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Quel est le point commun entre la Laponie et la Serranía Celtíberica, vaste territoire de 65.000 km² qui s’étend à travers dix provinces entourant la région de Madrid ? Celui de figurer toutes deux parmi les zones les plus dépeuplées d’Europe, avec moins de huit habitants au km².
Et la différence entre ces deux froids déserts démographiques ? La Laponie a toujours été quasiment vide, tandis que la désertification que subit la Serranía a commencé il y a quelques dizaines d’années seulement.
C’est sur ce processus de dépeuplement que le journaliste valencien Paco Cerdá a décidé d’enquêter. Il a parcouru, en plein hiver, les zones désertes de chacune des dix provinces concernées, et s’est rendu dans plusieurs de ces villages en voie d’extinction, à la rencontre de leurs derniers habitants. Ici un berger, là l’instituteur d’une école primaire qui ne compte que quatre élèves et qui devra fermer à la fin de l’année scolaire parce que les deux plus âgés ont terminé leur cycle et iront à la grande école en ville. Il rencontre aussi un moine du monastère de Silos (Burgos), et des membres de diverses associations qui tentent de repeupler les zones rurales abandonnées tout en mettant en garde les adeptes trop naïfs d’un « retour à la terre ». Car on est loin ici de la vision idéalisée et romantique de la vie à la campagne : « Nous voulons aider à s’installer les gens qui souhaitent vivre à la campagne. Pas uniquement des émigrés, mais aussi des personnes lassées de la ville et qui cherchent un nouveau sens à leur vie. Et ce n’est pas simple. Car il faut d’abord défaire les clichés du monde rural comme étant un lieu où l’on respire l’air pur et où l’on vit au milieu d’un potager avec quatre poules. Cette image bucolique est un mensonge. La fausse croyance selon laquelle au village on vit d’amour et d’eau fraîche persiste. Au contraire, on a besoin de plus de moyens qu’à la ville, et nous montrons cet aspect-là de la réalité, sans tromperie ni faux espoirs. Nous insistons sur le fait que le monde rural, et encore plus dans les zones démunies en services comme la nôtre, est un monde qui est dur. Les hivers sont très rudes, moins à cause du froid que de la solitude. Ne voir personne, ça veut dire qu’il n’y a pas une boutique où faire des emplettes, pas un bar où prendre un verre avec quelqu’un, pas un endroit où se réunir. J’en ai vu plus d’un se cogner la tête contre ces murs. Venir à Maderuelo en été, c’est très simple. Mais la dure réalité des villages, c’est celle de l’hiver ».
Au travers de ces rencontres et témoignages, Paco Cerdá dresse un état des lieux des causes et conséquences du dépeuplement : industrialisation, urbanisation, exode rural, dénuement matériel, social, culturel de ceux qui restent, délaissés voire abandonnés par les autorités de tous les niveaux de pouvoir.
Paco Cerdá aurait pu nous épargner la surabondance de statistiques (trop de chiffres tue le chiffre), citer ses sources et/ou fournir une bibliographie complète, et utiliser un ton un peu moins édifiant et mélodramatique. Malgré ces bémols, il n’en reste pas moins que « Les Quichottes » est un texte plein d’humanité, très intéressant, émouvant parfois (la fermeture annoncée de la petite école est un crève-cœur), porté par une écriture fluide et captivante.
Grand coup de cœur !!!!
77 chapitres correspondant aux 77 mouvements de la partie d’échecs entre le jeune prodige espagnol Arturo Pomar et l’américain Bobby Fisher a Stockholm en 1962.
Sur fond de guerre froide, l’un est le pion du régime franquiste, l’autre celui des États Unis.
La partie est le fil rouge du roman. Mais qui sont tous les autres « Pions » de l’Histoire ?
Les destins brisés ? Les oubliés ? Les manipulés de l’histoire servant les intérêts d’autrui.
On découvre avec délectation la vie des deux joueurs au cœur de l’Histoire, l’espoir que leurs pays mets en eux, leurs intelligences, leurs caractères mais aussi la politique avec cet appel d’Henri Kissinger (conseiller de la Sécurité nationale du président des États-Unis) demandant à Bobby Fisher de battre les Russes !
L’auteur nous raconte parfaitement l’histoire de l’Espagne sous le régime de Franco et ses atrocités ainsi que la guerre froide, le KGB, la CIA…..mais c’est surtout le destin de ces inconnus et oubliés de l’histoire qui rend ce roman inoubliable et à qui l’auteur rend hommage : de Poulidor à Maryline Monroe et le célèbre « Happy birthday, mister Président » mais aussi Julián Grimau, Gary Powers, James Meredith, Salvador Barluenga, les 7 pions de Mieres, Dolorès Medio……
J’ai tout adoré !
La forme, le fond, l’écriture, les histoires des différents « Pion » de l’Histoire, la vie de ces deux champions d’échecs…..
C’est passionnant ! Riche, documenté !
Un grand grand coup de Cœur !
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