En 1968, le Printemps de Prague est réprimé dans le sang par les troupes du Pacte de Varsovie, peu enclines à laisser prospérer le ‘’socialisme à visage humain’’ prôné par Alexander Dubcek. Peter Husak, étudiant praguois, soupçonné d’avoir voulu passer à l’Ouest, réussit à convaincre la police politique de son innocence mais ses camarades de l’université ne lui font plus confiance. Errant dans Prague, il fait la connaissance de Stanislav Klym, un soldat qui fête son prochain retour chez lui. Cette rencontre sera funeste pour chacun d’entre eux.
Sept ans plus tard, en 1975, en pleine guerre froide, un avion en partance pour Istanbul est détourné par des activistes arméniens. Mais avant même d’avoir exprimé leurs revendications, ils font exploser l’avion en plein vol. A son bord se trouvait un enquêteur de la brigade de Brano Sev qui, de ce fait, se rend en Turquie pour trouver une explication à ce drame. Et il n’est pas le seul à s’intéresser à l’affaire. Il semblerait que différentes branches des services secrets se soucient de cet attentat.
Où l’on retrouve Brano Sev, la Capitale, les services secrets et la guerre froide dans ce pays inventé par Olen Steinhauer, sorte de melting-pot de tous les pays satellites de l’Union soviétique.
Comme souvent dans les romans d’espionnage, il faut un peu s’accrocher pour comprendre qui est qui, qui fait quoi, qui est loyal ou qui trahit. L’intrigue est des plus complexes, les personnages nombreux, leurs motivations bien cachées et on nage en eau trouble entre passé (1968) et présent (1975) sans comprendre a priori le lien entre les deux affaires. Qu’on se rassure, tout finit par s’éclairer et cela ne nuit en rien au plaisir de lecture. Olen Steinhauer sait promener son lecteur dans cette époque, de plus en plus lointaine, où l’Est et l’Ouest s’épiaient, se harcelaient, se concurrençaient.
Comme les précédents tomes, celui-ci est passionnant et a le mérite de rappeler quelques faits historiques tout en divertissant.
C est sûrement un bon thriller a decouvrir l e sujet est prenant a suivre
Quand on a vieilli avec l’œuvre de John Le Carré, longtemps après avoir démasqué La Taupe, il arrive un moment où il devient nécessaire, pour assouvir sa faim d’histoires tordues, de vrais mensonges et de fausses vérités, d’explorer d’autres territoires. Bien sûr, il y a Robert Littell, Joseph Kannon ou William Boyd mais il faut aussi réserver une plage de lecture à Olen Steinhauer, dont j’avais déjà dégusté A Couteaux Tirés.
Le Touriste est une histoire complexe, avec une dimension personnelle riche et de qualité. Il contient tous les ingrédients et les rebondissements nécessaires au lecteur pour partager les interrogations et les angoisses du héros tentant de découvrir la vérité qui pourrait, peut-être, sauver sa peau ou sa famille.
Le parcours, semé d’embuches, de notre Touriste se passe plus souvent à l’ombre qu’au soleil et ses photos de vacances ne retiennent l’attention que de rares initiés. Impossible d’en faire le prétexte à une soirée barbecue avec les voisins qui s’ennuieraient vite. Comme souvent, dans le genre, les amis ne sont pas toujours aussi amicaux qu’on le souhaite, mais quand il faut deviner le mot de passe qu’on ne connait pas c’est Le Carré qui fournit la solution…
A la quatrième sonnerie, il décrocha mais ne dit rien. C’est (l’autre) qui parla le premier. « L’Américain tendit à Leamas… »Milo hésita, croyant savoir ce qu’il devait répondre, mais pas sûr de lui pour autant. Prenant une voix dépourvue d’accent, il murmura «…une nouvelle tasse de café ». Il savait très bien d’où était tiré le code d’identification. L’espion qui venait du froid.
Joli clin d’œil au maître, le lecteur est ravi, prêt à repartir pour une nouvelle aventure.
Quand deux espions se mettent à table…
Ces deux-là vont finir par parler, sans menaces, sans violences, sans tortures, tout simplement en tête à tête au restaurant, et la vérité surgira, peut-être, au dessert.
Ils se sont aimés à Vienne et, après la tuerie de l’aéroport, elle est partie, brusquement, brutalement. Il ne s’en est toujours pas remis. Elle a refait sa vie, comme on dit, et lui fait toujours partie de la maison qu’elle a quittée. La maison c’est la CIA.
Cinq ans plus tard, l’interrogatoire d’un terroriste capturé en Afghanistan laisse à penser que les pirates responsables du massacre de Vienne étaient renseignés par l’un des membres de leur équipe. Vérité ou intoxication ? Il est chargé de trouver la réponse avant que l’enquête ne soit prise en main directement par Langley. Quelle belle occasion de renouer le contact avec son ancienne partenaire ! Il l’invite au restaurant après s’être inventé une réunion secrète à proximité de la charmante ville de Carmel où elle demeure à présent. La braise couve encore sous le feu de sa passion trop brutalement éteinte ; malgré les mises en garde, ne risque-t-il pas de se brûler à nouveau ?
La cuisine de l’espionnage n’est pas très digeste, alors, quand les aigreurs de l’amour déçu s’en mêlent, c’est encore plus difficile à digérer. La seconde partie du roman est haletante et, à mesure que la vérité semble poindre, les pages tournent de plus en plus vite dans l’attente du dénouement. Le lecteur est impatient de savoir qui paiera l’addition.
Quatre étoiles pour le roman, un peu moins au Michelin sans doute.
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