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Je pense qu’il est devenu indispensable de rappeler aux auteurs et éditeurs le concept d’une trilogie : une saga en trois tomes. Trois tomes. Pas quatre. Trois. D’ailleurs, c’est bien ce qui est noté sur la couverture de ce troisième tome : il constitue « la conclusion de la trilogie ». La conclusion, ça veut dire que c’est terminé, achevé, bouclé … Cela veut dire qu’il n’y a plus rien à ajouter, que l’histoire est complète. Que le lecteur n’a plus à prévoir une place vide dans l’étagère pour le ou les prochains tomes : la saga est finie. Ça, c’est la théorie. Car dans la pratique, les choses sont bien différentes : vous n’imaginez même pas le nombre de trilogies qui comptent désormais … quatre tomes. Je ne sais jamais si je dois rire ou pleurer face à cette absurdité : une trilogie en quatre opus. Et surtout, je ne sais jamais si je dois m’en réjouir ou non : ce tome surnuméraire et impromptu présente-t-il un véritable intérêt ou bien n’est-il qu’un appât bourré de vide pour faire dépenser inutilement de l’argent à des lecteurs un peu trop naïf ? Pour Legend, j’ai toutefois décidé de ne pas me casser inutilement la tête : pour l’instant, aucun éditeur français n’a eu la bêtise de traduire le « quatrième tome de la trilogie », j’ai donc classé cette saga dans les sagas terminées, ainsi que l’affirme la première de couverture !
Après avoir œuvré main dans la main pour convaincre les habitants de la République de rester unis et de faire confiance à leur nouvel Primo Elector Anden, Day et June ont dû se résoudre à partir chacun de leur côté. Malgré son désintérêt profond pour les rouages hypocrites de la politique, la jeune femme a accepté la proposition du jeune chef d’état de devenir l’un de ses plus proches conseillers. Et Anden a bien besoin de soutien : la paix entre la République et les Colonies ne tient qu’à un fil, et il suffirait d’une minuscule étincelle pour rallumer le feu aux poudres … Day, quant à lui, veille farouchement sur son petit frère, qui se remet doucement des expérimentations dont il a fait l’objet, alors même que son propre état de santé ne cesse de se dégrader et que les médecins sont de moins en moins optimistes … Mais une nouvelle épidémie se déclenche au sein des Colonies, qui rejettent la faute sur la République : la guerre semble inévitable, et la République se sait impuissante face aux nouveaux alliés des Colonies. Pour étouffer le conflit dans l’œuf, une seule option : trouver un remède contre ce mystérieux virus. June se voit donc obligée de demander à Day le seul sacrifice qu’il n’est pas prêt à faire …
Alors que j’étais particulièrement mitigée vis-à-vis des deux premiers tomes, dans lesquels le meilleur côtoyait le pire, je n’ai absolument rien à rapprocher à ce dernier opus ! Il n’a en réalité suffit que d’une toute petite chose pour résoudre le problème qui ne cessait de me mettre en rogne : séparer June et Day. Ensembles, ils étaient imbuvables. Séparés, ils deviennent attachants. Huit mois ont passé depuis leur rupture à la fois du deuxième tome – rupture qui était sur le moment absolument ridicule, mais qui a au moins eu le mérite d’ouvrir la porte à une intrigue bien plus profonde. Dans cet opus, pour la première fois, les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre s’insèrent harmonieusement dans l’intrigue globale et la servent au lieu de la parasiter comme c’était le cas auparavant. Leur relation ne prend plus le dessus sur le reste, elle fait partie du tout, et ça, c’est quelque chose que j’apprécie ! Day aime June, c’est un fait irréfutable, tout comme il aime son petit frère Eden, tout comme il aime sa protégée Tess : on retrouve enfin le Day profondément dévoué aux siens, ce Day qui me plaisait tant dans le premier tome avant qu’il ne soit obnubilé que par les beaux yeux de la jeune femme. Et June aime Day, c’est irréfutable également, mais cela ne l’empêche pas de garder l’esprit clair quand il le faut, de savoir réfléchir avant d’agir comme c’était le cas quand nous l’avons rencontrée …
Et comme ils sont redevenus pleinement eux-mêmes, l’intrigue peut reprendre de plus belle. Nous aurions naïvement pu penser que, maintenant que la République avait retrouvé son unité, maintenant qu’elle n’est plus dirigée par un tyran implacable mais par un dirigeant plus équilibré, maintenant qu’un traité de paix était en négociation avec les Colonies voisines, tout allait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes pour nos jeunes héros. Mais nous sentions confusément que les choses ne pouvaient bien évidemment pas être aussi simples, et que rien n’était réellement résolu. Et bien sûr, nous nous doutions bien que, quoi qu’il arrive, June et Day allaient être au cœur du chaos, qu’ils allaient à nouveau devoir prendre des décisions difficiles, qu’ils allaient à nouveau devoir sauver tout le monde … Mais la grande différence avec les premiers tomes, c’est que désormais, ils ont l’un et l’autre quelque chose à perdre, ils ont l’un et l’autre quelque chose, ou plutôt quelqu’un, qu’ils ne sont pas prêts à sacrifier pour le bien commun. Cette fois-ci, il ne s’agit plus de leur propre vie, mais de celle de quelqu’un qui leur est cher … et ça change absolument tout. Cette fois-ci, j’ai éprouvé une réelle compassion pour ces deux jeunes gens, livrés à eux-mêmes face à des choix si cornéliens. Seuls face à ce fardeau : doivent-ils protéger égoïstement une personne aimée, quitte à condamner des milliers d’innocents ?
Car plus que jamais, nous ressentons une véritable urgence : le temps leur est compté, le compte à rebours est enclenché. A chaque heure qui passe, leur indécision coute la vie à des centaines de personnes qui n’ont absolument aucun moyen de se défendre par eux-mêmes. A chaque heure qui passe, les troupes des Colonies et de leurs alliées se rapprochent un peu plus des villes de la République : il n’y a plus de temps à perdre, il faut agir. Se met alors en place un plan tordu comme je les aime, un plan totalement désespéré, le plan de la dernière chance. J’ai trouvé ça franchement poignant de voir Day et Anden, le rebelle contre toute forme d’autorité et le chef d’état tout puissant, travailler de concert pour sauver ce qui peut encore l’être. Ça m’a pris aux tripes, cette collaboration improbable mais nécessaire : quelle belle leçon d’intelligence et d’humilité, de les voir l’un et l’autre laisser leur fierté et leurs différents de côté pour le bien de tous ! Et à partir de ce moment-là, mon cœur n’a plus cessé de s’emballer : on va de rebondissements en rebondissements, de retournements de situation en retournements de situation. A chaque fois que les choses semblent s’arranger, quelque chose vient tout remettre en question, tout fragiliser à nouveau. Et on retient notre souffle, on tremble d’effroi et d’inquiétude, on souffle de soulagement parfois … Et quand arrive la fin, on pleure toutes les larmes de notre corps, c’est audacieux, déchirant mais excellent, et l’épilogue est vraiment sublime !
En bref, vous l’aurez bien compris, ce troisième tome remonte à lui seul le niveau de toute la trilogie et nous offre un final en apothéose comme seule la littérature jeunesse sait le faire ! C’est vraiment un roman qui a su me faire passer par absolument toutes les gammes d’émotions, un roman qui a su trouver le juste équilibre entre l’action pure et un côté plus psychologique … La tension dramatique monte crescendo, pour mieux happer le lecteur qui ne se rend même plus compte qu’il est en train de tourner compulsivement les pages, de retenir son souffle à chaque fois que tout semble définitivement perdu. Alors bien sûr, certains reprocheront sans doute à cette saga de se terminer sur ce qu’ils considéreront être une happy-end à la Disney, mais les choses sont en réalité bien plus nuancées que cela … en réalité, même si les toutes dernières lignes du roman sont effectivement fort « optimistes », je trouve qu’on reste tout de même sur une fin douce-amère, où l’on se rend compte qu’il y a toujours un prix à payer pour une victoire, qu’il faut toujours être prêt à tout perdre quand on veut tout gagner … En tout cas, deux choses sont sûres et certaines : je ne peux que vous encourager à lire cette trilogie même si les deux premiers tomes ont quelques défauts, et surtout, il n’y a absolument pas besoin d’un quatrième tome, c’est tellement plus beau de laisser le lecteur s’imaginer lui-même la suite, sa suite !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2021/10/legend-tome-3-champion-marie-lu.html
Il faut être pris pour être appris, dit-on … Une chose est sûre et certaine : je ne réitérerai plus les erreurs de cette année 2021. C’est-à-dire que je ne m’inscrirai plus à des dizaines de lectures communes portant sur des tomes de sagas et que je ne céderai plus aveuglément à toutes les propositions de services presse que me font les auteurs, afin d’avoir un peu plus de latitude pour faire face aux imprévus. En effet, cette année, pour réussir à honorer tous ces engagements dans les temps, il m’a fallu établir mon programme de lecture avec trois voire quatre mois d’avance, au jour prêt … Un vrai casse-tête pour réussir à faire coïncider le tout, et cela d’autant plus que je n’avais pas toutes les cartes en main : j’avais beau savoir que mes partiels auraient lieu à la fin du mois de juin, je n’avais pas les dates exactes, et bien sûr, le moment venu, cela s’est avéré totalement incompatible avec ce beau planning littéraire savamment ajusté … Au stress des épreuves s’est donc ajouté celui de ne pas réussir à lire à temps tel ou tel roman, celui de ne pas pouvoir chroniquer à temps tel ou tel service presse. Et quand je stresse, je ne profite plus de mes lectures … Ce deuxième opus n’a pas eu de chance, il s’est retrouvé pris au beau milieu des tourmentes universitaires !
En sauvant Day de l’exécution, June, l’enfant prodige, est devenue à son tour l’une des personnes les plus recherchées de la République. Embarqués clandestinement dans un train de marchandise, les deux jeunes gens n’ont désormais plus qu’une seule chance de s’en sortir : rejoindre les Patriotes, ces rebelles qui sont prêts à tout pour faire tomber le gouvernement et faire renaitre les anciens Etats Unis d’Amérique … Tiraillée entre son envie d’aider le jeune homme à retrouver ceux qui lui sont chers – la petite Tess qu’il a recueillie dans la rue et son jeune frère Eden tombé entre les mains de la République –, sa méfiance viscérale envers le leader du mouvement rebelle et les reliquats de sa loyauté envers le système qui l’a vu grandir, June ne sait plus ce qu’elle est supposée faire … Day, lui aussi, ne sait plus où donner de la tête : à qui doit-il, à qui peut-il accorder sa confiance ? A Tess, sa plus fidèle amie et alliée, qu’il connait depuis des années et qui a toujours été de bons conseils, ou bien à June, cette jeune fille qu’il ne connait que depuis quelques semaines, qui est à l’origine de son arrestation et de la mort de sa mère et de son ainé, mais qu’il ne peut s’empêcher d’aimer et de croire ?
A vrai dire, je suis tout aussi mitigée vis-à-vis de ce deuxième tome que vis-à-vis du premier. Sur certains points, il est bon, et même clairement meilleur que le premier : il y a bien plus d’actions, bien plus de rebondissements, bien plus de révélations, on sent que l’autrice a tenté d’ajouter de la profondeur à ses personnages …. Mais de l’autre, on retrouve le même gros travers du premier tome, en plus insupportable encore : cette romance atrocement dégoulinante, plus pénible encore à cause du double triangle amoureux qui se met fort peu subtilement en place. Et c’est encore pire qu’avant, car à cause de cette intrigue pseudo-romantique, le caractère de nos héros se voit totalement mutilé … Envolé, le Day chevaleresque et indocile, taquin et indépendant, envolée, la June rationnelle et décidée, audacieuse et indépendante : ils ne sont plus que deux pantins contrôlés par leurs hormones, deux coquilles vides tout juste bonnes à hésiter entre deux attirances. Je ne parle même pas de Tess, que je trouvais géniale dans le premier tome, par sa douceur, son attention, son dévouement, et qui ressemble désormais à une tigresse jalouse qui veut se taper son frère adoptif. Ce n’est pas dans mes habitudes d’utiliser ce genre de vocabulaire, mais c’est pour bien mettre en valeur à quel point c’est … épouvantable, de dénaturer ainsi la personnalité des personnages pour servir une romance malsaine et inutile.
Malgré tout, comme pour le premier tome, lorsque j’arrivais à prendre du recul et à ne pas me laisser submergée par l’agacement de plus en plus profond que ces atermoiements « amoureux » faisaient naitre en moi, je ne peux clairement pas nier qu’il y a du bon dans cette dystopie. Jusqu’à présent, nous ne savions pas grand-chose des fondements de la République, des causes du conflit avec les Colonies, ni même des revendications des Patriotes : la première était présentée comme la seule garante de la sécurité, les deux autres comme de terribles ennemis désirant plonger le pays dans le chaos. Mais maintenant que Day et June se sont « définitivement » arrachés à l’influence de la République, maintenant qu’ils sont passés « de l’autre côté du miroir », nous en apprenons un peu plus. Nous découvrons comment la montée des eaux due au réchauffement climatique, l’afflux des réfugiés et l’amaigrissement des ressources naturelles ont plongé les anciens Etats Unis d’Amérique dans le chaos le plus total, comment un jeune officier de l’armée a décidé de « pacifier » le pays en fermant les frontières et en donnant les pleins pouvoirs à l’armée, comment ceux de « l’extérieur » se sont associés pour créer les Colonies et tenter de reconquérir ces territoires … On reste dans un schéma post-apocalyptique plutôt classique, simple, mais efficace car parfaitement crédible.
De même, toutes les autres révélations qui parsèment le récit, si elles peuvent parfois sembler fort clichées et prévisibles, n’en restent pas moins parfaitement cohérentes, parfaitement réalistes. L’exemple le plus marquant, celui que je trouve personnellement le plus intéressant dans ce récit, c’est bien celui des Colonies. Pour Day, les Colonies sont synonymes de liberté, de justice, d’égalité … de tout ce qui n’existe pas au sein de la République. Mais il va rapidement comprendre que la vérité est loin d’être aussi reluisante, aussi lumineuse, aussi belle que ce qu’il imaginait au plus profond de sa misère : aucun système n’est parfait, aucune utopie n’est réelle. Et on en vient à se demander si le meilleur ne vaut pas le pire : d’un côté, la tyrannie militaire, de l’autre, la tyrannie économique, ou si vous n’avez pas réglé votre dû au poste de police du quartier, personne ne viendra vous secourir si un malfrat s’en prend à vous … Deux oppressions différentes au premier abord, mais elles sont l’une comme l’autre pétries d’injustices, de cruauté, d’inhumanité. Comme toute bonne dystopie qui se respecte, celle-ci aime donc jouer avec l’ambiguïté entre le bien et le mal, sur l’équilibre fort instable entre la recherche du bien commun et la mise en place d’une dictature. Comme dans toute bonne dystopie qui se respecte, les héros et le lecteur ne savent plus à qui se fier, car on ne peut jamais savoir qui est digne de confiance …
En bref, vous l’aurez bien compris, je reste plutôt mitigée vis-à-vis de ce tome. D’un côté, c’est une très bonne dystopie, qui respecte scrupuleusement les codes du genre, et même si cela rend certaines « révélations » et certains retournements de situations fort prévisibles, on ne peut que se laisser embarquer par cette histoire pleine d’action, où rien ni personne n’est jamais ce qu’il semble être … Mais de l’autre, il y a toujours cette fameuse romance, celle qui vient parasiter toute l’intrigue, la phagocyter tant et si bien qu’on n’a plus qu’une seule envie au bout d’une petite centaine de pages, c’est baffer June, Day et même Tess dans l’espoir qu’ils redeviennent eux-mêmes et qu’on puisse reprendre le cours de l’intrigue principale, celle qu’on venait chercher en ouvrant une dystopie. C’est d’autant plus dommage que l’histoire, justement, prend au fil du temps un tournant parfaitement inattendu, assez rare sur le coup en dystopie, que j’ai donc vraiment très envie de savoir comment tout ceci va bien pouvoir évoluer … mais que j’ai terriblement peur que tout soit gâché par ce double triangle amoureux totalement ridicule. Je vais donc croiser les doigts pour que cet atroce travers soit corrigé dans le troisième tome, pour finir en beauté cette trilogie (qui a parait-il gagné un quatrième tome en anglais, ce qui reste assez étrange pour une trilogie) !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2021/09/legend-tome-2-prodigy-marie-lu.html
Petit conseil bien avisé : ne jamais me lâcher dans une bourse aux livres, surtout si vous espérez y trouver vous-même quelques livres à vous mettre sous la dent. En l’espace d’un petit quart d’heure, je suis capable de dévaliser totalement les rayonnages « jeunesse », « young adult » et « SFFF », trainant derrière moi deux énormes sacs de courses remplis à ras bord et trois fois plus lourds que moi (car les livres, ça pèse) … Autant vous dire que les organisateurs de la bourse aux livres annuelle de mon ancienne vallée m’aimaient autant qu’ils me détestaient : d’un côté, je faisais rentrer des tas de petits sous dans la caisse et débarrassais les vendeurs d’une bonne partie de leurs livres, mais de l’autre, il fallait me réserver une caisse à moi toute-seule et prévoir du temps pour venir à bout de toutes mes emplettes ! Mais aussi, comment résister à des livres en parfait état à 50 centimes ? Dans certains cas, ils étaient même en meilleur état que lorsque je les achète neuf en librairie, pour tout dire ! C’est le cas de la trilogie Legend : 1€50 pour le lot de trois romans immaculés, semblant sortir tout droit de l’imprimerie ! Si ça, c’est pas de la bonne affaire, faut me dire ce que c’est !
En dépit de ses très nombreuses incartades, June est la petite fierté de la République : elle est la seule à avoir obtenue un sans-faute à l’Examen, est entrée dans la plus prestigieuse université du pays à douze ans au lieu de seize, a sauté la deuxième année et continue à avoir des notes outrageusement mirobolantes … Bien déterminée à servir son pays, la jeune fille sait qu’un brillant avenir l’attend dans les hauts rangs de l’armée. Mais tout bascule le jour où son frère ainé, la dernière famille qui lui reste depuis la mort de leurs parents, est tué au cours d’une banale mission de surveillance à l’hôpital. Chargée de l’enquête, June se met en chasse : elle traque Day, le criminel le plus recherché et le plus insaisissable de tout le pays. En réalité, nul ne sait vraiment à quoi ressemble ce fameux Day dont June admire secrètement les exploits sportifs, mais tout le monde sait quels sont ses crimes : incendie, vol, destruction de matériel militaire, entrave à l’effort de guerre contre les Colonies … Tandis que l’adolescente avide de vengeance se jette à ses trousses, Day n’a quant à lui qu’une seule idée en tête : il doit à tout prix se procurer des remèdes pour son petit frère avant qu’il ne soit emporté par l’épidémie qui décime chaque année les habitants des bas quartiers …
Je pense que j’aurai beaucoup plus apprécié ce livre si je n’avais pas lu auparavant un si grand nombre de dystopies young-adult … En effet, ce n’est pas un mauvais roman dans l’absolu, mais il est tellement « classique » pour ne pas dire « banal » voire « cliché » qu’il m’a laissé ce petit arrière-gout de « déjà vu et revu des dizaines de fois ». Prenez les deux protagonistes : d’un côté, vous avez la jeune fille surdouée issue des milieux aisés, patriote endoctrinée jusqu’au bout des ongles, prête à donner sa vie pour servir son pays, et de l’autre, vous avez le rebelle mystérieux, né dans les quartiers pauvres, défenseur de la veuve et de l’orphelin … Je suis sûre que vous aussi, rien qu’en lisant ça, vous vous doutez déjà que ça va se terminer en romance complétement improbable et rocambolesque. Et c’est vraiment, à mes yeux, le plus gros défaut de cette histoire : d’avoir sombré dans cette mouvance absolument ridicule de faire systématiquement tomber amoureux deux adolescents que tout oppose, et surtout que tout destinait à se haïr pour ne pas dire s’entretuer. Mais vous comprenez, June est si belle que Day « en oublie tout le reste », et June n’a « jamais rencontré quelqu’un d’aussi beau » que Day … non mais pitié, pas ça, ils me semblaient tous les deux assez intelligents et réfléchis pour ne pas devenir gaga à la vue de l’autre !
Mais si on excepte cet énorme défaut, le reste est plutôt fort sympathique. Le contexte n’est qu’esquisser, décrit suffisamment pour que le lecteur ne se sente pas perdu, mais suffisamment peu pour maintenir un peu de mystère et d’incertitude … Nous comprenons rapidement que la « République » est un régime militaire et totalitaire qui se défend de l’être, que l’épidémie touche les plus pauvres alors que les riches reçoivent un vaccin chaque année, que les Colonies et les Patriotes sont les ennemis jurés de la République … Nous ne savons pas comment ni pourquoi les Etats Unis d’Amérique ont cédé leur place à cette République, nous ne savons pas vraiment comment est apparu cette épidémie et même ses symptômes précis, nous ne savons pas l’idéologie des Colonies ni même la philosophie des Patriotes … Nous savons juste que June fait partie de la fine fleur de la République et que Day fait partie des hors-la-loi qui s’opposent à cette même République. Cela peut sembler frustrant, au premier abord, de n’avoir que si peu d’informations, d’explications, mais c’est finalement fort efficace : notre attention ne se porte que plus naturellement encore sur nos deux jeunes héros, qui malgré un manque frappant de défauts n’en restent pas moins particulièrement attachants.
Et cela d’autant plus que, d’une certaine façon, ils sont tous les deux victimes. C’est très flagrant pour Day, qui a eu la malchance de naitre au mauvais endroit, « là où pullulent les mauvais gènes », qui n’a jamais su faire profil bas et rentrer dans le moule pour ne pas s’attirer d’ennui … On ne peut qu’avoir de la peine pour ce jeune homme qui a dû se résoudre à changer d’identité, à laisser sa famille croire qu’il est mort, à les observer de loin sans pouvoir les aider, mais qui, malgré tout ce qu’il a vécu, prend sous son aile une petite orpheline myope comme une taupe, sort du guêpier une jeune fille dont il ne connait absolument rien … Il fait certes un peu trop « Robin des bois », mais ce petit côté chevaleresque le rend finalement fort sympathique aux yeux du lecteur. Et en face de lui, nous avons June. Au début, on ne peut que la trouver tout bonnement insupportable, cette adolescente privilégiée, qui prend tout le monde de haut car elle est plus intelligente et plus douée que la moyenne. Mais il y a un petit quelque chose qui la rend profondément humaine et particulièrement émouvante : c’est son amour pour son frère ainé, et cette tristesse qui la ravage à la mort de ce dernier. Et même si cette souffrance se transforme en colère, même si cela va la pousser à faire des choses terribles qui vont faire souffrir d’autres personnes, on ne peut que compatir à sa peine …
Surtout que, comme on peut s’en douter lorsqu’on débute une dystopie, et comme on le soupçonne assez rapidement, June va découvrir que les choses sont rarement telles qu’elles semblent l’être, que les choses sont rarement aussi manichéennes (d’un côté le bien et les gentils, de l’autre le mal et les méchants) que ce qu’on a toujours voulu lui faire croire. Si certaines « découvertes » et « révélations » sont quelque peu évidentes et donc très prévisibles, si ce n’est pas sur le fond que le lecteur est surpris, c’est par la forme : j’ai beaucoup apprécié comment June, doucement, va se rendre compte que les choses sont beaucoup plus complexes, et qu’elle ne doit plus croire aveuglément tout ce qu’elle considérait comme absolument acquis. C’est quelque chose que j’aime beaucoup chez June : elle est certes surdouée, elle est certes intelligente, mais elle n’en reste pas moins assez naïve, assez innocente finalement. Et même si certains trouveront sans doute qu’elle est trop candide, je trouve cela très touchant, parce que ça montre bien qu’au fond d’elle, elle est douce et gentille, puisqu’elle ne soupçonne jamais le mal, le mensonge, chez autrui. Et c’est ce que j’ai trouvé le plus intéressant, finalement, voir comment June va doucement se rapprocher de la vérité que l’on devine au bout du tunnel …
En bref, vous l’aurez bien compris, ce que je reproche à ce premier tome, c’est vraiment d’être tombé dans les pires travers de la dystopie young adult avec cette romance tirée par les cheveux … Mais pour le reste, j’ai plutôt bien aimé, car même si un bon nombre de révélations restent très prévisibles pour le lecteur familier du genre, c’est suffisamment bien écrit pour que l’on se laisse totalement prendre au jeu. J’aime énormément l’alternance de points de vue entre les chapitres, j’aime aussi beaucoup le fait que ces-dits chapitres soient très courts : on est vraiment dans un récit très dynamique, très rythmé. Il n’y a aucun temps mort, aucune longueur, bien au contraire, on pourrait même trouver que tout va un tantinet trop vite, que les choses se dénouent bien trop rapidement … On aurait finalement apprécié que le récit compte une petite centaine de pages supplémentaires pour mieux poser les choses, mieux les approfondir, car on reste dans quelque chose d’assez superficiel, sans doute parce qu’il s’agit plus d’une introduction que de l’histoire à proprement parler … Affaire à suivre, mais une chose est sûre, j’ai justement très envie de découvrir la suite, donc c’est que l’affaire est gagnée pour l’autrice malgré ces quelques détails un petit peu dérangeants !
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" Conor. La fin de notre ère approche. On a besoin de toi."
Toutes les nuits, Conor fait le même rêve qui commence toujours de la même façon.
Des écailles noires, un rugissement de gorille, un éclair de lumière, de la poussière, de l'herbe, une ramure aux bois entrelacés, une bataille, une falaise...
Les romans de la série Animal Tatoo sont un bon voyage en bonne compagnie pour la jeunesse (mais pas que pour la jeunesse).
L'auteure Américaine Marie Lu a écrit aussi les séries « Legend » et « Young Elites ».
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