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Marta Barone, l’auteure, a 24 ans lorsque son père Leonardo, la soixantaine, meurt d’un cancer en 2011. Du passé de celui-ci avant sa naissance, Marta ne sait pas grand-chose, hormis qu’il a fait de la prison à la fin des années 70 mais qu’il a fini par être innocenté, en telle sorte que la jeune femme n’y avait jamais accordé beaucoup d’importance ni d’attention. Mais au décès de Leonardo, elle trouve par hasard une copie du pourvoi en cassation rédigé par l’avocat de son père en 1982, qui a permis de l’innocenter. C’est à cette occasion que Marta apprend que son père avait été condamné pour participation à une organisation terroriste, en l’occurrence Prima Linea, groupe armé d’extrême-gauche, actif en même temps que les Brigades Rouges, pendant les années de plomb en Italie.
Mais qu’entend-on par « participation », dans le contexte socio-politique de violence et de radicalisation de ces années-là ? C’est la première question d’une longue série pour Marta, qui décide de mener l’enquête, interrogeant proches et témoins, fouillant les archives des journaux, scrutant d’anciennes photos, dans l’espoir de trouver des informations qui lui permettraient de comprendre cet homme insaisissable et de reconstituer tout un pan de sa personnalité, dont elle ignorait tout.
Au fil de ses recherches, elle découvre que son père, dans cette « vie d’avant », était engagé politiquement côté extrême gauche, mais qu’il avait toujours refusé de participer à la lutte armée. L’homme était un idéaliste, pétri d’humanité, imprégné de l’utopie de l’égalité entre les hommes, qui s’est toujours tenu aux côtés (ou parmi) des ouvriers des grandes usines, exploités dans des conditions de travail et de vie épouvantables. Profondément déçu ensuite par les dérives du communisme, éprouvé par son emprisonnement, il n’avait jamais parlé de toute cela avec sa fille, d’autant plus que leurs relations, rarement complices et souvent distantes, ont toujours été compliquées.
A travers le portrait de son père, Marta Barone retrace aussi cette période sanglante de l’histoire italienne récente (d’une violence inouïe dont je n’avais pas idée). C’est aussi sa propre histoire qu’elle (ré)appréhende, elle qui pensait jusque là qu’elle s’était construite en dehors de celle de son père. Mais ces racines qu’elle explore, aussi irrémédiablement perdues et subjectivement reconstituées soient-elles, sont autant celles du père que celles de la fille.
Sur les thèmes de la mémoire, la perte, la transmission, la quête des origines et l’engagement, Marta Barone raconte avec beaucoup de talent, de pudeur et de sensibilité l’histoire d’un homme ancrée dans celle d’un pays, à l’époque de la splendeur rêvée puis de la décadence bien réelle du communisme. Un livre très intéressant et très émouvant.
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