"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Philippe Morvan est un auteur que j'ai plaisir à retrouver depuis son premier roman "Ours" qui se passait aux États-Unis et qui nous parlait des Amérindiens. Aujourd'hui c'est avec les fils du ciel qu'il vient nous conter une saga dont l'histoire se déroule en Afrique du Sud, à l'époque des premiers colons blancs venus de Hollande, les afrikaners et qu'on a appelé les Boers. L'auteur a à cœur le thème de la colonisation. Nous sommes en pleine guerre des Boers, fin du XIXe siècle. Une guerre entre Britanniques et Boers. Ça c'est pour la grande Histoire, qui fait la trame de la petite histoire. Lorsque le patriarche d'une famille afrikaner, vient à fauter avec une servante zouloue, le fruit de leur union, a bien du mal à trouver sa place en ce monde. Même si son enfance se passe entre ses demis -frères, il comprend vite sa différence. Rejeter par les blancs, mal vus dans la tribu zoulou de sa mère, le jeune Abraham mènera une vie de combat pour trouver sa place et comprendre qui il est et d'où il vient. Le racisme est omniprésent et on comprend comment est né l'apartheid, mais la haine s'étend aussi entre blancs. Un roman historique qui nous enveloppe complètement avec un côté immersif intense. Une saga familiale que naïvement j'espérais suivre jusqu'à nos jours, j'aurais bien aimé savoir ce que sont devenus leurs descendants. Vous l'aurez compris pour moi, le roman aurait pu durer plus longtemps tant j'étais bien dedans. Les personnages sont forts et bien imaginés, j'ai vécu les peines et les joies, les hauts et les bas mais surtout j'ai adoré tout ce qui avait trait à la culture zoulou. Une fresque magnifiquement élaborée qui donne envie dans apprendre plus sur ce pays aux richesses infinies, dévoyé par la cupidité des blancs. On ne s'ennuie à aucun moment au fil des presque 500 pages, tant il y a de l'action et des rebondissements. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2021/03/29/38879546.html
Un fabuleux récit qui se lit comme un roman d’aventure mais surtout comme la quête d’un homme qui cherche le bien au milieu de la barbarie et des guerres.
Nous sommes à la fin du 19ème siècle. Gabriel Morange est auvergnat. Les disparitions de son père et de son frère morts à la guerre le convainquent qu’il doit aussi s’engager.
Mais ses illusions et son idéalisme se heurtent rapidement à la réalité de la guerre : les massacres et l’injustice.
De retour chez lui après avoir été blessé il prend la décision de devenir missionnaire, toujours poussé par sa soif d’idéalisme et sa volonté d’être utile. Mais là encore, la réalité est tout autre. Sa mission auprès des Indiens Navajos en Amérique se révèle bien différente de ce pour quoi il s’est engagé. Et c’est finalement auprès de ces indiens opprimés et massacrés qu’il combattra.
Un roman dur, âpre et remplit d’émotion qui se lit comme en état d’urgence, comme l’est Gabriel Morange, qui ne cesse d’essayer de se racheter, habité par une véritable rage. Le récit nous donne à vivre toutes les contradictions d’un homme livré à ses démons mais aussi en quête de rédemption.
Les personnages qui entourent Gabriel sont tout aussi bien campés et attachants, rendant l’histoire encore plus prenante.
Les chapitres courts ajoutent à l’intensité du récit.
Au final, un moment de lecture empreint d’humanité et une belle rencontre avec un personnage attachant dans ses contradictions.
Je me suis laissé emporter par ce roman d’aventures et son héros, Gabriel Morange. C’est une des qualités fondamentales de ce livre, le caractère attachant des personnages. La relation entre Gabriel et son fils adoptif est formidablement décrite. Les scènes de guerre sont poignantes et réalistes. En parlant de réalisme, il est clair que l’auteur a travaillé le sujet des tribus indiennes, ce qui rajoute à l’intérêt du livre. L’auteur est sans doute très influencé par la littérature américaine qui ne se perd pas dans des analyses psychologiques trop approfondies. Les sentiments et les réflexions des protagonistes se déduisent de leurs actions, ils ne sont pas surdéveloppés dans de longs paragraphes omniscients. Il en résulte une écriture fluide, juste, ciselée pour servir la narration, sans emphase. J’ai cependant quelques réserves. D’abord, j’ai eu l’impression d’avoir à faire à une synthèse bien digérée de tous les films que l’auteur avaient peut-être vus dans sa jeunesse : « Indochine », « Apocalypse Now », « Little big man », « La canonnière du Yang-Tsé » et surtout, « Danse avec les loups » dont tous les thèmes (respect des tribus indiennes, question de l’identité, amour universel…) sont utilisés dans le roman. Il y a peu de scènes vraiment originales, plutôt une remise au goût du jour de grandes classiques. Comme le moment où Gabriel se fait tirer une balle dans le dos par un officier de sa propre armée : déjà lu dans « au revoir là-haut » de Lemaître. Ensuite, l’auteur fait tenir à ses personnages des propos qui me paraissent anachroniques. Un prêtre, aussi cultivé et éclairé soit-il, peut-il dénoncer le colonialisme avec autant de lucidité et de discernement ? Comme si l’auteur faisait rentrer au chausse-pied ses honorables convictions… Mais ses intentions sont parfois trop visibles.
On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments, mais on peut faire de la très bonne littérature avec de la sincérité. Or Philippe Morvan n’en manque pas. Est-ce son expérience personnelle, l’étude de ses ancêtres, ses élans humanistes muris toute une vie ? Toujours est-il que sa prose s’en ressent et qu’elle ne laissera personne indifférent.
Une véritable épopée que nous propose Philippe Morvan. Celle d’un homme né en 1836, dans une ferme auvergnate. Dès les premières pages on sait qu’il est blessé gravement et qu’il attend la mort pris au piège dans un défilé du désert américain. Gabriel Morange surnommé l’Ours à cause de sa barbe va alors retracer toute sa vie, un peu à la manière de Dustin Hoffman dans Little Big Man. Ce témoignage unique d’un parcours intense et puissant, va nous entraîner dans de multiple pays vers des horizons nouveaux mais toujours cruel. En effet après avoir perdu don père et son frère aîné à la guerre, un fort désir d’en découdre le pousse à s’engager dans l’armée coloniale. Il restera comme marqué au fer rouge par les exactions commises par les soldats français en Kabylie puis au Vietnam où il trouvera un apaisement trompeur dans les vapeurs d’Opium. L’auteur nous dresse une galerie de personnages terrifiants parmi la soldatesque de la Légion étrangère, ils apparaissent sans foi ni loi et ne feront que renforcer Gabriel dans son désir « racheter » ses fautes. Il s’engage ainsi comme missionnaire en partance pour les Amériques rencontrer les indiens Navajos. Pourtant encore une fois il sera le témoin des horreurs que les peuples Amérindiens auront à subir en cette fin de siècle. J’ai beaucoup aimé les liens très forts qu’il va tisser auprès des indiens allant jusqu’à adopter un orphelin, apprendre leur langue. Lui qui ne voulait plus combattre va être à nouveau pris dans ce conflit. Son parcours est incroyablement riche, ses choix courageux mais que de tourments et de douleurs. On sent que l’auteur a fait un bon travail de recherche car rien n’est autant passionnant que les petites histoires dans la grande Histoire. Je ne connaissais pas ce personnage révolutionnaire féminin Lalla Fatma N’Soumer de Kabylie ni l’épisode du siège de Tourane en Cochinchine. En revanche Géronimo chef Apache dont le peuple connu une terrible fin ne m’était pas inconnu fait ici une apparition en dehors des sentiers battus. Les chapitres sont courts et s’enchaînent rapidement dans un style vif et fluide. Quelques descriptions des stratégies militaires étaient un peu soporifiques mais bien vite l’action prenait le dessus ne nous laissant que peu de répit. Dans l’ensemble un superbe roman avec un personnage central très attachant et un parcours qui sort du commun, nous faisant partager ses aventures bonnes ou mauvaises mais toujours avec une grande authenticité. Bonne lecture.
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