Rentrée littéraire 2017 "Nue sous la lune" Violaine Berot (Buchet-Chastel)
Rentrée littéraire 2017 "Nue sous la lune" Violaine Berot (Buchet-Chastel)
Une liste des indispensables qui traitent du harcèlement
L’adversaire suprême, Dieu et même pas peur
Qui a lu Comme des bêtes sait la singularité de l’écriture de Violaine Bérot.
Nuits de noces, titre au pluriel pour souligner ce couple, la fille emprunte la voix de la mère pour dire cet extraordinaire qui a su durer.
Elle sculpte la forme en artiste accomplie, les mots sont à leur juste place, ont la sonorité belle. Les yeux lisent, l’ouïe retient ces notes et le livre vit et vibre chez le lecteur.
Un écho qui nous prolonge alors que l’auteur nous narre une histoire si particulière.
Une jeune fille élevée dans un milieu où être viril était être violent avec les femmes.
Le père, cette figure plus de peur que d’autorité, préfère voir sa fille aller à l’église car là elle ne risque pas d’être soumise à la compagnie des garçons.
Il a tout faux ce père.
Car dès la première seconde de sa rencontre avec le jeune prêtre, aux yeux jaunes, elle sait que c’est lui son homme. Lui seul, personne d’autre.
Qu’importe les obstacles, elle attendra des années, il sera à elle, elle à lui pour toujours.
Elle dit l’homme, l’amoureux et le père.
Un amour fort, indestructible construit chaque jour, un amour qui irrigue une vie.
Un texte éblouissant qui reste en nous et qui a aussi cette fragilité des akènes de pissenlit sur lesquels l’enfant souffle pour les voir flotter dans l’air sous son regard pétillant et son rire d’enfant.
Ce texte est magistral et un cadeau à ce couple hors du commun.
Impressionnant cette forme en vers libres, libres comme l’amour
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2024/02/11/nuits-de-noces/
Un homme est prisonnier dans un hangar avec des milliers d’autres. Étant dans l’incapacité de raisonner et de pouvoir communiquer avec ses semblables, il ne peut comprendre les motifs de son enfermement. Cet homme se replie sur lui-même avec un milliard de questions, le brisant un peu plus chaque jour.
« Partir et que cesse ce flot de pensées, qui tournoient dans ta tête. Partir et juste marcher, et puis laisser venir ce qui viendra. »
Violaine Bérot a joué avec mes nerfs dans ce court roman et c’est là qu’elle est douée. J’aime être bousculée, j’ai été servi.
Une lecture angoissante avec l’envie de savoir le pourquoi du comment mais qui finalement se retrouve en arrière-plan. Car c’est bien dans nos propres questionnements que Violaine Bérot veut nous amener. En très peu de pages, une foule de sujets est abordée : la politique, la société, la jeunesse, le couple, etc. Il n’y a pas de réponses toutes faites, c’est au lecteur de cogiter.
« La vie n’est qu’un jeu, à toi de savoir déplacer tes pions et inventer tes règles et choisir ton but, à toi d’être audacieux et créatif. »
Une lecture intéressante, qui ne me laisse pas indifférente même après quelques semaines et qui, avec du recul, demanderait une relecture.
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2023/07/04/39960183.html
Un père envoie sa fille à l'église pour éviter qu'elle ne se fourvoie avec les garçons.
Mais celle_ci tombe éperdument amoureuse du prêtre., convaincue qu'il sera l'homme de sa vie.
Et c'est effectivement ce qui arrive sept ans plus tard.
S'ensuivra une vie entière d'amour fusionnel et inconditionnel.
Quelle surprise de réaliser après ma lecture que cette histoire est celle des parents de l'auteure.
Comme elle a bien su la raconter cette magnifique histoire.
C'est vraiment une magicienne des mots et de l'écriture.
A chacun de ses livres, elle trouve le style qui desservira le mieux ce qu'elle raconte.
Ici, on est face à un grand poème en prose où tout s’enchaîne musicalement.
C'est très très beau, très émouvant.
On ne peut que se laisser entraîner par les mots, la musique, l'ambiance, la vie, l'amour.
Et on ressort un peu ko de ce court et magique livre.
Pour préserver son fils « différent », à qui sa forte stature, sa peur des hommes et son absence de langage ont valu le sobriquet d’Ours, Mariette a choisi de s’installer avec lui en marge de leur village isolé des Pyrénées. Cela fait maintenant des années qu’ils y vivent loin des regards, en quasi autarcie, lorsque des randonneurs découvrent une fillette de six ans, nue, dans les parages…
Les éloges sont unanimes sur ce livre et l’on comprend pourquoi. Cette histoire admirablement contée est un cri de colère contre l’intolérance d’une société normative, que l’auteur a elle-même rejetée en quittant tout, il y a vingt ans, pour élever chèvres et chevaux dans ces mêmes montagnes pyrénéennes. C’est, lui aussi, loin des hommes et au contact des bêtes, au plus près de la nature, que le fils de Mariette a trouvé à s’épanouir, dans une forme de bonheur et une liberté que la « civilisation » va néanmoins s’empresser d'anéantir. La langue est fluide, le drame frappant, et la construction habile. Tandis qu’en entame de chaque chapitre, la psalmodie des divinités de la montagne et de la maternité contrariée bercent le lecteur de leur lamentation tragique, celui-ci découvre peu à peu le drame qui s’est déroulé, au travers des dépositions successives des témoins interrogés dans l’enquête. Se dessinent ainsi une palette de points de vue, parfois fermés et intolérants, souvent bienveillants ou au pire indifférents. Toujours est-il qu’au nom de principes censés protéger le citoyen, la parenthèse de liberté qui ne coûtait rien à personne s’est bel et bien refermée…
Hymne à la liberté et au droit à la différence, en particulier à propos du handicap, ce livre bien conçu et bien écrit aurait dû me séduire. C’est pourtant une tout autre colère que celle de l’auteur qui me reste après cette lecture. Car oui, notre société, très normative, laisse peu de place à la différence. Le culte de la croissance économique et de l’argent y a supplanté toutes les autres formes de bonheur, au nom d’un progrès matérialiste qui uniformise peu à peu la vie de par le monde. Que l’on soit l’héritier d’une autre culture et d’autres valeurs, ou que le handicap vous empêche d’être comme tout le monde, l’on attendra de vous de vous normaliser. Ainsi par exemple, aussi inadéquat que cela puisse paraître parfois, un travailleur handicapé devra être rentable. Pas « d’aide par le travail » pour ceux qui ne peuvent pas l’être… Alors, quand on est parent d’un enfant « différent », ce n’est certainement pas la marginalisation et l’isolement que l’on s’en va chercher. Parce que, quand on ne sera plus là, il faudra bien qu’il puisse poursuivre son existence sans nous. Quel est donc cet amour maternel qui enferme l’Ours dans sa marginalité ? Peut-on vraiment vivre heureux au seul contact des chèvres, dans la solitude la plus absolue ? Et comment vanter le bonheur d’une enfant sauvage, grandissant sans langage au seul contact d’un âne et d’un autre asocial ? Non, quand on est parent d’un enfant handicapé, on ne veut certainement pas qu’il ait à vivre « comme une bête ». Quand on est « différent », l’on ne rêve que d’être accepté comme on est, pas de se cacher. Et si le retour à la nature convient à certains, c’est un choix qui devient très égoïste lorsqu’il implique de l’imposer à d’autres qu’à soi-même.
Une divergence fondamentale de point de vue m’empêche donc d’apprécier totalement ce roman par ailleurs intéressant, bien écrit et agréable à lire. Il y a une différence de taille entre choisir de quitter le monde et désespérer d’y trouver sa place : celle qui sépare la liberté de la nécessité vitale. Pour moi, le handicap vous cantonne généralement dans le second cas.
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