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Le roman s'ouvre sur le massacre de toute la famille d'Ivana lors de son mariage et sur son enlèvement par les miliciens qui ont perpétré la tuerie. Elle a 20 ans. C'est Ivana, qui nous raconte son histoire, sauvée par un soldat qui l'emmène avec lui dans son pays et l'épouse. Son bonheur est de courte durée car les drames vont jalonner sa vie mais jamais elle ne baissera les bras, elle se relèvera après chaque épreuve pour devenir une femme généreuse, ouverte à la vie.
Ce qui m'a attirée vers ce livre, c'est son titre qui associe poétiquement deux idées assez antinomiques, le chant véhiculant la joie et les brisures, la douleur mais aussi la couverture très épurée avec cette plante stylisée dont les tiges montent vers le ciel, symbole d'espoir, d'avenir et de vie.
Sans jamais vraiment la nommer, ce roman a pour toile de fond les combats qui ont ensanglanté la Yougoslavie lors de son éclatement dans les années 90 et qui ont particulièrement touché les civils, massacrés, chassés de leurs terres. Tout n'est pas à l'image de la violence à l'état brut du premier chapitre. L'auteur, à travers ses personnages, en particulier masculins, nous transmet une vision positive, voire un peu idéalisée des relations homme-femme. Mais il aborde aussi des thèmes plus sombres comme le rejet de l'étranger, la pédophilie dans l'Église...
Ce qui frappe, au premier abord, dans ce roman, c'est le style poétique qui est très travaillé, parfois un peu trop, ce qui empêche les émotions d'affleurer, saisi que l'on est, avant tout, par la musique envoutante des mots. le désir, l'amour donnent lieu à un lyrisme flamboyant, un peu trop échevelé à mon goût mais de grand qualité littéraire.
J'ai découvert, avec ce roman, un auteur à l'identité littéraire très singulière et une maison d'édition dont je n'avais jamais entendu parler.
Écrivain français, conteur, nouvelliste et romancier, « Parola », du fait de sa formation de sociologue, a pris le parti d’étudier le parcours d’une femme dans les Balkans pendant la période de partition de la Yougoslavie, des années 1980. Une situation cruelle pour la plupart des habitants, car la justice et l’égalité ont tendance à refouler dans l’inconscient individuel, et ne font donc plus référence à la morale collective.
Pour commencer, Ivana, jeune femme subira le triste sort d’être enlevée, et de voir massacrer sans discernement sa famille et son futur époux. Plus de repères : plus de famille, plus de village, plus de maison. Des miliciens aveuglés par une haine féroce, avec une absence totale de pitié ; des hommes blasés habitués aux exactions de la guerre.
Elle trouvera un semblant de paix et de joie intérieure par son sauvetage d’un officier de l’armée régulière, Goran. Un homme qui réussira à rétablir une confiance et oblitérer ses angoisses et les images qui la nuit concentrent les horreurs vécues. Et qui considère que nul n’a le droit de s’arroger le droit d’asservir autrui, et demeurera fidèle à ses valeurs. Un moment de répit, de bonheur, cependant l’adversité guette...Goran disparaît.
Puis pour cette jeune femme, le sablier du temps s’écoule lentement, Elle traverse prostrée alors un long tunnel de solitude, de questionnements, et satisfait uniquement ses besoins primaires, pendant plusieurs années. Quand un homme de passage, Pavel, lui redonnera le goût de vivre. Mais, je m’arrête là !
Mais les anges et les démons ne vont pas la quitter de sitôt !
Un chapitre soulève un sujet su la dangerosité de l’abus de l’enfance, en l’occurrence d’un curé, qui lui-même aurait subi ces violences. Un mal sociétal difficile à éradiquer, mais qui abîment des êtres fragiles et détruisent leur innocence.
« Le chant des brisures » possède un style narratif, peu de dialogues, mais un immense chant de réflexions sur des sujets peu ou prou d’actualité. Pas d’apitoiement, mais plutôt une forme de réaction de la femme face à l’adversité omniprésente dans nos civilisations patriarcales et machistes. Sensibilité, qui mêle des bouts de vie d’une femme qui plie mais qui regarde avec volonté l’avenir sans résignation. Un livre poème.
Eblouissant, pur, grandiose, « Au gré du temps » de Parola est un hymne à la beauté. Celle qui sait où se trouve le palpitant pour boire à sa source neuve, ce mot empreint du juste. Ici, fusionne l’art d’un génie évident, des syllabes nées depuis des millénaires, des histoires qui vont naître. Pas tout de suite. Laisser encore de la place aux dires de ce verbe haut, placé aux cimes d’un paroxysme littéraire. Rester sur le seuil accueillant de ces émotions rais de lumière qui ont ressourcé le lecteur dans la plus généreuse des apogées. Entrouvrir les pages à l’orée de ces forces renouvelées. Le lecteur est prêt. Il ne lit pas. Il vient de renaître par cette essence puissante, cousue d’un alphabet de maître. Il prend ces récits au gré du temps qui semble la parabole de l’intériorité. Et là, chante en murmure doux ce que le regard altruiste, le cœur enchanteur et magnanime délivrent de rencontres qui seront la gloire nouvelle de ces pages nobles. Ces morceaux de vie sont du linge frais claquant au vent de l’espérance. Des petits cailloux semés en quête du recevoir. Des regards qui ont compris d’où venait cet écho formidable d’une fraternité annoncée. Le lecteur sait qu’il lit du grand. Il reçoit cet héritage, porteur d’eau puisé du puits de l’intime. Les protagonistes de ces récits sont nos hôtes, nos amis, notre double. La solitude, la détresse, les aléas de la vie sont abolis par cette volonté hédoniste d’attention et d’entraide. Il faudra octroyer cet élan vers l’autre. Entrouvrir le trésor des vertus théologales. Découvrir l’or fin de sa poudre de trop et comprendre que son prochain est une cascade d’humanisme. Et là, tout est merveille ! Le lecteur peut pleurer, la mer pudique s’est retirée, frémissante de concorde. Ces récits sont magnifiques, une chance, une ligne d’horizon avérée et donnante. Apprendre à lire Antara. Dépasser la timidité d’une rencontre avec Arnaud. Etreindre Irène Watts en lianes tendres et reconnaissantes. « Au gré du temps » de Parola est un récit si courtois, si sincère, si profond que le lecteur voudrait cet infini délivré en souffle de vie pour toujours. Dire à Parola, merci. Que la vie soit la vôtre. Majeur, poétique, cet écrin est un baume au cœur, un sauveur. Publié par Les Editions du Jasmin , ce bijou est culte et incontournable, boussole des destinées.
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