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De bons moments, le passage avec Yukiko, l'échange dans le bistrot, mais globalement très prévisible et ronronnant.
Taguchi Hiro et Ohara Tetsu se rencontrèrent par hasard sur un banc, dans un parc. Taguchi, le plus jeune, sortait de la chambre où il était resté cloîtré deux ans. Ohara venait d'être licencié, il n'osait l'avouer à sa femme et venait manger la gamelle qu'elle lui préparait. Leurs solitudes se font face. Ils s'observent, puis se parlent, se confient. Chacun se raconte avec franchise, sans faux semblant ni retenue. Ils avancent tous les deux, ensemble, à un rythme contenu presque main dans la main. Aucun des deux ne s'épargne et ils vont apprendre à se connaître. Au coeur de chaque confession, au milieu d'une histoire simple, une violence sourde apparaît subrepticement. Le temps et la parole les libèrent, ils s'aident ainsi mutuellement pour enfin s'accepter. Un roman singulier et attachant, un écrivain autrichien à l'écriture japonisante qui, par petites touches et avec délicatesse et subtilité, susurre un hymne à la vie réconfortant.
Milena Michiko Flašar est née en 1980 à St Pölten. Elle a étudié la littérature comparée et la philologie germanique et romane à l'Université de Vienne. Après avoir publié des nouvelles remarquées, elle publie son premier roman, "La Cravate", qui connaît en 2012 un grand succès en Allemagne et en Autriche.
"La cravate" de M.M. Flasar est l'histoire d'une rencontre entre Taguchi Hiro, un hikikomori de 20 ans, et Ohara Tetsu, un cadre de 60 ans (surnommé "Cravate" par le premier) qui a perdu son travail et n'ose pas l'avouer à sa femme qui l'embrasse chaque matin et lui prépare son bento.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, les hikikomori sont des ados ou jeunes adultes qui se sentent accablés par la société japonaise, ont le sentiment de ne pas pouvoir accomplir leurs objectifs de vie et régissent en s'isolant de la société. Ils refusent souvent de quitter la maison de leurs parents et s'enferment parfois dans une même pièce pendant plusieurs mois voire années. Selon certaines estimations, il y aurait un million d'hikikomori au Japon, soit une personne jeune sur dix.
Pour eux, il y avait une volonté profonde d'être en marge de ce Japon contemporain obsédé par la réussite avec ses pressions sociales, ses objectifs de performances. C'était en quelque sorte leur destin.
Entre le pont-adolescent asocial et le vieux cadre licencié naît une relation amicale qui au fil de confessions intimes (mort d'un ami poète, suicides d'un camarade de classe, deuil d'un enfant..) va devenir profonde. Hiro s'attache en effet de plus en plus à "Cravate". À tel point qu'il aurait aimé grandir et faire partie intégrante de sa famille : "Le dimanche soir il n'était plus que le faible souhait d'avoir encore une fois l’opportunité de lui dire que j'aimerais être son fils."
Une belle histoire d'amitié sur fond de Japon postindustriel.
Je vous recommande aussi la lecture de "Je suis un hikikomori", un roman de Florence AUBRY (éditions Mijade) : lire ma critique sur lecteurs.com
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