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Je ne lis pas souvent de témoignages, mais lorsque j’ai vu celui-ci dans les partenariats Livraddict, je n’ai pas hésité. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un témoignage d’une femme atteinte de deux troubles psychiatriques (la bipolarité et la schizophrénie) et que, vous l’aurez compris, c’est un sujet qui me touche personnellement et m’intéresse donc particulièrement. De plus, il s’agit d’un témoignage assez court, d’une centaine de pages, et vu mon emploi du temps chargé du moment, cela me semblait idéal ! Bref, j’attendais plutôt beaucoup de ce témoignage … et je dois bien avouer que je ne sais finalement pas trop quoi en penser.
Valérie souffre donc de bipolarité. Qu’est-ce que le trouble bipolaire ? Pour résumer simplement, il s’agit d’une maladie psychiatrique (n’ayons pas peur de ce mot) qui entraine des variations cycliques d’humeur disproportionnées. C’est-à-dire que, pendant quelques mois par exemple, la personne malade va ressentir une exaltation proche de l’hystérie, d’une excitation incontrôlable … phase qui sera suivie d’une période dépressive. Et le cycle reprend à zéro quelques mois plus tard. Mais Valérie souffre également de schizophrénie et de dédoublement de la personnalité. Et non, ce n’est pas la même chose, même s’il arrive effectivement assez fréquemment que les malades souffrent des deux. Les symptômes majeurs de la schizophrénie sont les hallucinations, le sentiment de persécution ainsi que des difficultés de communication avec autrui. Et en parallèle, Valérie a un déboulement de la personnalité, qui a donné naissance à Mary, ce elle qui n’est pas elle.
Tout cela, Valérie nous le décrit bien. Très bien, même : au fil des pages, on découvre progressivement ces différents symptômes et surtout leurs répercussions sur la vie de Valérie et de sa famille. On découvre les enchainements, aussi, entre toutes ces manifestations de ses maladies. Parce que, parfois, une chose en entraine une autre, et c’est le début d’un cercle vicieux dont elle ne sait comment se sortir. Mais à travers ses mots, on comprend également la douleur, la solitude. Parce que Valérie a caché tout cela à tout le monde, ou presque. Elle a tout gardé en elle, pour elle. Pour ne pas inquiéter ses proches. Pour ne pas être définie par sa maladie aux yeux des autres. Mais peut-être aussi, comme on le remarque rapidement, parce que finalement, Valérie aime cette maladie, aussi étrange que cela puisse paraitre.
Et on arrive ici au point qui m’a dérangé lors de ma lecture : la personnalité de Valérie. Dans ce livre, Valérie a fait le choix de la sincérité absolue : elle ne tait rien au lecteur, elle se dévoile enfin, et totalement. Le meilleur comme le pire. Et le pire, elle l’assume, elle n’en a pas honte, voire même, elle en est fière, heureuse. Grâce à sa maladie – oui, c’est ainsi que c’est décrit –, elle a su comment manipuler, mentir, trahir … les autres. Et elle aime ça. En toute âme et conscience. Parce qu’il faut bien dissocier ici ce besoin maladif de manipuler les autres, qui arrive fréquemment aux malades atteints de ces troubles, et l’appréciation qu’on a de ses actes une fois la transe terminée et la lucidité retrouvée. Et ce qui m’a dérangée chez Valérie, c’est clairement ce côté de son caractère : là où d’autres auraient rétrospectivement honte de ce qu’ils ont pu réaliser pendant cette phase « hors de contrôle », elle, elle avoue aimer cela. Donc voilà, je loue sa sincérité, mais la morale que j’ai reçue de mes parents durant mon enfance fait que je suis vraiment gênée par cet aveu.
Valérie nous parle comme elle le ferait sur la terrasse d’un café : simplement. Elle ne s’embarrasse pas de longues phrases alambiquées. Elle nous raconte ce qu’elle a à nous dire, elle ne l’enjolive pas, ne le met pas en scène. Elle se confie à nous, tout simplement, tout spontanément, avec les mots qui viennent. J’aime cette sobriété, ça correspond vraiment au genre du témoignage, je trouve : l’important, ce n’est pas faire de belles phrases littéraires digne des plus grands romanciers, mais de se livrer, tout simplement. Mais, et j’ai trouvé ça assez sympathique même si je ne lis pas beaucoup de poésie, chaque « chapitre » commence par un poème. Ce sont donc ces petits interludes poétiques qui apportent cette touche de « beauté littéraire », on va dire, qui compensent la simplicité qui règne dans le reste de l’ouvrage. C’est un petit plus pour ceux qui ont la sensibilité poétique !
En bref, Valérie Labasse-Herpin nous offre ici un témoignage vibrant de sincérité qui aide le lecteur à mieux comprendre cette affection peu commune et peu connue. D’ailleurs, pour ceux que cela intéresse, un ami à moi vient de m’apprendre qu’il existait un nom pour cette « association » entre trouble bipolaire et schizophrénie : il s’agit du trouble schizo-affectif, aussi appelé schizophrénie dysthymique.
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