Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Ils sont cinq veilleurs : Maria, Hervé, Marie Dupont, Saliou et Marie Cosnay, ils se trouvent en France, en Espagne, au Sénégal et sont interviewés par Taina Tervonen.
Certains sont en première ligne, ils assistent les bateaux, sont en lien avec les passagers, préviennent les secours si besoin. C’est émotionnellement très dur d’entendre des appels au secours puis le silence. Dur de rassurer les passagers quand on sait que le navire de secours espagnol a fait demi tour car l’embarcation se trouve dans les eaux territoriales marocaines et que les gardes côtes marocains ne sont pas pressés d’arriver…
D’autres essaient de faire les comptes et de recenser le véritable nombre de morts bien supérieur aux annonces officielles. Ils essaient de dénombrer les embarcations parties et qui ne sont jamais arrivées.
D’autres enfin répondent aux demandes des familles, essaient de localiser les disparus, d’identifier les morts anonymes.
Ces naufrages ne font plus que quelques entrefilets dans la presse, on n’en parle uniquement que lorsque le nombre des morts est important ou que l’on retrouve des corps. Combien de corps anonymes et non recensés au fond de la Méditerranée et bientôt au fond de la Manche ?
Ces hommes, ces femmes, ces enfants prennent la mer car ils n’ont pas le choix. Ils prennent tous les risques dans l’espoir d’une vie meilleure, dans l’espoir d’aider les leurs restés au pays. Que ferions nous à leur place ?
Il y a heureusement des hommes, des femmes, des associations qui les aident, tout en faisant attention à rester dans la légalité pour ne pas risquer d’être considérés comme passeur.
Et à côté, il y a les profiteurs, pas seulement les passeurs, mais aussi ceux qui exploitant la douleur des familles leur extorquent de l’argent en échange de prétendues informations sur leurs disparus.
Ce livre est indispensable.
J'avais déjà lu un texte de cette auteure : "Les Otages : Contre-histoire d'un butin colonial" était un récit-enquête passionnant dans les archives et avec des rencontres de spécialistes ou "experts" du sujet.
Pour "les veilleurs", il s'agit du recueil de témoignages d'hommes et de femmes, qui ont décidé d'aider, de veiller, de témoigner sur les naufrages de migrants dans la Méditerranée. Certains ont été "anomysés et d'autres témoignent avec leur vrai nom, comme Marie Cosnay, qui a écrit de beaux textes sur ses actions.
Ces hommes et femmes ne sont pas sur le terrain mais derrière des écrans ou au téléphone. Ils sont "les veilleurs", qui peuvent donner la météo marine pour empêcher des naufrages, échanger avec les personnes en exil, alerter les garde-côtes ou, bien trop souvent, accompagner les proches dans la recherche d’un disparu. Leurs gestes sont urgents, méthodiques et quotidiens. À cinq, ils forment un réseau informel qui porte secours aux personnes déterminées à tenter la traversée vers l’Europe.
Ce texte prouve une fois de plus qu'il ne faut pas oublier qu'il y a des humains derrière des chiffres, des quotas et des statistiques. Et ce texte donne espoir dans l'humanité et heureusement qu'il y a des gens et des associations qui s'impliquent, aident, témoignent.
Un texte humain, plein d'espoir.
Une lecture éprouvante sur le sujet et de plus, on entends quasiment quotidiennement des annonces de naufrages et nous avons un sentiment d'impuissance. face à ces morts et avoir l'impression que la Méditerranée devient un cimetière et qu'il y a des humains sans sépulture.
En écho à une soirée de soutien à SOS Méditerranée, un concert dessiné d'une BD d'Hippolyte avec Eric Truffaz à la musique en direct.
#LesVeilleurs #NetGalleyFrance
Les veilleurs, ce sont celles et ceux qui s’occupent des migrants disparus en mer. Qui annoncent la météo marine, qui surveillent la progression des embarcations, qui contactent les autorités en cas de bateau en détresse, qui donnent des nouvelles aux familles, qui diffusent des avis de recherche, et surtout, qui offrent une oreille attentive aux passagers eux-mêmes ou à leurs proches. “Avec un smartphone et les réseaux sociaux, ils réussissent là où les institutions échouent.”
Dans ce livre, la journaliste Taina Tervonen rencontre cinq de ces veilleurs, leur consacrant un chapitre chacun. Installés en Europe, ils créent le lien avec un autre monde, au Niger, en Libye, en Tunisie, entre les passeurs, les coxeurs, les autorités, les réfugiés, les familles. Les chiffres que chacun annonce sont terrifiants, bien au-delà des bilans des médias - “quand il n’y a pas de survivants, il n’y a rien dans la presse” - et sans doute pourtant bien loin de la réalité. Les histoires aussi sont épouvantables, comme lorsque des pompiers italiens ont dû sortir 45 corps d’une cale de bateau. Ou lorsque les veilleurs doivent annoncer à des parents la mort de leur enfant.
“Les bateaux vont se mettre à exister à travers vos voix.” Le travail de Taina Tervonen, restitué presque entièrement en dialogues, brise le silence et l’indifférence, à défaut de pouvoir briser les frontières.
De temps à autre, il est question dans l’actualité d’un énième naufrage de bateau de migrants en Méditerranée ou quelque part entre les côtes africaines et les îles Canaries.
Pourtant, ce qui apparaît dans les médias ne représente que la partie émergée d’un iceberg qui semble en constante expansion. Taina Tervonen explique que « La migration est devenue un sujet de plus en plus difficile à aborder dans la presse, et les médias rechignent à financer des enquêtes au long cours, coûteuses et chronophages. Que des gens meurent en mer n’a rien d’un scoop. C’est devenu le cours normal de la vie, une actualité qui ne mérite presque plus d’être chroniquée. Il n’y a guère que le spectaculaire qui suscite encore l’attention : un naufrage particulièrement meurtrier, suffisamment proche des côtes européennes, mettant en cause des responsabilités européennes, comme cela a été le cas pour le naufrage de l’Adriana en juin 2023, au large des côtes grecques. Plus de 600 personnes ont péri ce jour-là, suite aux manœuvres des garde-côtes grecs tentant de remorquer le bateau pour l’éloigner des eaux territoriales du pays ».
Pour éclairer sous un autre angle ce sujet banalisé en Europe, l’autrice, également journaliste, a décidé de dresser le portrait et de restituer les récits de cinq veilleurs, cinq hommes et femmes, en France, en Espagne, au Sénégal qui, à distance, aident les candidats à la traversée. Via le bouche à oreille et les réseaux sociaux, ils ont peu à peu construit un réseau informel d’entraide. Quand une traversée se décide, ils fournissent aux migrants les prévisions météo puis, une fois le bateau en route, ils suivent son trajet et restent en contact téléphonique avec une personne à bord jusqu’à l’arrivée au port ou des secours, ou jusqu’au drame. Ils alertent les garde-côtes en cas de naufrage. Et quand un bateau disparaît des radars, ils sont contactés par les proches des passagers pour tenter de retrouver leurs traces.
Avec eux, Taina Tervonen a été témoin, depuis son salon, de l’horreur (« J’ai entendu un de ces appels de détresse, quatorze secondes de terreur condensée, des cris, « on est en train de mourir », un enfant en arrière-plan qui hurle comme un enfant qui a compris que les adultes ne sont plus maîtres de la situation. »), qui se déroule dans l’indifférence générale des médias et des gouvernements. Pire, c’est aussi le cynisme de ces derniers qui contribue à empiler les cadavres sur les fonds marins. Par exemple, les garde-côtes espagnols ne peuvent/veulent intervenir hors de leurs eaux territoriales, alors que parfois ils sont bien plus proches du bateau en danger que leurs homologues marocains…
Au-delà de l’aide directe aux migrants ou à leurs familles, les veilleurs font aussi œuvre documentaire : ils tiennent une comptabilité aussi rébarbative que morbide : des registres avec des noms de bateaux, des dates, des nombres et des noms de personnes à bord, hommes, femmes, enfants, arrivés à bon port ou portés disparus…
Dans son livre, Taina Tervonen met en lumière quelques-uns de ces êtres qui n’ont renoncé ni à l’humanité ni à l’espoir, et qui résistent dans l’ombre pour qu’on n’oublie pas ceux et celles qui meurent échoués à nos frontières.
Un livre plus glaçant que les eaux de l’Atlantique en plein hiver, et nécessaire. « …il existe, partout dans le monde, des veilleurs et des veilleuses, des résistant.es de l’ombre qui, à titre individuel, œuvrent pour plus d’humanité aux frontières et de respect pour les morts. Si vous en croisez un ou une, écoutez ce qu’il ou elle a à vous raconter, et ne laissez pas l’histoire mourir dans vos mains ».
En partenariat avec les Editions Marchialy via Netgalley.
#LesVeilleurs #NetGalleyFrance
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Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
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