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Minuit dans la ville des songes m’a emporté sur les pas de René Frégni, cet homme si chaleureux, à l’écriture qui prend aux tripes grâce à sa franchise et à sa spontanéité.
Ce roman est plutôt un récit, celui de sa vie, une vie pleine de rebondissements pour ce gamin, ce minot de Marseille, le pire cancre de la ville qui évoque Sartre, brillant élève à Paris, lui.
S’il est poussé vers les mots, René Frégni doit attendre car, à 12-13 ans, il traîne avec les voyous de Marseille, une bande d’Apaches qui va au ciné à l’œil et commet des larcins sans négliger les filles dites de joie.
Ce garçon a été renvoyé de quatre collèges. Il fait le désespoir de sa mère qu’il aime tant et qui tente de l’inscrire dans le privé sans plus de réussite. À 16 ans, il tire un trait définitif sur l’école même si sa mère tente une dernière option : les cours par correspondance. Cela aura au moins le mérite de déceler une énorme déficience de son œil gauche ; René a absolument besoin de lunettes pour lire…
C’est toujours aussi bien raconté. C’est vif, précis, percutant, plein d’émotion et je suis absorbé par cette histoire dont je vous passe les détails pour arriver à la convocation pour le service militaire, direction Verdun… sauf qu’il se présente à la caserne avec quelques semaines de retard. Aussi, direct au cachot, à 19 ans, où, surprise, il retrouve Ange-Marie Santucci, camarade des mauvais coups, à Marseille. Ces retrouvailles sont fondamentales pour René Frégni car Santucci lui parle du pouvoir des mots et lui fait apporter des livres et ses lunettes par l’aumônier. Or, le premier roman qu’il lit, c’est Colline de Jean Giono, livre qu’il dévore en une journée.
Vient alors une série impressionnante de livres dont il parle avec Ange-Marie Santucci. Grâce à un dictionnaire de poche et un petit carnet, toujours au cachot, René Frégni progresse rapidement. Santucci lui explique Camus. Il découvre Hemingway, Boris Vian, bien d’autres et livre un texte éloquent, prenant, émouvant, très bien écrit, à propos du pouvoir des mots et de la lecture.
Si Santucci le fait rêver de Bolivie et du Che, voilà l’auteur obligé de passer par un régiment disciplinaire. Ses réflexions à propos de la guerre sont si justes qu’il est inconcevable de voir que les êtres humains continuent encore à guerroyer.
De son écriture délicieuse, imagée, directe et tellement touchante, René Frégni me fait passer dans des lieux comme Forcalquier, Manosque, Bastia. C’est une véritable ode à la littérature avec, chaque fois, en quelques mots, l’essentiel du livre qu’il vient de lire et ce qui l’a le plus touché. S’il gagne Nice puis l’Italie, je me retrouve en plein thriller qui m’emmène jusqu’à Istanbul avant de retrouver Manosque où Jean Giono vit encore, dans sa maison, sur un flanc du Mont d’Or.
Quand on est fidèle aux Correspondances de Manosque, c’est un vrai régal de lire cet épisode traité avec humour, une grande délicatesse et le sens de la formule. Loin de se calmer, René Frégni continue d’accumuler les expériences, aime les filles du Midi, et je suis très étonné par l’endurance et la force de cet homme qui doit vaincre quantité d’obstacles, se faire éditer pour réussir à devenir ce qu’il est aujourd’hui : un écrivain reconnu. Il écrit la nuit, dans sa tête, et, le matin, sur son cahier rouge, tout ce qui a traversé son subconscient prend forme.
Minuit dans la ville des songes m’a passionné, intrigué, fait trembler, ravi, fait rêver de bout en bout tout en m’apportant de merveilleuses définitions de la lecture puis de l’écriture. De plus, René Frégni a su parfois m’emmener en pleine nature, au hasard d’une balade, pour un vrai bain de fraîcheur et de poésie.
Cette lecture dont je n’ai évoqué qu’une petite partie, m’a profondément marqué et je la recommande chaleureusement comme je le fais aussi pour Les vivants au prix des morts et Dernier arrêt avant l’automne.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/10/rene-fregni-minuit-dans-la-ville-des-songes.html
Un must, une pépite à lire sans modération. Cette histoire est insensée, qui plus est avec le vocabulaire de René Frégni!
J'ai découvert René Frégni lors de son passage à la Grande Librairie, il m'a aussitôt séduit par son vocabulaire imagé, rempli du soleil du midi. Cette histoire de Charlie Hasard est incroyable, elle en dit long sur le monde de l'édition littéraire.
Ça commence comme du Giono, garrigue, ciel bleu et chants d’oiseaux, ça continue sur l’air d’une ancienne rencontre aux Baumettes et ça se termine en cavale avec, en prime, quelques cadavres.
René Fregni, tel qu’en lui-même, livre un récit où se mêlent aux parfums de Manosque des effluves marseillais qui ne sentent pas toujours très bon. Kader, un détenu qui assistait à ses ateliers d’écriture en prison, sans y avoir jamais écrit une ligne, le contacte. En cavale, il a besoin pour quelque temps d’une planque sûre. Ces jours-là se prolongent entraînant planqueur et planqué dans une ronde mortelle. Le fracas des balles se heurte au silence des mots. Pourtant, au-dessus de la furie du monde plane l’intelligence des femmes — les pages consacrées à Isabelle sont simplement lumineuses ¬—¬ et l’alchimie de l’écriture.
Celle de Frégni est limpide. Pas de fioritures inutiles, pas de pédanterie. Il écrit avec des mots de tous les jours, des mots humbles qui tombent juste. Il se plaît à dire qu’il n’écrit que des livres que sa mère aurait pu lire. Sans doute, mais Frégni est d’abord un écrivain qui joue avec brio sur différents registres qu’il imbrique à loisir : la Provence, le monde du crime et les femmes.
Un polar aux accents de journal intime ou l’inverse ou, plus simplement, un beau roman.
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