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Olympien, « À la fenêtre elle se pose » est une histoire profonde, magnifique, grave aussi. Digne et appliquée, on ressent d’emblée cette capacité d’humanité qui berce les lignes. Georges O’ Reilly est soldat. Au cœur du Viêt-Nam à mille mille de la Pennsylvanie. En proie aux doutes, à la cruauté des siens. Il ressent le vide abyssal et cette complainte de l’inutilité des guerres.
« Épuisé, il se laissa glisser le long d’un tronc de bananier. Cette sereine atmosphère exotique ne changeait rien à la frayeur qui le tenaillait. L’idée de mourir à vingt-cinq ans loin de sa Pennsylvanie natale, et dans une guerre qui n’était pas la sienne. »
Blessé, il se réfugie dans une masure. Il ne craint d’autre que lui-même et les soldats. Se confondre sans crainte dans cet espace neutre. L’écriture est douce. Main aérienne posée subrepticement sur le front des souffrances. Cet homme perdu dans une guerre dont les clefs n’ouvrent que les meurtres, les pièges et la domination d’un pays sur un autre. On ressent une teneur théologale, maîtrisée à l’extrême par Véronika Buniatishvili. Une histoire qui témoigne par trois parchemins : Viêt-Nam, 1969, Paris, 1983, et quand le passé rejoint le présent.
« La grotte était devenue leur nid d’amour. »
Georges et Thi-Lan s’aiment. Enfants de la désespérance et des interdits. Georges doit repartir. Leur fusion éclatée au grand jour, la blessure de guerre sera l’alibi pour la hiérarchie. Êtres universels, l’amour malvenu, comme une trahison. Georges fait la promesse de revenir chercher Thi-Lan, après ce temps de guerre dans le suspendu entre la pacification et la résilience. Mais, rien ne va se passer ainsi. « À la fenêtre elle se pose » est le roman de l’attente. Lumineux et bien au-delà de cette histoire plausible se trouve l’idiosyncrasie des peuples qui se déchirent. Les habitus qui foudroient de plein fouet la fraternité et l’amour du prochain. L’étrange (er) pris en tenaille sur les barbelés des incompréhensions. De cette fatalité, boue collée sous les chaussures, le destin signe la voie. Des êtres vont mutiler leur vie et leurs espoirs dans ce magma de l’hostilité qui persiste. Ce livre est le liant. Ce qui peut advenir si le regard au-delà de la fenêtre fuit par les nuages et rejoint l’autre rive. Port de toutes les attaches, les protagonistes sont reliés avant l’histoire même, dans le champ des possibilités. Le socle avéré des destinées entrecroisées. Murailles encerclées, passage des rais de concorde. Envers et contre tout, franchir les frontières mentales. C’est cela la beauté de ce livre bleu-nuit. La confiance dans l’altérité, malgré les balles sifflantes, les distances entre deux êtres. La résistance aux épreuves, allouée par l’advenir de ce récit voûte lactée qui rassemble l’épars et insiste sur la noblesse des sentiments. Un livre salvateur et exemplaire, unique et majestueux. Publié par les majeures Éditions Pera Melana
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