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Il faut toujours lire les postfaces proposées par les auteurs, celle de Je vis la bête surgir de la mer plus encore tellement elle apporte une couche de profondeur à ce polar historique réussi en présentant les faits réels à son origine. Ulrich Effenhauser, historien de formation, a choisi d'éclairer un aspect paradoxal et méconnu de l'après Deuxième Guerre mondiale : le recyclage des criminels nazis dans les services secrets soviétiques, d'autant plus ahurissant que l'URSS et les démocraties populaires d'Europe de l'Est se sont toujours présentés comme les chantres de la lutte antifasciste. L'auteur s'inspire ici d'un scandale qui a éclaté après la chute du communisme, lorsqu'un procès a révélé l'identité réelle d'un notable bavarois, en fait criminel nazi sudète ayant commis des exactions en Tchécoslovaquie avant d'espionner un centre de l'OTAN en RFA au profit des services secrets communistes tchèques.
Le personnage principal est le commissaire allemand Heller, convoqué en 2008 comme témoin dans un procès qui le replonge en 1978 lorsqu'il enquêtait tout jeune sur deux meurtres jamais élucidés. Trente ans après, l'ouverture des archives soviétiques ouvrent de nouvelles perspectives et lui permettront de trouver l'identité du double meurtrier ainsi que ses motivations. Je tairai volontairement toute information sur le deuxième meurtre, si ce n'est qu'il conduit à une enquête officieuse à Prague. Pour le premier, il s'agit d'un professeur de musique, assassiné à l'explosion d'une bombe dans sa voiture, attentat revendiqué par la Fraction Armée rouge ( la Bande à Baader, groupe terroriste d'extrême-gauche ).
Ulrich Effenhauser a composé une intrigue très sophistiquée, emplie de ruptures spatio-temporelles, incluant des documents / lettres / archives, rendant la trame parfois peu lisible, presque confuse, même si le dénouement éclaire l'ensemble avec conviction. J'ai parfois un peu décroché, d'autant que j'ai trouvé le personnage principal plutôt falot. J'aurais aimé que l'auteur creuse plus sa personnalité, lui qui a été élevé par des parents nazis convaincus, allant dans leur zèle jusqu'à lui attribuer le prénom d'Alwin pour qu'il ait les mêmes initiales que Hitler ( Alwin Heller, A. H. ). Plus étayé, ce fossé générationnel entre les parents et les enfants, cette blessure indélébile liée aux comportements de ses aînés, auraient été passionnants à suivre.
Malgré ces réserves, j'ai apprécié cette lecture car elle m'a totalement immergée en reconstituant de façon très convaincante le vécu tragique de cette région des Sudètes, fracassée par l'histoire, tour à tour occupée par l'Allemagne nazie puis l'URSS. Lorsque le roman bascule dans les années 1970, la reconstitution est tout aussi stimulante, entre années de plomb et guerre froide finissante. Au final, cela donne un polar atmosphérique à la fois mélancolique et lucide
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