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Michaël Sibony, dont c'est le premier roman, nous invite à une excursion au coeur d'une majestueuse montagne, non seulement comme décor, mais comme un véritable personnage à part entière. le massif du Mont-Blanc sert de toile de fond à une histoire où se mêlent le deuil, la passion et les questionnements existentiels.
Le protagoniste, un jeune homme tourmenté par l'ombre de sa soeur non-née, "Marguerite", navigue entre souvenirs d'un être qui n'a pas pu exister, et envies de vivre pleinement, le tout amplifié par la métaphore de la montagne qui se dresse là, à la fois incroyablement belle et intimidante. Dans un ballet de sentiments, Marguerite, loin d'être un simple personnage, devient un guide, une inspiration et une force.
La plume de Michaël Sibony est raffinée et élégante, capturant l'essence des émotions tout en maintenant une certaine distance contemplative. La musique, omniprésente, enrichit cette expérience, offrant une bande-son à une vie intérieure tumultueuse. Les paroles de l'oncle Ajzik, funestes et pleines de sagesse, lancent le défi de saisir la vie comme elle vient. Une invitation à l'audace, à l'exploration de ses propres désirs, même lorsque le voyage semble incertain.
Au fil des chapitres, on est entraîné dans une montée symbolique, non seulement du Mont-Blanc, mais aussi au travers d'une introspection familiale et personnelle. La question de l'identité, nourrie par les traces laissées par un passé qui ne peut être oublié, devient le centre du roman.
La structure narrative nous fait ressentir les hauts et les bas de la vie, mimant ainsi les pentes abruptes de la montagne. À chaque avancée, le protagoniste se construit, il apprend à vivre avec sa mélancolie tout en cultivant sa passion pour cette montagne.
Cette lecture fut donc comme un voyage poétique dans laquelle chacun peut trouver un écho avec son propre vécu.
Cadeau surprise de lecteurs.com de l'été; merci ainsi qu'à l'éditeur.
Tout est dans le titre: une maman attend des jumelles et un petit garçon impatient leur donne des prénoms: Aurore et Marguerite, hélas Marguerite ne voit pas le jour et le petit garçon, même devenu adulte ne peut oublier cette petite soeur.
mont Blanc: autre obsession de l'enfant: à 5 ans, il rêve déjà d'en gravir le sommet.
Deuil et passion: Marguerite et le Mont Blanc.
J'ai aimé faire des randos en montagne mais n'ai jamais été très intéressée par les conquérants de l'impossible: les alpinistes qui mettent leur vie en danger (et celles des autres). Ici, l'ascension du Mont Blanc se fait avec Marguerite que le narrateur a un moment envie de rejoindre dans l'au delà.
Des prières et des chants en hébreu mais aussi beaucoup d'autres musiques accompagnent l'humeur du grimpeur.
Une réflexion aussi sur la fonte des glaciers.
Le tout ne m'a pas vraiment enthousiasmée.
Où il est question de montagne, d’ascension, mais aussi de gémellité et de prénoms.
Ce jeune garçon qui rêvait de prénommer sa soeur Marguerite, fait rapidement l’apprentissage de deuil et de l’art de combler les non-dits grâce à l’imagination.
A partir de ces questions fondatrices, l’auteur nous entrave sur le lieu de sa passion, la montagne et pas n’importe laquelle : le Mont-Blanc. C’est l’occasion de constater d’en constater l’altération qui s’accélère, la fonte de ses glaciers et les dangers supplémentaires d’éboulement qui en résultent. Mais le sommet reste toujours le but à atteindre, malgré la souffrance des corps pour y parvenir.
L’auteur développe des propos intéressants sur le statut des nouveaux-nés et de la part d’humanité qu’on leur octroie en fonction de leur vitalité à la naissance. Mais je n’ai pas vraiment adhéré à l’imbrication des sujets, au lien artificiel qui les relie, et ma méconnaissance de la montagne et des joies de l’escalade ne m’a pas permis d’y trouver un point d’ancrage.
192 pages Aube 5 janvier 2024
La montagnothérapie
En liant la passion pour la montagne et le deuil, Michaël Sibony retrace le parcours d'un homme qui entend soigner sa peine en gravissant les montagnes. Un roman d'une grande sensibilité, un chemin vers l'apaisement.
Tout commence par une course en montagne offerte à un garçon de cinq ans. Nous sommes au-dessus de Chamonix sur la ligne du tramway du Mont-Blanc. Dans ce cadre prestigieux le narrateur se construit des souvenirs et s'imprègne d'un climat qui le marquera toute sa vie. Il reviendra souvent explorer les sentiers, escalader l'un après l'autre les sommets environnants, jusqu’à connaître les lieux comme sa poche: «Je sais avec exactitude le cheminement des trains, et pas seulement leur destination. Je ne peux ouvrir les yeux sur un détail du paysage sans l'associer à une image, un point sur la carte, un nom: chaque grincement de rail, chaque sonnerie de barrière qui se ferme, chaque toit neigeux, chaque piste discrète qui s’évanouit dans l'ombre des conifères.… Dans ce train, mes sens me hurlent que je ne suis pas un étranger.»
Mais cette fascination pour le Mont-Blanc va vite s’accompagner de nouvelles envies. Celles de grimper dans un autre décor, puis sur un autre continent. Multiplier les courses, accumuler les expériences, apprendre et découvrir.
Au fil des ans, il va aussi assister aux effets du réchauffement climatique, au recul des glaciers, à la fragilité accrue de pentes soumises aux aléas d'une météo changeante ainsi qu'à l'exploitation touristique. Un signe aussi du dévoiement de notre rapport à la nature. Ce qui fait dire à son oncle Ajzik, lui aussi amoureux de cette région qui lui rappelle Smolensk d’où il a dû fuir, «la montagne se consume, elle aussi, dans une autre temporalité.»
Un constat qui se double d'un symbole fort, quand la montagne libère des objets perdus ou relâche des cadavres jusque-là enserrés dans la glace.
Car, comme beaucoup d'alpinistes, ce conquérant de l'inutile cherche d'abord à conjurer la mort. À commencer celle qui entoure l'histoire familiale et qui a emporté sa sœur. Il va choisir de lui donner le nom de l’une des locomotives du tramway du Mont-Blanc, Marguerite, car elle symbolise pour lui cette quête vers des sommets immaculés.
Alors se conjuguent le deuil et l'ascension, comme une manière de conjurer ce sort funeste.
Voici l'alpiniste entouré de fantômes. Dans ses ascensions, il est désormais accompagné de ceux qui ont disparu. Ces hommes et femmes qui n'auront pu eu la chance de l'oncle Ajzik.
Michaël Sibony trace avec beaucoup de sensibilité ce chemin qui combine la vie et la mort, l'exploit et la douleur, la beauté et les horreurs. Il montre combien une passion, fut-elle obsédante, peut conduire à davantage de sérénité. Pour la montagne, mais aussi pour la musique, l’autre corde à l’archet du narrateur et dont je vous laisse découvrir les beaux passages qui lui sont consacrés.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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