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Une couverture sage mais un roman qui soulève bien des interrogations et des débats. L'homosexualité, l'inceste, l'amour, l'enfance et la découverte des sens, les blessures également de cette enfance. Un roman donc qui ne laisse et ne doit pas laisser indifférent et qui se lit bien.
On entre dans une intimité douce autant que révoltante dans le fait que les secrets de famille se dévoilent, les tabous cherchent à se défaire mais rien n'est évident autant dans cette fiction que d'ailleurs dans la réalité de la vie.
Peut-être pourtant un reproche à faire à ce roman lorsqu'on voit désormais la jeunesse d'aujourd'hui qui semble bien plus mure. Doit-on parler encore d'enfant pour un adolescent de quinze ? La frontière est certes petite entre l'enfance et l'adolescence et il n'y a parfois qu'un pas selon les situations. Cependant, l'auteur semble-t-il a voulu marqué l'amour par la différence d'âge qui choque.
Deux questions aussi sont soulevées : devient-on homosexuel ou est-ce ancré en soi dès le départ ? Ici, les sens tanguent dangereusement pour la découverte de soi, même pour les hétérosexuels. L'éducation également prend une place importance pour l'avenir. Les parents jouent un rôle dans l'avenir de l'enfant autant que les gens rencontrés par la suite.
Un roman donc abordable, un bon moment de lecture dommage que l'histoire semble freinée dans sa profondeur avec des moments intimes mis un peu entre parenthèses et rapidement passés. Est-ce la peur de trop en dire ? La peur du "quand dira-t-on" ? Ce roman aurait-pu être plus marquant encore, plus intimiste, plus dans l'émotion s'il avait dépassé un peu plus la naïveté de son côté première fois.
Déception ? Non bien évidemment. Peut-être un peu trop sage.... Voulu ?
Je suis curieuse de nature. Il est donc très facile de m'attirer, surtout en matière de littérature. Une couverture, un résumé, un titre, une polémique, il y a tout un tas de chose qui peuvent me donner envie de lire un livre. Pour Sage comme une image, c'est le côté prétendument immoral qui m'a attirée. En effet, cette histoire est celle d'un écrivain, adulte, qui tombe sous le charme d'un adolescent de quinze ans, fils de diplomates. Alors je vais immédiatement balayer l'aspect éthique de cette relation. Je n'ai pas été choquée par celle-ci, contrairement à ce que je pensais. Kristian n'a rien d'un enfant et il fait des avances explicites à l'écrivain, certes ben plus âgé que lui. Kristian est sexuellement majeur et jouit d'une relative indépendance. La différence d'âge ne me choque pas dans ce contexte. Donc je ne m'arrêterai pas la-dessus plus longtemps. Un détail m'a cependant gêné : c'est un passage à la limite de l'inceste entre Kristian et son frère. Cela m'a dérangée, d'autant plus que je ne pense pas ce passage nécessaire.
Cette histoire dans son ensemble m'a plue. C'est une romance interdite, ce qui donne du piquant. Les personnages principaux sont bien pensés. Au départ, Kristian est un sale gosse. Il apparaît comme un adolescent trop gâté. On a envie de lui mettre des baffes. Mais très vite, on sent sa souffrance, la douleur cachée sous son comportement provocateur. On découvre une personnalité complexe, forgée par une enfance très étrange et un rapport au genre et au sexe très particulier. Kristian est un personnage d'une cohérence sans faille. Il est attachant malgré sa sensibilité à fleur de peau et ses caprices. Joren quant à lui est un écrivain un peu fantasque, tiraillé par son besoin d'indépendance et sa peur des conséquences d'une relation avec un adolescent. Pourtant, il vit le moment présent. Sa relation à Kristian est telle celle d'un drogué face à sa came. Cette relation est intense et l'auteur a su retranscrire cette intensité à merveille. Le décalage entre la maturité de l'écrivain et la nonchalance du lycéen est merveilleusement bien décrit. L'histoire n'est pas d'une originalité transcendante mais le contraste entre l'innocence et la désillusion, parfois réunis dans la même personne, suffit à donner du piquant à cette passion dévorante et interdite. Je regrette que les personnages secondaires aiaent été plutôt délaissés. Seuls les parents de Kristian nous sont dévoilés dans toute leur complexité vers la fin de l'histoire. Et puisqu'on parle de la fin, je dois dire qu'elle m'a agréablement surprise. Très étrangement, elle est un message d'espoir.
La plume de Tan Hagmann m'a laissée perplexe au départ. J'ai eu du mal à trouver la régularité habituelle des mots. Les phrases sont parfois déstructurées, coupées étrangement, les virgules prennent des positions inattendues et le langage soutenu côtoie de près des termes plus familiers. C'était déroutant. Mais il a suffit de quelques pages pour que je m'habitue à la musicalité toute particulière de cette plume. J'ai découvert après ma lecture que l'auteur travaillait dans une école de jazz. J'ignore ce qu'elle y fait mais cela correspond bien à mon ressenti. Le jazz a cela de génial qu'il est d'une richesse incommensurable. Tantôt organisé à la note près, tantôt laissé libre d'improviser. Une fois habitué, on se laisse porter par le jazz comme par les mots de Tan Hagmann.
Verdict : ♥♥♥♥ Sage comme une image est une lecture très intéressante. J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette romance interdite. Le personnage principal a une histoire très touchante qui le rend singulier. Sous la plume étrange mais sublime de Tan Hagmann, les personnages prennent vie et nous emmène avec eux dans leur ode à l'amour.
Plus : http://sweetie-universe.over-blog.com/2016/08/fiche-livre-sage-comme-une-image-tan-hagmann.html
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