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50 ans de carrière, une exposition au Centre Pompidou du 22 novembre au 1er avril 2024... Un événement et une auteure, Posy Simmonds, que Denoël fête dignement avec cet album qui offre un menu en 3 étapes: livret de l'expo, histoires inédites dont "True love" et un long entretien.
La première partie nous offre les plus belles pièces de l'exposition, tout droit sorties des cartons de l'artiste. qui balaient plus de 50 années: des dessins de jeunesse, des illustrations de presse, des extraits de ses contes pour enfants puis de ses romans graphiques, mais aussi quelques photos accompagnées de textes de Paul Gravett, commissaire de l'exposition.
Viennent ensuite quatre histoires inédites, savoureuses et malicieuses, dont la très réussie True love qui démontre que dès 1981, Posy Simmonds posait un regard acéré sur les relations homme-femme, sur le patriarcat et le machisme... dans un style qui annonce bien les romans graphiques à venir : Gemma Bovery en 1999, Tamara Drew en 2007 et Cassandra Darke en 2018.
La dernière partie est donc un entretien sous forme d'autoportrait qui s'avère passionnant, et qui, à l'image de l'auteure, porte un regard amusé, distancié, sur son parcours, son oeuvre, ses influences....
Le tout donne un beau livre hommage que j'ai trouvé particulièrement réussi. J'aimais déjà beaucoup l'univers de l'anglaise et son humour très british et ce recueil n'a fait que renforcer ce sentiment. Vive Posy !
La « grande dame de la BD britannique », Posy Simmonds, lauréate du prix « Grand Boum Ville de Blois 2020 », était l’invitée d’honneur de l’édition 2021 et une exposition lui a été consacrée
Après des études de français à la Sorbonne et de dessin à la Central School of Art de Londres, elle devient dessinatrice de presse à partir de 1968 et débute quatre ans plus tard une collaboration avec le célèbre quotidien The Guardian. Elle y crée en 1977 la bande dessinée The Silent Three, satire malicieuse des « intellectuels de gauche », cœur du lectorat du journal, non pas la gauche cachemire, mais plutôt la gauche shetland aime-telle préciser. Elle est également illustratrice de livres pour enfants avant de se lancer dans le roman graphique. Cassandra Darke est le 3ème à son actif après « Gemma Bovery » très librement inspiré du roman de Flaubert et Tamara Drew dans lequel une jeune femme vient semer le trouble dans une communauté d’écrivains librement inspiré de « Far from the madding crowd » de Thomas Hardy tous deux servis à la sauce contemporaine. Si j’ai choisi de vous parler de Cassandra Darke, c’est que ce roman sorti en 2019 prend lui sa source d’inspiration dans le chant de Noël de Dickens. Son héroïne, double féminin de l’affreux Scrooge est à des années lumière des voluptueuses Gemma et Tamara ses deux héroïnes précédentes.
Ce serait plutôt la version british de Tatie Danièle. Cassandra est une riche galeriste et appelons un chat un chat est elle est vieille, moche, grosse et méchante, enfin au début du moins...
L'histoire commence avec une coupure de journal : novembre 2017, le squelette d'une jeune femme a été retrouvé dans un bois.
C’est à Londres, en pleine période de Noël, que débute ce récit, le 21 décembre 2016 pour être plus précise. Et l’on découvre que suite à la découverte des escroqueries commises par Cassandra. Celle-ci se retrouve aux bans de la société. Saut d’un an dans le temps nous voici en décembre 2017 à la veille de Noël. Cassandra découvre dans la salle de bain un revolver ainsi qu’un gant rose, une trousse de maquillage laissés là par Nikki, fille de sa sœur et de son ex-mari qu'elle a hébergé quelque temps un an plus tôt dans son sous-sol. Retour sur les évènements de 2016 et nous voilà embarqués dans un polar noir doté de l’humour décalé et corrosif qu’on connaît à l’autrice jouant sur le contraste entre les 2 personnages féminins mais pas que où il est aussi question de relations amoureuses, de mauvaises rencontres, d’étranges textos menaçants. Posy Simmonds pose ici son regard aiguisé sur le Londres terriblement inégalitaire d’aujourd’hui, le déclassement social, le repli sur soi, le rejet de l’autre ainsi que deux visions totalement antagonistes du féminisme.
Comme à l’accoutumée, elle conjugue avec vituosité, cbande dessinée, pavés de textes reflétant les pensées des personnages ou faisant avance l’action, et illustrations parfois muettes en couleur directe d’une extrême précision et élégance. La désignation de roman graphique prend ici tout son sens.
C’est ma première lecture de Posy Simmonds et pour avoir eu la chance de la croiser quelques minutes, je peux dire que cet album est à son image : fin, empathique, intelligent, un brin moqueur…
Cassandra Darke est un drôle de personnage, tour à tour détestable, attendrissant , incompréhensible, drôle…. On met un peu de temps à s’attacher à elle, ce roman graphique prend le temps de dresser son portrait, de raconter son évolution liée aux évènements tragiques survenant au cours de l’histoire.
Le talent de Posy Simmonds est bien là, quelle conteuse ! Entre roman et BD, tout se construit comme par magie ….puis se déconstruit au gré des pages.
Je sors de cette lecture impressionné par le talent so british de Posy Simmonds !
C'est le premier Posy Simmonds que je lis après avoir beaucoup entendu parler de Gemma Bovary ou de Tamara Drewe sans jamais les avoir ouvert...
Pour le coup, on entend fréquemment des questions autour de la différence entre roman graphique et bande dessinée, ici on est clairement dans un roman graphique. En effet, les strips sont entrecoupées d'entrefilets en mode roman qui restituent les pensées émotions et ressentis de Tamara.
Le livre joue beaucoup sur les quiproquos, autour d'une affaire de meurtre, Tamara Darke ( et non pas Drake comme je l'ai lu un nombre de fois incalculable, effectivement Tamara est un peu Dark...) étant à la fois l'héroïne de l'intrigue et un personnage relativement détestable, mais attachant. Elle s'apparente à une ourse, un peu égo-centrée et relativement sans scrupule...
J'ai aimé cette approche anti-heros et je pousserai la curiosité à d'autres récits de Posy Simmonds.
Pour finir, un twitt qui m'a fait marrer autour du thème des romans graphiques :
...
J’ai demandé à une dame si elle lisait de la BD et elle a dit "non, je lis des romans graphiques" et j’ai dit "c'est pareil" et elle a dit "non" et j’ai dit "si" et elle a dit "rien à voir" et j’ai dit "ben si" et elle a dit "non" et maintenant je sais pas quoi faire du corps.
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