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Un moment d'évasion d'une rare densité et qualité que j'ai dégusté quasiment d'une traite tant le personnage central, l'exceptionnelle conteuse Amandine, m'a pris prend dans ses filets, ses descriptions et ses récits polyphoniques.
Un récit commencé en 1998 sur la base de "l'évasion" d'une vieille dame pour enfin atteindre le but qu'elle a toujours eu, celui de voir au moins une fois dans sa vie la mer, elle dont la vision du monde s'est souvent limitée à la seule ferme des Dombes (entre Auvergne et les Alpes) où elle fut confinée avec de surcroît juste un bout de fénêtre, ce qui est probablement l'explication du titre de ce très subtil roman.
Amandine Berthet est cette fugitive, de la maison de retraite suisse où son fils, pour lequel elle a tant sacrifiée y-compris son intégrité physique afin de lui épargner les coups d'un père inhumain et violent, l'a recluse par facilité. Maison de retraite qui affiche pour les familles de ses pensionnaires un programme alléchant de sorties et de réalisations de bon aloi mais hélas de facade, heureusement Amandine s'y illustre comme une conteuse hors pair pour nombre de ses congénères et la mer en est souvent le point de départ ou le cadre.... Elle invente ou recrée au besoin des vies merveilleuses et / ou tristes, poursuivant ainsi ce qui l'a aidé à vivre depuis ses plus jeunes années, sur la seule base de romans et de livres de géographie qu'elle fut obligée de lire en cachette, tant Albert, sa brute de mari désapprouvait ces possibilités d'évasion....
Le lecteur, à l'image des pensionnaires de cette maison de retraite va ainsi se retrouver plonger dans une multitude de vies, de personnages mais aussi partager la douleur, les peines et la véritable vie d'Amandine. Si cela peut déconcerter dans les premières pages, Nicole Giroud va très vite nous donner un cadre et cela autour du destin de trois personnages féminins ; Amandine (identité réelle), Amanda et Adelita (identités fictives ou / et rêvées) et de personnages clés qui vont les accompagner entre France, Portugal et Amazonie (Euclides, Maraja la vieille nourrice indienne entre autres). Amandine, passionnée de lecture et la plus diplômée de sa famille de pauvres fermiers, à l'historique sinistre (père violent, mariée / vendue contre quelques vaches, mari brute épaisse) n'a d'autres perspectives pour supporter son sinistre quotidien que d'inventer des identités tourmentées mais aux destins exceptionnels loin de tout. C'est ainsi que vont naître ses propres légendes qui vont constituer à la fin de sa vie un véritable trouble dissociatif de l'identité...
Si le roman commence par l'évocation de la fuite d'Amandine, il se termine tout naturellement par une dernière parenthèse, enfin heureuse pour elle avec la rencontre et le voyage, le seul réel, avec le groupe de la jeune équipe de Rocco, Aurélie et Carla, son dernier public mais aussi une certaine famille, enfin trouvée.
A lire d'urgence...
J'ai eu la chance en cette fin de mois de novembre de participer à une lecture commune avec les éditions les Escales. Le principe est simple: nous étions plusieurs à lire en même temps le roman de Nicole Giroud Par la fenêtre et à l’issue de cette lecture commune nous aurions la possibilité de « rencontrer » l’auteure – crise sanitaire oblige, cette rencontre serait virtuelle.
Couverture du livre « Par la fenêtre » de Nicole Giroud aux éditions Les Escales
C’est donc avec un double plaisir que j’ai ouvert ce roman à la première de couverte exotique. L’idée d’échanger avec l’auteure du roman était vraiment intéressante, c’est aussi pour cela que j’aime autant les rencontres littéraires ou les salons. Connaître le travail en amont, les sources d’inspiration apporte un regard souvent nouveau sur mes lectures.
Mais avant de vous parler de la rencontre, je vais vous parler du roman et de son intrigue.
Le roman s’ouvre sur une fugue loin d’être ordinaire. Il s’agit d’Amandine, 80 ans, qui vient de fuguer lors d’une sortie organisée par sa maison de retraite en Suisse où son fils l’a installée…malheureuse, seule, Amandine n’a qu’un rêve à l’aube de sa mort : voir la mer. Elle, la vachère, qui n’a connu que la campagne, veut voir la mer avant de mourir. Mais la surveillance dans la maison de retraite est efficace et Amandine doit ruser. Elle finit par s’échapper et croise la route de trois jeunes gens qui vont l’aider dans son ultime désir.
Telle est pourrait être la présentation de ce roman mais ce serait vous mentir car ce roman est double, il offre deux histoires. Celle d’Amandine, vachère solitaire, battue par son mari, mère martyre pour que son fils unique puisse sortir de cette terrible condition. Amandine c’est l’espoir de celle qui sait lire dans une famille d’illettrés, de celle qui obtient son certificat d’étude, l’espoir de celle qui n’aura d’autre issue qu’un mariage malheureux où la peur d’être battue sera la plus forte. Mais c’est aussi l’histoire d’Amanda, son double imaginaire, son double de papier, celle qu’elle convoque lorsque la réalité est trop sordide, trop dure. Amanda, c’est l’exotisme, le voyage, l’ailleurs, c’est le Brésil avec cependant d’autres souffrances, laisser passer dans la fiction les peurs, les craintes mais aussi les espoirs de la réalité. Car Amandine est une merveilleuse conteuse. Amoureuse des mots, elle les fait vivre, leur donne chair. Amandine, c’est la force de l’imagination.
ELLE CONSTRUIT UN MONDE MOTS QUI LA PROTÈGE DU MONDE RÉEL.
Par la fenêtre c’est un sublime roman sur la vieillesse, sur la famille mais aussi sur le pouvoir des mots, de la lecture, sur la force de l’imagination, rempart vital au désespoir de la réalité.
Et ce fut un véritable plaisir d’échanger avec Nicole Giroud qui nous a expliqué les sources d’inspiration des lieux, des personnages, la génèse de son roman. Même virtuelle, la rencontre fut enrichissante et plaisante. Elle a donné encore plus de force à la lecture de ce roman.
En résumé : une lecture chaudement recommandée et une expérience de lecture commune à réitérer !
Une conférence sur le crash au Mont-Blanc du Malabar Princesse en 1950 et le Kangchenjunga en 1966 réunit les personnages. Le roman narre la rencontre entre un romancier en recherche d'inspiration et une femme dont l'histoire familiale est chargée. Deux êtres dont la vie est terne, voire triste: un mariage raté et une carrière au point mort pour l'un, une vie en solitaire, une carrière en accéléré qui ne laisse pas de temps mort pour l'autre.
La magnifique couverture du livre concentre le nœud de l'intrigue. Le sari de cette victime de l'accident d'avion, cette femme retrouvée nue couverte de bijoux, ce sari exposé aux yeux de tous lors d'une exposition émeut Anusha, et Quentin Dorval ému de la réaction de cette mystérieuse indienne.
L'écrivain intrigué par la réaction de cette femme, par le mystère autour de l'histoire de cette belle femme va être plongé dans la reconstitution de la vie de cette femme. Elle va faire partie de sa vie, de ses nuits , de ses fantasmes, de son écriture.
La correspondance épistolaire entre l'écrivain et Anusha, la fille, simple enquête au début va se transformer en confession personnelle. Anusha va dévoiler la vie de sa famille, de ses parents, et Quentin de son côté va recréer cette vie. Un véritable roman dans le roman.
Un roman qui aborde l'amour sous toutes ses formes, relationnelles, familiales, passionnelles et l'amitié.
Le lecteur change d'époque et de lieux, on découvre l'Inde et ses coutumes, on est immergé dans la mentalité des Parsis, un peuple que je connaissais peu et dont on apprend beaucoup.
J'ai adoré être transportée dans cet univers codé, à différentes époques où les femmes ont pu se libérer.
Anusha est troublante dans cette reconstruction de son enfance, dans la renaissance de ses parents. C'est une belle histoire qui se tisse devant nos yeux ainsi qu'une belle relation entre l'écrivain et sa muse.
Un beau roman.
MERCI à l'auteure : Nicole GIROUD ,
aux éditions Les Escalles qui comme d'habitude m'ont fait voyager et NetGalley.
Merci pour cette belle lecture.
Ecrivain en mal d’inspiration, Quentin assiste un jour à une conférence sur le crash en 1966 sur le glacier des Bossons de l’avion d’Air India, le Kangchenjunga. Une femme y aurait été retrouvée nue parée seulement de bijoux. Quentin se met en relation avec la fille de cette femme. Elle est indienne issue de l’ethnie des Parsis. Elle va lui raconter sa mère, sa famille, leurs mœurs, leur vie en Inde… Avec son aide, il va écrire son nouveau roman.
***
Inspirée par des faits réels (les 2 crashs des avions d’Air India au même endroit à quelques années d’intervalle) l’auteure tisse la toile de son roman. Occasion de nous faire découvrir la vie de Rashna, jeune fille éprise de liberté mais enfermée dans le carcan des traditions indiennes et qui perdra la vie dans le crash du Kangchenjunga et puis celle de sa fille Anusha.
Une jolie histoire mais une fin un peu abrupte... Arrivée à la dernière page j'ai été surprise que cela finisse ainsi de façon aussi soudaine.
Après mon séjour à Chamonix, cette histoire me donne à nouveau envie de lire le livre de Françoise Rey « Crash au Mont-Blanc, la fin des secrets ? ». L’auteure de « l’envol du sari » y rappelle à quel point le crash du Kangchenjunga n’est pas bien clair. Classé secret défense, pas d’incendie, explosion en plein vol, débris d’avion de chasse retrouvés aussi sur le site interdit d’accès aux journalistes, présence à bord du plus grand spécialiste de l’énergie nucléaire de l'Inde… cela fait beaucoup pour un « simple » crash.
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