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Un très bon polar
Fin de la trilogie. Cooper a passé sa vie à combattre, les brillants, puis l’injustice. Il a tout sacrifié pour ses enfants et son pays. Celui-ci est au bord du gouffre. Face à Cooper, John Smith est plus déterminé que jamais prêt à sacrifier l’avenir de l’humanité pour arriver à ses fins. Aux côtés de Nick, Natalie et Shannon, les femmes de sa vie et l’heure du choix.
Le tome 2 poussait vers une guerre civile inévitable. Il faut bien se rendre à l’évidence, Nick a échoué. Car maintenant que la Maison-Blanche n’est plus qu’un tas de ruines, une milice armée jusqu’aux dents et assoiffée de vengeance assiège la nouvelle Canaan en plein cœur du Wyoming et les « normaux » s’en prennent à tous les « anormaux » qui n’ont pas fuis ou ne se sont pas réfugiés dans des camps d’internement tel que le Madison Square Garden. Le tome 3 s’ouvre sur un futur qui sent le désastre et la tragédie du genre humain. D’autant qu’un chercheur de génie détient un procédé qui pourrait bien encore bouleverser l’ordre des choses. Nick n’a plus le choix. Il doit aller jusqu’au bout dans un monde où la confiance se fait rare, où la manipulation règne en maitresse.
En lettres de feu signe la fin remarquable d’une trilogie captivante où l’on se plait à courir sans cesse d’une page à l’autre. Dans un savant mélange de Thriller (à n’en pas douter s’en est un très bon) de roman d’action et de suspense, Marcus Sakey distille une dose d’anticipation. Il enchaine les rebondissements et maitrise complétement son œuvre. En lettres de feu s’avale jusqu’à la dernière ligne avec un véritable plaisir, sans une once d’ennui, ni de gore. Dernière ligne car vous serez emporté par ce final.
Mais comme pour les 2 précédents tomes, Marcus Sakey s’attache aussi à poser un certain nombre de réflexions sur le pouvoir, ceux qui le détiennent et ceux qui veulent à tout prix l’obtenir et donc aux moyens mis en œuvre, qu’ils soient militaires, politiques, ou médiatiques pour se faire. La peur de l’autre et le repli sur soi des masses populaires, la désignation d’une communauté en tant que bouc émissaire pour forger sa propre communauté autour d’un axe aussi malveillant qu’efficace, le terrorisme aveugle ou contrôlé, sont des éléments qui peuplent ces romans et donnent un angle de lecture intéressant. Car Les Brillants, s’étale dans le monde d’aujourd’hui. Mais parmi tout cela, Sakey sait aussi mettre en exergue le juste face aux autres. Le juste avec sa solitude, ses doutes, sa force, ses conflits intérieurs et ses craintes. Car dans ce monde, par-delà la violence, les atrocités et la barbarie, certains sont prêts à tout pour un idéal commun, le vivre ensemble. Suivre Nick Cooper dans son balai téméraire et intrépide fut une suite de très bons moments. Soyez audacieux, frottez-vous à ces diaboliques thrillers. Soyez brillants.
Encore une trilogie qui se termine…
Une nouvelle fois orpheline! C’est fou ce qu’on peut s’attacher à une histoire, à des personnages!
Dire que j’ai aimé est un doux euphémisme!
Tout d’abord, un rapide résumé:
Depuis l’année 1980, 1 % de la population naît avec des dons hors du commun. On les appelle les Brillants. La science se penche sur ce phénomène car les gens normaux ont peur, peur que cette minorité veuille prendre le pouvoir.
Alors le gouvernement des States les traque pour les canaliser, les analyser, circoncire leurs pouvoirs.
Alors un groupuscule mené par John Smith a décidé de se défendre… par le terrorisme. Quand d’autres Brillants donnent naissance à la nouvelle Canaan, une communauté pacifique et pacifiste mais pas sans moyen de défense.
Quelle issue se profile quand la guerre est déclarée?
La solution réside-t-elle dans les travaux du Professeur Couzen, qui a découvert comment rendre chacun brillant?
Comme je l’avais relevé pour les deux précédents tomes, Les Brillants et Un monde meilleur, la lecture est à plusieurs niveaux. Soit on ne voit dans cette trilogie qu’un nerveux thriller fantastique, soit on gratte la surface et on réfléchit sur notre société actuelle.
En introduisant le caractère fantastique dans ce thriller, toute polémique est absente. La minorité ciblée se démarque par des dons extraordinaires: aucune connotation religieuse, politique, culturelle. Donc pas de polémique possible sur quelque chose qui a priori n’existe pas encore aujourd’hui, c’est du fantastique, chacun se sent concerné.
Nous ne sommes pas des ermites, nous savons les discordes qui agitent notre monde, nous pleurons les victimes des attentats, nous rageons devant chaque explosion de terreur et de violence, nous élevons la voix devant chaque mensonge éhonté de nos dirigeants. Et l’aspect fantastique de ce roman est un tremplin pour que le lecteur se questionne.
Se questionne sur les pouvoirs politiques qui décident pour tout un peuple et leurs guéguerres intestines, de la manipulation des masses populaires, sur les fondements d’une vie tous ensemble ou l’intolérance extrême, sur la légitimation des conflits, sur la naissance d’une guerre civile ou la mise en œuvre d’un génocide.
L’iniquité est la source de tous les maux. L’Homme est par essence envieux et jaloux. Il est aussi intolérant devant la différence. Et il cherchera à s’approprier par tous les moyens ce qu’il lui manque et ce que l’autre a. Que ce soit la terre, la richesse, le pouvoir… Ne pas y accéder est ressenti comme une injustice. Il est donc logique de la gommer. Par tous les moyens.
Avec Un monde meilleur, nous avions laissé un pays au bord de la guerre civile. Entre un terroriste extrémiste et ses adeptes, John Smith, la présidence des States gangrenée par des appétits égotiques voraces et la naissance d’une enclave, la nouvelle Canaan, censée être un havre de paix pour cette minorité persécutée, la paix est impossible.
Avec En lettres de feu, c’est un présent sombre et sans espoir qui happe le lecteur dès les premières pages. On ne voit pas de solution car chacun est tellement persuadé d’agir selon son bon droit que tout compromis est exclu, surtout quand les informations transmises à Madame la Présidente sont tronquées et erronées.
L’auteur nous pousse dans nos retranchements et dans l’aspect le plus sombre de notre esprit. En effet, devant les morts innocentes et injustes d’attentats, qui n’aurait pas envie de se venger aveuglement? Vous savez, le « œil pour œil et dent pour dent » qui fait couler le sang sans fin?
Et celui qu’on traque et dont on veut l’élimination quand son seul tort est d’être différent n’est-il pas en droit de se défendre, de se regrouper avec ceux qui lui ressemblent et souhaiter un monde meilleur loin des agresseurs?
Et quand on est parents, existe-t-il une limite à ne pas franchir pour les protéger?
Ce sont des réflexions qui m’ont accompagnée tout au long de ma lecture mais ne vous y trompez pas, ce final est nerveux et sanglant, basé sur l’action. L’action de John Smith qui veut en finir avec les gens normaux pour assurer la suprématie des Brillants, l’action d’un gouvernement totalement désarmé devant le chaos ambiant, l’action de la populace qui décide de se faire justice elle-même quitte à se planquer derrière un bouclier humain constitué d’enfants.
Action mais aussi stratégie: militaire pour le siège de la nouvelle Canaan, mensonge destiné à tromper les plus hautes instances de l’État ou encore torture psychologique pour amener un prisonnier à parler. Ce sont les armes qui parlent mais aussi l’intelligence des meneurs qui envisage le monde comme un échiquier et les êtres humains, Brillants ou normaux, pour des pions. Et ces meneurs ont toujours plusieurs coups d’avance sur le commun des mortels, instruments de l’ambition d’une élite.
Nick Cooper doit protéger sa famille, son pays. C’est un Brillant mais avant tout un homme qui souhaite une vie tranquille, sereine et simple. On ne dirait pas à le voir courir sans cesse, intrépide et volontaire! À travers lui, nous vivons son chaos intérieur, son désespoir devant une situation inextricable et sa loyauté mise à mal. Nous sommes face à la guerre dans son absurdité la plus totale, dans son apothéose de violence et d’aveuglement. Et s’il n’est pas le seul personnage déterminant de cette trilogie, c’est lui qui synthétise le mieux tous les sentiments ambivalents qui agitent le lecteur. C’est aussi l’image du héros par excellente: bon père, patriote, juste, qui se sert de sa cervelle mais aussi de ses muscles!
Ce final est apocalyptique! Les scènes de guérillas urbaines sont atrocement réalistes, tout comme les combats rapprochés. Le rythme est haletant, le suspens vous prend épouvantablement à la gorge et les rebondissements vous laissent épuisés au coin de la rue!
Cette trilogie est une réussite! Honnêtement, aucun bémol à relever. Un régal du début à la fin, trois tomes très bien équilibrés, sans temps mort et un talent fou pour aborder des thèmes graves et contemporains sous couvert de ce qui n’existe pas (encore…)!
Je conseille à 200%, bien évidemment! Mais pourquoi? Pourquoi autant de haine en écrivant le mot « FIN »?
Je suis orpheline alors Môssieur Marcus Sakey, j’attends avec impatience vos prochains écrits!
Michael et Jason sont frères.
Jason s’est engagé sous les drapeaux pour combattre à l’étranger, loin de son pays. Il est soldat.
Michael combat la gangrène mafieuse de son quartier, quartier pauvre dans le South Side de Chicago. Il est père.
Quand Jason se perd entre femmes et alcool comme exutoire pour oublier les horreurs de la guerre, à son retour de Bagdad, Michael élève seul son fils et se rallie à ceux qui veulent éradiquer la corruption et l’influence des gangs.
Et quand Michael est tué dans l’incendie de son bar, Jason va reprendre les armes pour obtenir justice, replonger dans les horreurs d’une autre guerre.
Se rabaissera-t-il à la violence que la vengeance lui inspire ou obtiendra-t-il gain de cause sans qu’une goutte de sang ne coule? Saura-t-il être digne de l’amour de Billy, son neveu qui n’a plus que lui au monde, ou cédera-t-il à ses démons intérieurs?
Elena Cruz, flic en disgrâce, va se placer sur son chemin car elle aussi a des comptes à régler, des choses à prouver. Sera-t-elle un obstacle ou une alliée précieuse?
Il n’y a pas à dire… la plume de cet auteur me chatouille systématiquement le neurone!
Pourquoi?
Parce qu’il écrit à divers degrés: il ne se contente pas d’échafauder une excellente intrigue, il l’enrichit d’une certaine étude sociologique qui pousse le lecteur à se questionner, à effectuer une introspection et à s’ouvrir à d’autres horizons.
Les romans de Marcus Sakey ont tous ce point en commun: ce mélange de récréatif et d’instructif.
Instructif car l’auteur ne se contente pas de brosser un tableau, d’instaurer un décor et d’y planter quelques personnages! Il analyse le contexte qui est un élément primordial de l’intrigue: quand on arrive dans le South Side de Chicago, ce n’est pas qu’une image, on le respire, on le transpire, on le vit. Et le temps d’un roman, on aborde les véritables problèmes de ces quartiers, de ces gangs de gamins qui dépassent rarement la vingtaine, on les comprend et on les regarde avec un oeil neuf. Notre vision d’une tranche de la population américaine s’en trouve durablement transformée, longtemps après avoir refermé le bouquin.
Récréatif car nous sommes entraînés dans un thriller ultra rythmé, fort en rebondissements et revirements de situation. L’intrigue est riche, sans concession, se tissant au fil des pages jusqu’au paroxysme du suspens et s’effilochant doucement vers les ultimes révélations.
C’est un roman d’action, de violence, d’affrontements, de vices et de corruption, de courses-poursuites, de traques et de dangers.
Les descriptions sont très précises et visuelles. C’est une immersion totale! Il ne manque plus que l’odeur de la poudre!
Et mon étonnement n’a guère été grand quand, lors d’une petite recherche sur l’auteur, j’ai appris que les trois thrillers en date (Désaxé, Seulement les morts et Des gens bien) étaient l’objet d’adaptations cinématographiques.
L’action, l’adrénaline et la violence ne suffisent pas à me faire adorer cet auteur!
Dans Seulement les morts, la psyché des personnages est passionnante: on aborde l’état d’esprit de l’homme qui est un soldat, doit servir la cause de son pays mais doit composer également avec son tempérament. Jason n’en sort pas indemne, se noie un temps dans l’alcool et le sexe. Pour oublier. C’est la sensibilité masculine qui est mise à l’honneur, entre les impulsions de violence aveugle et l’honneur.
C’est aussi l’homme qui devient père et cesse de penser à son nombril pour essayer d’offrir un avenir et un monde meilleur à son enfant. Michael se lance dans un combat au quotidien et prend des risques, trop de risques, pour affronter la décadence ambiante de son quartier.
Nous avons aussi la touche féminine avec Elena Cruzz, femme dans un métier majoritairement masculin, en butte avec le mépris, la condescendance et les vices de ses pairs. Elle représente la Loi, est en première ligne dans les affrontements inter-raciaux et les drames quotidiens, doit se préserver, se battre davantage pour construire sa carrière, et assumer son statut de policier et de femme.
Et puis nous avons tous les personnages dits « secondaires »: les flics corrompus, les politiciens, les membres de gangs, les membres de gangs repentis, ceux que la misère sociale pousse lentement mais sûrement dans la délinquance et le trafic, ceux qui choisissent le sang et le meurtre tout comme ceux qui nourrissent vaille que vaille l’espoir d’un jour meilleur, d’une éthique saine, d’un lendemain apaisé et heureux.
Arrêtez-moi sinon je continue sur des pages et des pages!
Vous l’aurez compris: j’adore Marcus Sakey. Ses romans sont un savant dosage d’émotions, d’actions, d’intrigues et de suspens. Jamais d’excès.
Vivement le prochain!
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