et elle pendait, mais quand il nous a vus il a tenu l’os décroché dans sa main et il a émis un son qui exprimait la peur et la soumission.»

    Désespérant !

    Comme ce jeune soldat qui vient de tuer un homme pour la première fois et qui pleure : «Je ne ferai plus jamais de mal jusqu’à la fin de ma vie…Plus jamais…Plus jamais !…»

    Démoralisant !

    Comme le retour au pays avec une gueule cassée, défigurée. Les retrouvailles avec celle qu’on aimait, avec elle qui vous aimait.
    Celle qui vous retrouve et vous regarde et dit :"Si tu me touches, je vomis.»

    La compagnie K a combattu dans l’Aisne, la Marne, la Meuse, à Verdun.

    Rendons leur hommage en lisant ce livre remarquable de lucidité.
    Dénonçons la guerre, toutes les guerres et ses planqués de généraux qui jouent aux petits soldats dans des salons onctueux de honte en lisant ce livre remarquable d’humanité.

    Un chef-d-oeuvre ?
    Peut-être…à vous de lire…à vous de le dire…

    «La seule chose qu’on sait, c’est que la vie est douce et qu’elle ne dure pas longtemps.», dernières paroles du soldat Manuel Burt.

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    Couverture du livre « Compagnie K » de William March aux éditions Gallmeister

    Frédéric Boillot de INTERLIGNES sur Compagnie K de William March

    Ce livre écrit en 1933 et publié pour la première fois en français, est le cri, le témoignage, le cauchemar, le souvenir, d'une centaine d'hommes, simples soldats ou officiers de la Compagnie K, engagée sur le front français en 1917 et il fut inspiré par l'expérience de l'auteur. Ce sont autant...
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    Ce livre écrit en 1933 et publié pour la première fois en français, est le cri, le témoignage, le cauchemar, le souvenir, d'une centaine d'hommes, simples soldats ou officiers de la Compagnie K, engagée sur le front français en 1917 et il fut inspiré par l'expérience de l'auteur. Ce sont autant de scènes brèves, diverses et sensibles, depuis les classes aux États-Unis et la traversée de l'Atlantique, jusqu'aux combats, à l'Armistice et au retour au pays, vécues ou observées par des hommes tour à tour hébétés, courageux, blessés, affamés, endeuillés, fragilisés, solidaires, rebelles et désespérés, qui décrivent l'inhumanité du conflit et les traumatismes subis.