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Un récit poétique, philosophique, un débat intérieur, intense et puissant d'une expérience personnelle, de remise en question, d'une rupture vécue, religion, esprit et pensée, le dépassement des barrières intérieures du narrateur.
Un livre fascinant sur le déterminisme, le parcours de vie une plume qui oscille entre distanciation avec les personnages, humours, envolées lyriques et liberté. Une invitation a penser plus loin que soi.
"Ma naissance, était-ce le bien-fondé de toute mon existence ? Si j’avais surgi chez des parents musulmans, chrétiens, athées ou bouddhistes, si j’avais grandi en Grèce antique, dans l’Arabie du VIIe siècle, en Inde médiévale, en 1910 dans une famille marxiste ou dans mille ans, aurais-je accordé la moindre importance à la Torah ? Aurais-je puisé mes vérités dans le Talmud ? Aurais-je respecté la Loi juive pour guider mes actions ?"
"Penser contre soi-même, devenir un autre pour émerger en soi : cet idéal ne constitue pas seulement la méthode d’une recherche intellectuelle. Il fournit les fondements d’une éthique minimale, d’une manière de vivre ouverte sur l’altérité. Altérité des autres, bien sûr, tous ceux qui diffèrent de moi mais à la place desquels j’aurais pu exister. Altérité des points de vue, des perspectives plurielles, des systèmes de valeurs, des façons de penser. Mais, plus fondamentalement, altérité de soi à soi. "
Entre l’essai philosophique et le récit d’autobiographie, ce texte est une belle leçon de vie.
J’avais découvert Nathan Devers avec son roman Les liens artificiels (un de mes grands coups de cœur littéraires) ; je me suis plongée, l’esprit ouvert dans cet essai sur la philosophie et ce qu’elle lui a apporté au quotidien jusqu’à en faire son métier.
Avant d’être Nathan Devers, ce jeune homme s’appelait Nathan Naccache et se destinait à une carrière de rabbin.
Il revient ici sur son adolescence, sur son choix de pratiquer, contrairement à ses parents, à sa famille, à son entourage, une religion jusqu’à en respecter chaque dogme. Il nous raconte sa prise de conscience, quelques années plus tard, de l’importance, de la nécessité de la philosophie dans sa vie, jusqu’à renoncer, renier la religion qu’il embrassait avec tant de fougue précédemment.
Je suis toujours autant subjuguée par l’intelligence, la maturité et l’éloquence de ce jeune écrivain de 27 ans. Il le prouve une fois de plus avec ce texte très personnel intense et brillant.
J’ai éprouvé un grand plaisir à faire plus ample connaissance avec son passé, ses convictions.
Cet essai m’aura permis de varier mes lectures, de trouver une certaine envolée littéraire ailleurs que dans les romans, de me pousser à la réflexion et de penser contre moi-même, de prendre de la hauteur. Et ça fait un bien fou !
07/11/22 : en direct sur les réseaux, Julien Liberat se suicide. Avec calme et détermination. Choc.
Retour en arrière. Julien Liberat fait le bilan de sa morne existence : musicien raté, vivant dans un appart-clapier à Rungis, donnant des cours de piano pour survivre, looser au cœur brisé. Pas brillant.
Dans ses errances, il découvre l’Antimonde, qui va lui donner une inattendue seconde chance.
Le créateur de de « jeu », Adrian Sterner, croisement de Musk et Zuckerberg, crée une machinerie puissante, un monde prodigieux de beauté et d’authenticité, sorte de matrice déshumanisante et aliénante rendant addicts les humains perdus qui s’y ruent sans hésitation.
Juien crée son Anti-moi, Vangel, découvre la crypto-monnaie, boursicote pour de faux et s’invente une vie sans limites, faite de gain, pouvoir et gloire. Très vite, sa vie réelle s’efface au profit du métavers, dans une spirale vertigineuse sans retour possible.
Happée dès les premières lignes, j’ai bouloté ce roman comme du petit lait. Quelle idée géniale !
Ce récit aux accents dystopiques nous plonge dans un abîme de perplexité : réel ou virtuel ? Libre-arbitre ou mouton 2.0 ? Finalement, la question n’est pas là tant l’un prend le pas sur l’autre et permet à chacun de s’interroger son rapport aux réseaux sociaux. Englué.e.s dans nos posts/likes/selfies/followers, ne sommes-nous pas déjà victimes de nos errances, nous aussi ?
Cynique, caricatural mais fascinant, le texte propose quelques scènes savoureuses, comme cette fictive interview entre Beigbeder et Finkelkraut à la Grande Librairie, et pose des questions essentielles pour notre avenir. Le tout avec la légèreté d’un jeu vidéo.
Il fallait le faire, parler de tels sujets avec une légèreté bienvenue.
Car on s’amuse en lisant ce roman. Beaucoup.
Et on en redemande.
L'antimonde de Nathan Devers est une plongée dans le web 3.0. Un roman justement mené avec ses quelques lenteurs et clins d'œil historiques, à ne pas confondre avec un essai ambitieux. Lire les liens artificiels vous perd (parfois on sait plus si on est dans le réel ou le virtuel, une limite parfois ténue). Vous rirez également, car Nathan Devers a su y parsemer quelques gouttes cocasses. Sélectionné pour le goncourt des lycéens 2022...Ce livre a frôlé la victoire.
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