Mikhaïl Alexeïevitch Kouzmine (1872-1936) fut prosateur, poète et compositeur dans la Russie du dernier tsar puis dans la jeune URSS. Ouvertement homosexuel dans la vie comme dans ses oeuvres, dandy aux yeux aussi magnétiques que la voix pour dire ses vers, selon Marina Tsvetaïeva, figure de l'in...
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Mikhaïl Alexeïevitch Kouzmine (1872-1936) fut prosateur, poète et compositeur dans la Russie du dernier tsar puis dans la jeune URSS. Ouvertement homosexuel dans la vie comme dans ses oeuvres, dandy aux yeux aussi magnétiques que la voix pour dire ses vers, selon Marina Tsvetaïeva, figure de l'intelligentsia de Saint-Pétersbourg jusqu'aux années 20, il fut contraint, comme tant d'artistes, au silence par la dictature stalinienne. Sa prose est connue en France depuis la parution de son roman Les Ailes et de quelques nouvelles. Mais le poète reste à découvrir. EO publiera en 2018 la traduction de la biographie parue en 1999, Mikhaïl Kouzmine, A life in Art, de John E. Malmstad et Nicolaï Bogomolov (Harvard University Press). La vie du poète se partage, comme tant d'autres vies, entre avant et après la Révolution d'octobre. La seconde partie, sous Staline, le réduit au silence malgré l'immense succès de sa dernière lecture publique en 1928 à Léningrad et la publication
de La Truite rompt la glace l'année suivante. Il ne mourra pas fusillé comme tant d'autres (et en particulier son dernier compagnon), mais abandonné dans un couloir d'hôpital. Les oeuvres d'Akhmatova,
Essenine, Tsvetaïeva, Blok, Maïakovski, Biély, Mandelstam et même Ivanov ont survécu à l'oubli. Il est temps de rendre justice à la poésie de Mikhaïl Kouzmine dont La Truite rompt la glace est le chant du cygne.