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On rencontre parfois des livres qu'il est bien difficile d'une part de résumer et d'autre part de chroniquer. En voilà un exemple type. Vraiment décalé et barré, j'avoue ne pas trop savoir quoi en dire en débutant mon billet.
Une chose sûre, c'est que j'ai aimé ce bouquin. le ton est résolument drôle, ironique, un humour que personnellement, j'adore : "Alek trouvait que tous les flics se ressemblaient ; celui-ci ne portait pas la casquette réglementaire, sa chemise sortait de son pantalon, mais il avait bel et bien des moustaches et des lunettes fumées." (p.96) On ne sait pas bien où ça se passe, sans doute en Amérique latine, sous une dictature qui comme toutes les dictatures surveille et impose, et communique par la radio d'État qui n'émet pas très bien. Le pays est coupé en deux, l'Est et l'Ouest sans qu'on sache vraiment la différence entre les deux parties. On y vit dans un Printemps Éternel. Dans ce monde là Alek vivote : "Alek travaillait depuis près de deux ans dans une église. Une église sans clocher. Il s'occupait de l'entretien. En fait, la majeure partie de ses tâches consistait à restaurer, réparer, recycler ou remplacer les objets dont les fidèles essayaient de s'emparer pendant les messes." (p.16) Et vivre comme cela lui va bien. Du rhum, du café, une cigarette lorsqu'il peut en trouver une, car c'est une denrée rare et interdite, un peu d'argent pour mettre dans sa vieille guimbarde qu'il tient de son oncle Octavio qui a péri dans l'incendie de sa maison. Apprendre qu'il est probablement la réincarnation d'une légende sportive du pays perturbe un peu son existence et l'emporte au-delà de ses désirs.
C'est une lecture vraiment agréable, joyeuse et décalée que les éditions Bruit blanc et Rodolphe Lasnes proposent. Un de ces romans dont on se dit en tournant la dernière page qu'il nous ont fait passer un grand moment de plaisir et dont certaines images resteront sans doute à l'esprit. Il y a de fortes similitudes avec les livres de Horacio Castellanos Moya, notamment, La servante et le catcheur ou Le bal des vipères. Et comme j'aime beaucoup cet auteur, je suis tombé en plein dans un univers qui me ravit.
Quoi dire de plus ? Pas facile, tellement le roman fourmille de trouvailles, d'irruptions d'objets, d'animaux ou de faits bizarres. Et puis, je ne vais pas raconter des bêtises, juste pour faire long et combler quelques lignes. Ou alors, je peux ajouter que la mise en page est soignée (un bon point pour l'éditeur) et que la couverture est très belle, sobre (signée Bénédicte Battesti) ; elle me rappelle forcément le fameux éléphant de Nantes qui se promène avec une maison sur le dos (voir le site des Machines de l'île), l'autre livre de cette maison d'édition que je vais lire bientôt présente également une couverture blanche avec un dessin sobre du plus bel effet.
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