Prix Goncourt 2018, Nicolas Mathieu nous confie sa bibliothèque idéale
Prix Goncourt 2018, Nicolas Mathieu nous confie sa bibliothèque idéale
"J’essaie de parler de la vie, des gens et du monde en étant le plus juste possible"
Connemara, Les lacs du Connemara, cette chanson a inspiré Nicolas Mathieu, consacré par le Prix Goncourt 2018 avec Leurs enfants après eux. Si vous avez un peu oublié – est-ce possible ? - ce titre signé Jacques Revaux, Pierre Delanoë et Michel Sardou, écoutez-le à nouveau et l’air vous trottera dans la tête jusqu’à devenir obsédant comme il obsède Christophe et ses amis.
Dès le début de son roman, l’auteur s’attache à l’histoire d’Hélène qui, avec Christophe, justement, fait partie des deux personnages principaux de Connemara. Hélène est mariée à Philippe. Ils ont deux filles : Mouche et Clara. Leur réussite professionnelle semble exemplaire. Ils vivent à Nancy après une période parisienne.
Tous les deux, ils sont très occupés par leur travail mais, quelque chose m’intrigue. Hélène revient d’un rencart à Épinal, à environ une heure de voiture de Nancy. Au boulot, chez Elexia, « une boîte qui vendait du conseil, de l’audit, des préconisations dans le domaine des RH, toujours la même chose. », elle a embauché Lison comme stagiaire et attend impatiemment qu’Erwann, le patron, lui donne le poste d’assistante qu’elle mérite, à la direction.
De son côté, Christophe Marchal vit à Cornécourt, petite ville pénarde où le FN est arrivé en tête aux dernières élections… Ce quadragénaire, ex-gloire des Loups, l’équipe de hockey sur glace d’Épinal, rêve de recommencer à jouer mais il deux grands amis, Marco et Greg, qui le poussent à boire plus que de raison. Malgré sa volonté de ne pas céder, il craque à chaque fois et cela aura de graves conséquences pour lui.
De plus, Christophe est en pleine rupture avec sa femme, Charlotte, qui se fait appeler Charlie. Ils ont un fils, Gabriel, dont son grand-père, Gérard Marchal, adore s’occuper. La naissance de ce gosse est un moment fort du livre.
Ainsi, Nicolas Mathieu me permet de faire connaissance avec chacune de ses personnes, remontant à leur enfance, leur adolescence avec tous les problèmes mais aussi les joies de ces périodes décisives pour leur vie d’adulte.
Hélène, n’étant pas du tout satisfaite de sa vie de couple, Philippe étant souvent absent pour son travail, se lance sur le web pour tenter de trouver une relation qui lui plaise car ce n’est pas dans son travail qu’elle obtient les meilleures satisfactions malgré toutes ses qualités et son investissement maximum dans les tâches qui lui sont confiées.
Avec Elexia, Nicolas Mathieu permet de comprendre l’engrenage infernal dans lequel nous sommes plongés avec ces boîtes privées censées conseiller nos élus, les collectivités, les Conseils départementaux ou régionaux. D’ailleurs, la création des grandes régions comme celle du Grand Est est une aubaine permettant à ces entreprises de gagner un maximum de fric sur le dos des contribuables en proposant des réorganisations, des transformations, des réformes ayant le plus souvent pour conséquence la suppression de postes.
S’il ne faut pas divulgâcher les étapes importantes et décisives de ce roman, je dois mentionner des pages très sulfureuses et détaillées de relations sexuelles fort bien décrites…
J’ai appris aussi beaucoup de détails sur le hockey sur glace, un sport que je connaissais bien mal. Comme il l’avait fait pour son roman primé, Nicolas Mathieu sait parfaitement nous faire découvrir la Lorraine avec ses qualités mais aussi les problèmes rencontrés par ses habitants.
Une nouvelle fois, Nicolas Mathieu m’a régalé par son style direct, sans fioriture, allant au plus près de la psychologie de ses personnages tout en ayant un regard acéré sur l’époque que nous vivons. Son sens critique est approfondi, avec des exemples concrets accompagnant un déroulement bien maîtrisé agrémenté de surprises qui décuplent de plaisir de la lecture. Allez, je vous laisse pour écouter encore Les lacs du Connemara après m’être régalé avec la lecture de Connemara.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2022/05/nicolas-mathieu-connemara.html
Un écrivain français, Nicolas Mathieu, retrace le parcours de deux êtres de sa région fétiche, les Vosges. Et donne un large aperçu d’une région qui après la crise sidérurgie, semble abandonner ses habitants. Il réalise une fine étude de ces habitants qui cherchent désespérément à échapper à la misère économique, se créer une ambition et donc un avenir : ailleurs ! Avec l’unique espoir, de ne surtout pas s’abandonner au défaitisme, de ne pas s’apitoyer et abandonner, mais plutôt se projeter et mette en pratique ses rêves sans cesse ressasser, pas uniquement pour vivre : mais exister.
Ainsi Hélène, la quarantaine, à qui tout semble réussir, tels qu’une maison d’architecte, une famille stable et heureuse, deux beaux enfants, un travail intellectuel prenant voire exténuant ; et tout ceci à proximité de Nancy. Stabilité, plénitude, elle se trouve à l’apogée de sa vie : mais a-t-elle rempli sa revanche sur l’ennui de sa petite ville de province ? « Hélène les a détestés pour ce scepticisme de gagne-petit, leur philosophie d’éternels baisés qui mue la modestie en vertu, le larbinat en sagesse, l’ambition en arrogance. »
Christophe divorcé lui, a décidé où les événements l’ont résigné, de rester dans son patelin, où il a connu Hélène en primaire, qui a tout fait pour sortir de cet univers, son objectif ne pas vivre comme ses parents : comme des blaireaux. Il se démène avec un travail prenant, de sortir avec son fil , le peu de temps que lui octroie sa femme et il envisage de reprendre le hockey, une réminiscence de son passé de star ; et hormis sa famille, il se blottit, se régénère surtout dans les bras de ses potes.
Une rencontre va intervenir, refaire surgir les actes passés, les rapprocher, les unir ! Et pourtant leurs parcours les séparent, leurs ambitions divergent ; cependant l’auteur avec une plume précise, sans concession dans les descriptions, écorche la psychologie conflictuelle de chacun, fait vivre leurs dilemmes, leurs attirances sans ambiguïté. Chacun a suivi sa route, beaucoup plus enrichissante pour elle, celui d’Hélène fait de multiples plaisirs (voyages, luxe, sorties, etc..) et celle de Christophe faite d’une petite vie étriquée ou l’âge venant le mènera à biner son petit lopin de terre ! Également Nicolas Mathieu égratigne et offre avec acrimonie une description des cabinets de conseils, où germent des prédateurs sans foi, ni loi : si ce n’est celles de l’argent et du pouvoir. Un monde d’hommes, des grandes écoles, qui écrasent tout sans discernement, avec le sentiment de savoir pérenniser le dieu pourcentage.
Connemara, un récit contemporain sur le destin, sur la ténacité ou non, de sortir des nuages sombres du désespoir pour permettre les éclaircies de l’espoir ; et ainsi faire naître et comprendre que même dans les landes désertes existe l’amour. À chacun de choisir son chemin, son ambition, ses facilités ou ses contraintes, bref vouloir et prolonger sa volonté pour, d’une part faire abstraction de ses désillusions et d’autre part de se réaliser.
ce livre m'a été prêté et j'ai hésité à le lire .......
L'auteur parle de sa vie, de ses enfants ,de sa maitresse qu'il retrouve dans des hotels un peu partout mais il parle également de son père, de son fils et tout cela est mélangé et je me suis perdue dans les personnages, les époques .........
Roman peu interessant, un peu fouillis ....... ce n'est que mon avis personnel ....
Sélection du prix littéraire Les Inrockuptibles 2024.
Recueil d'amour, slice of life, de nostalgie, un texte pris dans le vif, on retrouve une écriture enfiévrée et poétique.
Nicolas Mathieu aborde les petites de joies de la vie, les rites de l'enfance, l'espoir et les rêves. L'auteur n'oubli pas le milieu d'où il vient, une écriture parfois décousu, une ode à la vie et à l'amour.
"Il regarda son dos, sa nuque, les cheveux qui faisaient un chignon bâclé, plantés d'un crayon de couleur. L'histoire des femmes et de leur faiblesse était un mensonge. Cette architecture-là pouvait tout. Tenir des enfants et plier, devenir un fleuve ou bien un pont, se courber sur une machine ou sous une lampe, recevoir des caresses, des coups, des colères ou la sueur d'un homme. Sous la peau, le muscle et l'os faisaient leur impeccable roulement. La délicatesse était une ruse de caméléon. Elle était forte, increvable, dans son désir et ses obstinations et les deux fossettes au bas des reins le guettaient comme les yeux fixes d'une bête de somme."
"Nous avons maintenant des souvenirs et des blessures. Nous avons des petits déjeuners, des nuits de sommeil côte à côte, des bords de l’eau, des larmes et des verres de trop. Toute une vie volée, mille minutes clandestines qui sont notre pauvre curriculum. Regarde-nous. Comme nous allons bien."
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